♾ CHAPITRE 78 ♾

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Les agents de l'organisation secrète s'apprêtent à entrer dans son restaurant. Décidément, on ne peut pas venir manger tranquillement sans être interrompus. Les garçons nous font passer par la sortie dissimuler du vieux monsieur, puis ils nous font grimper à toute vitesse en voiture. Je monte avec William, alors que les filles vont avec Ben et Caleb. Ouf, ils ne nous ont pas vu !

En chemin, nous en profitons pour discuter.

- On a eu chaud, dis-je au conducteur.

- Tu vois, heureusement qu'on été là !

- Oui enfin, calme-toi hein, t'as rien fait d'extraordinaire, lancé-je avec humour.

- Dis donc toi, s'exclame-t-il en me faisant des chatouilles à la taille de sa main droite. Un peu de respect pour ton mentor !

- Dis Will, il faudrait que je te parle d'une chose...

Je m'apprête à poser une question à mon mentor, quand d'un seul coup fort et rapide, il pile la jeep en plein milieu de la route boueuse sur laquelle nous nous trouvons, avec les autres derrière nous qui font de même. Je lève la tête, quand je vois une petite fille simplement vêtue d'un tee-shirt noir qui lui arrive jusqu'aux pieds, tout sale et tout déchiré. Elle a la tête recroquevillée et elle est plantée en plein milieu de la route. William lui demande de se pousser en sortant sa tête par la fenêtre. Seulement, quand elle relève sa petite tête blonde, j'aperçois avec la plus grande angoisse ses grands yeux noirs qui me fixent. En un instant, elle se met à me pointer du doigt et sans que je ne comprenne pourquoi, je décide de sortir pour la rejoindre, malgré l'interdiction de mon mentor.

- EDANA, REVIENS ICI, m'hurle-t-il.

Mais je ne l'écoute pas. Je m'avance délicatement vers elle pour essayer de lui parler, quand elle baisse de nouveau sa tête vers le sol.

- Bonjour, dis-je calmement. Comment t'appelles-tu ?

Pas de réponses. J'essaye de la stimuler pour qu'elle parle, mais rien n'y fait. Je suis rejointe par toute la bande, quand la petite fille remonte brusquement sa tête et s'avance vers moi. C'est avec une horreur abominable que je constate que ses lèvres sont cousues en croisé à l'aide de gros fil de vigne rugueux et coupant. Je comprends mieux pourquoi elle ne me répondait pas.

- Éloigne-toi Edana, s'énerve William qui vers moi. Dépêche-toi !

Encore une fois, je n'écoute pas un mot de ce que me dit mon mentor. Je suis comme fascinée et hypnotisée par ce petit être, qui m'a l'air inoffensif. C'est alors qu'un cri féroce et douloureux à nous percer les tympans sort de son corps. Ses lèvres sont toujours cousues, alors je ne comprends pas comment c'est possible. Je me cache les oreilles pour ne pas entendre le bruit tandis que les autres se retrouvent à terre, quand la fillette me tend un bout de parchemin vieilli et brûlé. Je le prends pour le lire, quand elle se transforme sans que je ne m'y attende, en un démon miniature et terrifiant. C'est à la vitesse de l'éclair qu'elle rejoint le ciel pour complètement disparaître.

- T'es complètement folle ? M'engueule William. Tu aurais pu te faire tuer !

- Mais je ne suis pas morte !

- Ça suffit, intervient Caleb. Ça ne peut plus durer, vous êtes dans un danger constant toutes les trois, il faut trouver une solution !

Les garçons nous ordonnent de remonter dans les voitures pendant qu'ils passent un coup de téléphone à je ne sais qui, quand je décide d'enfin lire ce qu'il y a sur le parchemin, accompagnée de mes soeurs de coeurs.

- Alors ? Qu'est-ce qu'il y a de marqué ? Se questionne Iv.

Au lieu de répondre verbalement à sa demande, je préfère leur montrer la phrase :« Bonitaserit, et tenebræ eam sorte divides ». Je ne comprends pas ce que cela veut dire, mais c'est la phrase qu'a prononcé Dorzen, l'autre fois. Je suis terrorisée par ce qui est en train de se passer. Qui était cette fillette ? De qui vient ce message et pourquoi moi ? Les filles me conseillent de ne pas garder cette information pour moi et d'en parler à William qui revient dans la voiture.

