Les héros reviennent toujours

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Un monstre gigantesque se tenait là dans l'ombre sur ma droite. Je sentais son souffle putride s'écraser sur le mur et me revenir directement aux narines et j'avais manqué de m'évanouir malgré le masque qui me protégeait de ses exhalations. Alors que tout espoir d'échappatoire semblait perdu pour mon pauvre régiment l'un de nous servit à son insu d'appât. Dans une tentative désespérée de survie il se mit à ramper en suant vers la queue du monstre derrière laquelle le petit tunnel nous aurait tous permis de survivre. L'énorme patte de la monstruosité gluante qui nous barrait la route n'eut aucune pitié pour notre compagnon qui se fit écrabouiller sur le champs. Il n'eut même pas le temps de pousser un cri cependant la bête s'écarta de l'endroit ou nous trouverions notre salut si rien de pire se trouvait au delà de ce passage. Il ne me fallut peu de temps pour comprendre que certain d'entre nous n'en réchapperait pas mais c'était la meilleure option que nous avions à présent. Il me fallait donner l'ordre avant que le tas de crocs recouvert de notre sang ne nous sente sous la pression de la faim et ne nous laisse que le tunnel d'où nous venions pour fuir. Pourtant rebrousser chemin maintenant nous mènerais à une mort certaine. Je donnai l'ordre et la vingtaine d'homme qui nous restait s'élança, d'un pas rapide et en faisant le moins de bruit possible ils avancèrent un à un vers le conduit. Les premiers survécurent et alors qu'en tant que plus haut gradé j'assumai la responsabilité de fermer la marche j'entendis un bruit sourd alors qu'un cadet venait de se faire projeter au plafond par l'énorme queue de la bête. Il hurla de douleur en retomba au seul le crâne fendu et les deux jambes cassées dans une forme plus qu'inquiétante. Son coéquipier n'hésita pas un seul instant à l'achever. Ses cris auraient distrait les attentions gourmandes du monstre vers nous et nous aurions tous été tués. De plus, achever les blessés, malgré la rudesse de l'ordre, était une obligation. Personne ne voulait être dévoré vif par une atrocité qui aurait pris un malin plaisir à faire durer la souffrance séduit par les cris de douleur et les souffles d'épuisement d'une proie. Si le monstre vous tuait avant de vous croquer vous pouviez vous estimer chanceux malgré la fatalité car une fois qu'un monstre de cette envergure vous avait dans le viseur il n'existait dans tous les cas aucune autre issue qu'une mort douce. 

Miraculeusement celui qui nous bloquait la route était un simple tas de graisse qui malgré sa taille devait être sourd. Il resta à la mastication du soldat téméraire qui avait le premier tenté de s'échapper et nous laissa à tous le temps de nous frayer un chemin dans le conduit qui s'étendant sur une trentaine de mètres nous força à ramper en nous égratignant les poings. 
Malgré ces épreuves je ne pouvais pas croire le nombre d'homme en vie qui m'attendait de l'autre côté. Nous étions en tout vingt-et-un survivants et étions partis à trente. Perdre neuf de nos hommes dont notre capitaine de régiment dont j'assurai la charge jusqu'au retour à la caserne  relevait de l'exploit au vu des monstres que nous avions du affronter et fuir successivement. Suarez et Dion nos meilleurs hommes étaient tout aussi terrifiés que nous. Derrière leurs immenses touffes viriles et leurs airs de durs la vue si proche de la mort avait du réveiller une peur que même la tranquillité de la caserne ne saurait régler. Nous avions gagné la sureté de la rue, sureté me parut plus que questionnable quand je vis le panneau portant son nom. Gordon white Street, de toutes les rues il avait fallu que nous atterrissions dans celle-ci, il avait fallu que l'on ressorte par les égouts du quartier Nord.

