Hate us - Un -

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Une après-midi ensoleillée venait de commencer. Les oiseaux chantaient joyeusement et les passants semblaient heureux. Ash trouvait ce jour comme étant parfait pour ses grands projets, elle avait toujours rêvé de tenir un café dans lequel les clients pourraient s'asseoir, travailler et profiter d'une ambiance tendre et chaleureuse pour déguster de délicieux cafés et encas. Après avoir quitté son poste aux ressources humaines d'une grande entreprise de cosmétique il était temps pour elle d'aller au devant de son rêve.

Elle jeta un coup d'oeil en direction de son portable qu'elle avait posé à portée de main sur la petite terrasse en bois de sa maison où elle était assise depuis un petit moment. Bientôt on l'appellerait pour lui confirmer que le bâtiment bleu en bordure de plage était en sa possession. Après toutes ses recherches elle était sûre qu'il s'agissait de l'endroit idéal pour son café. Elle avait parfaitement conscience des difficultés qu'elle allait rencontrer mais ne pouvait s'empêcher de les approcher avec positivité.
Pensive la rouquine s'allongea et, dans le ciel, les formes indécises formées par les nuages lui rappelèrent avec évidence l'instabilité de son rêve. Elle se tenait là, sur la terrasse d'une maison qu'elle détestait, à s'inventer une vie qu'elle n'avait pas et n'aurait jamais. Le poste de R.H. était la seule chose qui la tenait loin de sa vie morose et son licenciement avait retourné tout ce qui, en elle, demeurait de son optimisme. En vérité elle n'attendait aucun appel et le bâtiment qu'elle convoitait serait bientôt détruit au profit de la construction d'un nouveau parking.

Elle avait 29 ans depuis peu et elle ne savait pas où aller ou ce que l'avenir prévoyait pour elle. Commencer quelque chose maintenant sans soutien et avec tous ses fardeaux serait une folie ridicule et elle en avait parfaitement conscience. Son mal-être grandissait en elle tel un feu que ses problèmes et échecs alimentaient inlassablement.
S'arrachant à sa triste contemplation des nuages qui s'éparpillaient dans le ciel comme de la poudre elle réajuste ses lunettes pour jeter un coup d'oeil bref dans le jardin. Tout y était mort, les tons étaient bruns et gris et l'herbe y poussait à peine.

Alors qu'elle s'apprêtait à s'offrir un moment pour somneler elle entendit un bruit lourd provenant de l'intérieur de la maison. Elle se tourna lentement vers la baie vitrée espérant ainsi voir l'origine du bruit au travers de celle-ci mais ne put voir que son reflet. Elle se trouva fatiguée : sa peau blanche d'ordinaire éclatante et rosée semblait terne, ses yeux bleus était cernés et ses lèvres lui semblaient fades. Attristée par son apparence elle attrapa son téléphone avant de se tourner pour regarder ses pieds, elle avait tout à coup terriblement honte. Elle avait souvenir d'elle quatre ans plus tôt avant qu'elle ne vienne vivre dans cette ville, plus rien de la femme qu'elle était auparavant ne demeurait aujourd'hui.

Sans un mot elle enfila ses chaussures qui était restées dans l'herbe en dessous de là ou elle s'était assise, finalement elle n'avait le courage d'entrer chez elle aujourd'hui, elle allait plutôt aller à la plage observer son rêve se transformer en parking et se faire souffrir seule.
Pas très loin en bas de la rue elle connaissait un passage derrière un grillage menant à un bout de plage ou il y avait peu de chance de croiser des touristes. Elle passa sous la barrière marcha une centaine de mètres à travers la broussaille et s'assit sur un petit banc de sable assez proche du bord pour que l'eau ne soit à un rien de mouiller ses converses rouges.

Elle reconnu non loin sur sa droite la plage bleue, là bas un grand nombre de touristes profitaient de leurs vacances. Sur le bord de plage la présence d'un grand tractopelle jaune attira son regard, le premier mur du bâtiment qu'elle convoitait venait d'être abattu. Ils ont déjà commencé ? Se fit-elle remarquer avant de retourner à sa contemplation de la mer. Alors que le calme reposant du bruit des vagues au gré du vent lui suffisait amplement elle sentit son téléphone dans la poche droite de son short vibrer et prit une grande inspiration. Comme attendu l'écran affichait un appel de Marco. Elle considéra l'idée de ne pas décrocher mais après deux sonneries elle finit par répondre. En apportant sa main à son oreille elle pu sentir l'odeur de l'alcool accrochée à la manche de sa chemise et fronça le nez de dégoût. Elle n'eut droit à rien d'autre qu'à un silence avant qu'elle ne se décide à parler la première : "- Marco. Je suis à la plage, tu viens de te réveiller ?" Un grognement mécontent lui fit office de réponse et elle poursuivit "Tu savais qu'ils ont commencé les travaux pour le parking ? J'étais un peu triste en voyant ça, je pense qu'ils ont commencé ce matin."

Textes oubliés ~☆Where stories live. Discover now