Boomerang (terminé)

Chapitre 31

PDV Rolo

Je sens la main de Dany posée sur mon épaule, alors que je fixe cet enfoiré de Gab, qui affiche un petit sourire en coin. J'ai qu'une envie : lui défoncer sa gueule, tout comme il aime le faire sur Caro.

— Cette petite chienne a fugué après sa dérouillée, ajoute-t-il pour me pousser à bout.

— Enfoiré ! grognè-je, en me lançant sur lui.

Dany s'interpose entre nous et me repousse violent, mais je le vois se retourner et fracasser d'un uppercut la tronche d'un des deux potes de Gab, qui s'étaient eux aussi interposés. Le deuxième connard frappe Dany, alors j'interviens à grands coups de poing dans sa gueule d'enculé.

Gab se marre en voyant la scène. Ce fumier savoure le moment et comme toujours, il ne prend jamais le risque de se mettre dans la lumière.

Des types de la sécurité nous séparent et sont prêts à appeler les flics, mais Dany me tire en arrière, je l'entends dire « c'est bon, on s'en va ! ».

Dany me traîne dans le couloir, j'ai les nerfs, je refuse de laisser Caro, mais j'ai pas l'choix. Le pire c'est que Gab l'a encore retrouvée et qu'elle n'aura pas le choix de rentrer avec lui, cette fois encore.

Gab nous fait un petit geste d'adieu de la main pour se foutre de notre gueule. Dany me tire plus fort pour me faire avancer plus vite, mais lui comme moi voyons Gab tendre son index dans notre direction, cet avertissement silencieux est d'une évidence criante.

Je suis tellement frustré par cette putain de situation, que sur le parking je pousse Dany plusieurs fois. Il me laisse faire sans rien dire.

— Putain, hurlè-je. Pourquoi tu t'en es mêlé ?

— T'aurais cogné Gab si j'étais pas intervenu, répond-il, en me désignant le bâtiment de la main.

— Rien à foutre, objectè-je, en le poussant plus fort.

— Défoncer la tronche de ses sous-fifres c'est rien pour Gab, en revanche s'en prendre à lui c'est lui déclarer la guerre. Tu sais comment il est, il n'hésitera pas à se servir de Caro pour t'atteindre.

— Tu veux que j'la laisse avec lui, hurlè-je.

J'ai qu'une envie : frapper mon frangin.

— On n'a pas l'choix pour le moment, soupire Dany. Mais j'te l'ai dit, on va trouver un moyen d'acheter la liberté de Caro.

— Il la laissera pas partir, surtout si on veut un arrangement dans son trafic !

Je me prends la tête à deux mains et fixe mon frangin :

— On est dans la merde, Dany !

Dany s'approche de moi et pose ses mains autour de mon cou pour me forcer à me calmer et à le regarder (on est amochés tous les deux, mais on a connu pire) :

— Rolo, on peut y arriver, mais faut se montrer plus malins que lui, tu comprends ?

— Ouais... ouais ! soufflè-je.

— Fais-moi confiance d'accord, insiste-t-il.

— Dany, si ça marche pas, il nous buttera tous les deux, tu l'sais pas vrai !

— Ça n'arrivera pas ! m'affirme-t-il, en soutenant mon regard. Allez, on va chez moi ! m'ordonne-t-il.

— J'te conduis ? demandè-je, en voyant qu'il a laissé son casque à l'intérieur.

— Pas moyen que j'laisse mon p'tit bijou dormir sur ce parking pourri, sourit-il.

Dany enfourche sa bécane et met le contact, le moteur gronde puis ronronne. Dany me fait un signe de tête, il attend de moi que je le suive, alors je monte en voiture et nous roulons ensemble, comme nous l'avons toujours fait...