- On rentre, râle-t-il. Allez avec vos mentors, ajoute-t-il froidement envers mes amies.

- Ce n'est pas la peine d'être méchant avec elles, elles n'ont rien fait.

- Tais-toi, je ne veux plus t'entendre.

- Et bah alors lis ça, rétorqué-je aussi froidement que lui en lui balançant le parchemin.

L'eurasien ne dit rien à la lecture de cette phrase. Il démarre seulement en trombe pour être le plus rapidement possible au Sanctuaire. Une fois arrivés à notre destination, nous sommes toutes les trois convoquées chez la Doyenne avec nos mentors.

- Installez-vous mesdemoiselles, nous ordonne-t-elle en pointant les chaises en cuir qui se trouve derrière nous.

- Je tiens vraiment à m'excuser Miss Rose, je ne voulais nuire à personne, interviens-je sans permission.

- Je sais que tu traverses une période très difficile, mais désobéir à ton mentor, t'approcher de cette chose sans savoir de quoi il retourne est très grave, j'ai du mal à croire à cette inconscience, je suis très déçue.

Je lance un regard noir et électrique à l'eurasien qui n'a pas perdu de temps avant de tout raconter.

 - Ce n'était qu'une petite fille d'apparence, qu'est-ce que je pouvais faire ? Demandé-je attristée.

- M'obéir, intervient mon protecteur méchamment.

- Toi, ferme-là, lancé-je aussi violemment que lui.

- Je te jure que.

- Stop, s'interpose la doyenne entre nous deux. On dirait deux adolescents en pleine crise sentimentale ! Comportez-vous comme les adultes que vous êtes, bon sang !

J'arrive à discerner dans le regard de Miss Rose, l'importance que j'ai pour elle. C'est étrange sachant qu'elle est en colère contre moi. Depuis mon arrivée ici, elle a été présente pour moi, tout en gardant du professionnalisme. Je ne sais pas pourquoi elle a un attachement aussi profond pour ma personne, mais je ne vais pas mentir, ça me plaît beaucoup de me sentir protéger par cette femme remarquable. Même si parfois, elle sait me remettre parfaitement à ma place.

- J'entends bien ce que tu dis, mais tu es en grand danger et ce parchemin le prouve !

- Je suis réellement désolée, Miss Rose.

- Pas autant que moi, souffle-t-elle. Désormais, vous serez accompagnées de vos mentors pour chacun de vos déplacements et il n'y aura pas d'exceptions.

- Comment ça ? Lancé-je choquée. Partout ? Tout le temps ?

- Exactement ! Les ténèbres en ont après toi, après vous trois, nous annonce-t-elle. Il faut vous protéger au maximum, on parle de vos vies là !

- Je vous en prie, on peut se débrouiller seules ! Nous sommes adultes !

- Ne discute pas Edana, je ne te demande pas la permission c'est un ordre, me gronde-t-elle. William, veillez bien à ce qui ne lui arrive rien, s'il-vous-plaît.

- Bien-sûr Miss Rose, je ne la lâcherai pas d'une seule semelle, répond-il en se rapprochant de plus en plus de moi avec un sourire en coin. Puis-je quand même continuer mes cours ? Demande-t-il.

- Évidemment, les novices ont besoin de vos talents et puis, c'est en continuant votre métier que vous pourrez la surveiller. Vous pouvez partir, mais attention, on vous a toutes les trois à l'oeil.

Il m'agace quand il a ce comportement. Je n'ai qu'une seule envie, c'est de lui mettre une gifle. Après cette fâcheuse conversation avec notre Doyenne, je sors le plus vite possible de la salle pour pouvoir respirer un peu, car je sens une forte oppression au fond de moi. Je ne suis pas complètement idiote, je comprends le danger qui pèse sur nous, mais de là à nous faire suivre partout, bonjour la vie privée. J'ai le sentiment que cette situation ne va être plaisante ni pour lui, ni pour moi. Déjà que notre relation ne tient qu'à un simple fil cassant, j'ai peur que cela ne brise tout entre nous...

La Malédiction d'une Créature (T1)Where stories live. Discover now