"- On reste en mouvement." Ces simples mots sortant de ma bouche me parurent bien pauvres et fragiles face au danger qui nous attendait. Rien de comparable à ce que nous avions affronté dans les égouts mais il s'agissait sans nul doute du pire endroit ou se trouver si l'on était un soldat d'un régiment de débutants comme nous. Une chose était sure, si nous survivions cette épreuve chacun de nous même dans la mort serions décorés et je prendrai, pour ma part, officiellement le grade de capitaine. Ma voix qui m'avait semblé fébrile sembla pourtant motiver les gars derrière moi qui n'hésitèrent pas un instant à me suivre, par chance dans le régiment nous avions Rob, un mec du quartier Nord qui montant en tête de régiment m'expliqua quelle était le meilleur chemin pour nous sortir de ce merdier. Une heure sans ne rien rencontrer de terrible et nous serions à la frontière avec le Sud qui était notre quartier d'adoption à tous. Là-bas la milice nous repérerait à des kilomètres et une équipe viendrait nous assister dans la minute et nous aider à nous rapatrier vers la caserne. Avant ce passage de frontière et donc pendant une heure de marche sans obstacles nous étions livrés à nous même. 

Armes chargées et sur nos gardes je donnai l'ordre au premier groupe de traverser le brouillard qui nous séparait du chemin le plus rapide. Trois hommes hésitants et tremblants s'avancèrent donc et parvinrent à atteindre l'autre côté de la rue avant de se coller au mur à couvert des monstres qui auraient pu se trouver là ou nous ne pouvions pas encore les voir. L'écoulement des troupes vers le nouveau point stratégique se fit rapidement et à l'aide de Matthew qui devait avoir la meilleure vue bionique de notre groupe il fut possible de poursuivre ainsi sur trois rues. Pour la première fois je tentai d'ôter mes lunettes de vision nocturne à la recherche du soleil. En effet un léger éclaircissement avait fait son apparition dans le ciel et ce devait être le signe du lever du jour. Bientôt les monstres nocturnes seraient moins actifs et nous pourrions avancer avec moins de prudence.  

Alors que j'indique à mes hommes de se reposer mon regard est attiré par le magasin d'armes de l'autre côté de la rue. Je sais par avance que ce magasin est une aubaine que l'on ne peut décemment refuser. Je le point du doigt à mon cadet qui me confirme aussitôt mes craintes quand au manque de munitions. J'annonce alors d'une voix grave et remplie de sévérité : "Ce magasin doit être infesté. Je ne peux pas me permettre d'envoyer l'un de vous se sacrifier. Je prendrai donc la tête de l'opération et seul. Si je vous fait signe vous pourrez me rejoindre. Dans le cas contraire vous poursuivez vers le quatier Sud sous le commandement de Matthew et Rob, clair ?"

Hésitants ils hochent pourtant tous la tête et main sur mon arme je m'élance à découvert vers le magasin. Une fois monstre la vitre je relâche un peu la pression. Désormais je peux respirer, la porte du magasin est fermée à clé, il y a peu de chance qu'un monstre ai ou entrer. Je force la porte et clarifie l'entrée. Sans attendre je m'avance sur la droite vers l'endroit où, derrière le comptoir se trouvent les munitions.

Je me remplis le sac ne croyant pas au tournant positif que prend cette expédition que je croyais perdue. Cependant alors que la joie ne venait de m'envahir je comprend par un bruit que je me suis laissé déborder. Sur mes gardes je me retourne pour faire face à la source du bruit. Doucement je ne la lâche pas du viseur et avance vers la porte. Soudain, je le vois. L'immense trou dans le sol révélant la plus gigantesque cavité de monstres du quatier Nord. Si un monstre m'a senti je suis mort alors autant permettre aux autres de survivre. Me sachant perdu je retourne lentement aux étagères et vide dans mon sac les chargeurs et les pistolets. Ensuite sans le moindre bruit j'ouvre la porte du magasin et voyant mes hommes de l'autre côté je pose doucement le sac, leur fait tristement le signe  annonciateur du marquage par un monstre et referme la porte. Je crois en eux... Ils s'en sortiront. Une patte monstrueuse ne me laisse pas le temps de mettre fin à mes jours et m'enserre les jambes. Je tombe sans pouvoir ne faire un seul mouvement pour me libérer et me heurte la tête. Ma dernière image est celle du plafond de la boutique et les rayons s'éloignant alors que le monstre me traîne au fond de sa tanière.

Textes oubliés ~☆Where stories live. Discover now