♾ CHAPITRE 1 ♾

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Je suis dans ma chambre. Le soleil hivernal laisse passer quelques rayons qui réchauffent doucement ma peau blanche, ternie par le froid de ce mois de janvier. Je joue avec les cadeaux que m'a apporté le Père Noël, pour l'année de mes huit ans. Il y a une maison de poupée aussi grande que moi, que je peux aménager à ma guise, mais aussi un livre sur les volcans qui me fascine depuis toujours. Je l'ai placé sur ma petite table de nuit rose en forme de chat et toute pailletée. Je m'assois tranquillement sur mon lit fait au carré, quand je suis rejointe par maman.

- Alors ma puce, tu lis encore ton livre ?

- Oui, il est trop chouette, m'amusé-je. Tu savais qu'les volcans, ils avaient une cheminée ? Nous aussi on a une cheminée du coup, c'est comme si la maison était un volcan, annoncé-je alors que ma mère me prend sur ses genoux.

- C'est une façon de voir les choses oui, ricane-t-elle. Mais tu vois, ils ont aussi une chambre magmatique juste ici, me dit-elle en pointant son doigt sur le croquis de mon livre. Et la chambre est loin d'être en bazar, alors ce serait bien de ranger la tienne jeune fille, me chatouille-t-elle.

Je rigole sous les guillis qu'elle m'inflige gentiment, quand j'obéis à sa demande. Seulement, je déteste ranger ma chambre, alors elle accepte de m'aider. J'installe comme il faut mes petites poupées, qui étaient aussi dans mes cadeaux de noël. Je souris en les regardant, quand je vois que maman n'a pas l'air bien. Elle tient sa longue chevelure beige fortement, et elle trébuche sur ma moquette rose pâle.

- Qu'est-ce que tu as maman ? Demandé-je affolée.

- Rien ma chérie, tout va bien ne t'inquiète pas, ment-elle tandis que son visage rougit. S'il-te-plaît, continue de ranger tout ça, je vais aller m'allonger quelques instants.

Je ne sais ce qui se passe avec ma mère, mais depuis quelque temps, il lui arrive d'être malade d'un seul coup. Pourtant, elle ne veut jamais m'expliquer pourquoi, sûrement parce que je suis encore qu'une petite fille. Je continue de ranger ma chambre comme il faut, quand j'entends la porte d'entrée qui s'ouvre.

- PAPAAA, crié-je en courant dans les bras de ce grand homme en uniforme noir.

- Ma princesse, me prend-il contre lui. Tu es toute seule ?

- Non, maman est dans la chambre. Elle est encore tombée tout à l'heure.

- D'accord, s'inquiète-t-il. Va regarder un dessin-animé, je vais aller la voir.

Je lui obéis, et je vais m'enrouler dans un gros plaid épais et doux comme un nuage, dans une couleur crème très rassurante. Je fixe les images colorées qui défilent sur notre grande télé, posée sur un meuble blanc assez simple.

Papa travaille pour une armée, mais bizarrement, il n'a pas le même uniforme que les militaires français. Tout ceux que je peux croiser, que ce soit dans la rue ou ailleurs, ont des motifs camouflages alors que papa, lui, il est habillé d'un uniforme tout noir. Sa tenue est gravée d'un blason que je ne connais pas sur son bras droit, mais aussi dans le dos. Il est accompagné de notre nom de famille, suivi de « soldat de lumière ». J'essaye de savoir à quoi ça peut correspondre depuis que je sais lire, mais rien n'y fait. À chaque fois que j'aborde le sujet, maman l'empêche de me dire quoi que ce soit, même si lui il a envie de m'en parler. D'ailleurs, il a aussi cette arme très bizarre qui n'est pas commune. C'est une sorte de pointe blanche, accrochée à un manche en argent sur lequel est gravé le même blason que celui sur son uniforme. Je le sais, parce que j'ai fouillé dans sa boîte secrète une fois, quand il était dans la douche et que maman se reposait. Il n'est pas au courant que j'y ai touché, sinon j'aurai été sévèrement punie.

Je ne tarde pas à m'assoupir sur l'immense canapé noir, quand je sens que quelqu'un me caresse le visage.

- Ah c'est toi papa, dis-je en ouvrant calmement mes yeux noisettes très clairs. Où est maman ? Elle va bien ?

- Oui ne t'en fais pas, elle dort, me rassure l'homme dont les yeux bleus pétillants me détendent. Ça te dirait qu'on aille faire un bonhomme de neige ?

- Allons-y, m'extasié-je avec le plus beau des sourires selon papa et mam', ma grand-mère maternelle.

Je m'habille chaudement, car la neige qui tombe dehors a complètement refroidie le paysage, mais aussi l'air que nous respirons. Je mets mon écharpe, mon bonnet, mes gants et mes moon boots roses, puis nous partons tous les deux dans le jardin de notre petit pavillon, pour créer le plus magnifique des bonhommes de neiges.

- Il est splendide, annonce fièrement mon père en retapant notre oeuvre d'art.

- C'est vrai !

J'essaye d'ajuster quelques trous car j'aime pas quand ce n'est pas parfait, quand la neige qui se trouve sous mes mains, se met à chauffer et à fondre sans que je ne demande quoi que ce soit.

- OH NON ! PAS ENCORE, commencé-je à pleurer.

- Non, pas de larmes ma puce, tout va bien ce n'est pas grave.

- Mais pourquoi la neige fond ? J'ai rien demandé moi, pleuré-je de plus bel.

- Je sais.

Depuis quelques semaines, des évènements étranges se passent avec mes mains ou encore ma tête. Sans rien calculer, je fais fondre la neige gelée, j'augmente la température des chauffages de la maison ou je chauffe tout et n'importe quoi. Il y a même une fois, où quand papa était en train de faire le feu de cheminée, je me suis sentie attirée par les morceaux de bois qui s'entremêlaient. Alors, quand une étincelle de feu est apparue rien que sous la puissance de mes yeux, j'ai eu si peur qu'en reculant, je me suis cognée violemment la tête contre le coin de la table dans la salle à manger. Je ne sais pas ce qui se passe avec moi...

- Il m'arrive quoi papa ? Sangloté-je dans ses bras, tandis qu'il me ramène à l'intérieur.

- Rien. Tu es juste la petite fille la plus extraordinaire du monde et je suis le papa le plus chanceux, parce que tu es ma toute petite coccinelle à moi !

- Pourtant je vois dans tes yeux que tu es inquiet, marmonné-je dans ma barbe. Tu sais, je n'ai peut-être que huit ans, mais je ne suis pas bête.

- Je le sais ma puce, d'ailleurs ce serait bien que tu arrêtes d'être bien plus intelligente que ton vieux père. Je me sens un peu nul à côté de toi, dit-il en faisant des grimaces qui me font rire.

- Tu ne veux toujours pas me dire ce que tu fais comme travail ? Essayé-je de le questionner.

- Je ne peux pas...

J'aurai tenté. Je n'insiste pas auprès de papa qui part nous préparer de grands chocolats chauds, remplis de chamallows enroulés de chocolats, que j'appelle des "chocomallows". Je l'attends patiemment en m'asseyant sur le canapé, quand je suis attirée par les flammes qui grandissent dans la cheminée que maman a allumé ce matin. Je m'approche de plus en plus près, alors que j'ai l'interdiction formelle de m'en approcher... Pourtant, sans savoir pourquoi, je n'arrive pas à me stopper. Je sais que c'est mal, mais c'est plus fort que moi. La chaleur m'attire, alors je l'écoute malgré moi...

La Malédiction d'une Créature (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant