Textes oubliés ~☆

Oiseau bleu

Harneol dessine, ses mains portent le crayon qui griffonne les belles et larges plumes de ce bel oiseau. Il vole et ses ailes le portent aussi haut que la main d'Harneol porte sa mine. Sur sa feuille par les traits difformes on peut contempler le vent soufflant sur la falaise sentir l'odeur de l'herbe fraîchement coupée et imaginer les pieds du dessinateur pendouillant dans le vide. Sa voix chante un air mélancolique qu'il aura sans doute entendu dans une auberge.

Si il peut rester assez longtemps perché sur sa falaise il pourra peut être entendre le cri hideux que pousse ces oiseaux majestueux. C'est comme ça qu'il souhaite les dessiner, montrant seulement la beauté et la grâce de l'animal cachant derrière cette feuille de papier l'horreur qu'ils peuvent produire.
Cette fois-ci il l'entend clairement. Ce cri si disgracieux mais si rare qui lui donne des frissons parcourant son corps de longs en large et remontant jusqu'à la naissance de ses mèches brunes.

Harneol ne sent pourtant pas la force du vent, il ne sent pas que le froid qui se mêle à l'humidité trop envieux de de terminer son œuvre. Il ignore les cris d'alertes des oiseaux qui le fascinent tant. Les vagues augmentent et se heurtent violemment sur la falaise la claquant dans un bruit assourdissant. Quand il relève la tête l'oiseau s'est déjà réfugié dans une crevasse de la falaise laissant le jeune dessinateur livré à lui même pour terminer le tracé de ses nobles courbes. Harneol voit enfin la tempête déchaînée s'étendant sous ses yeux révélant un spectacle magnifique. Il le sait il est trop tard c'est comme si la tentation du diable ailé l'avait tué. Une splendide horreur saisi le jeune homme ses bras s'engourdissent ses oreilles bourdonnent, sa tête tourne et soudain le sol se dérobant sous ses pieds.

Ne reste du dessinateur tenté,
qu'un pauvre oiseau griffonné.
Ce même oiseau qui le bec haut,
Regardait cet être misérable emporté par l'eau.