XIII - Verdict (A)

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Le trajet fut rapide. En débouchant sur le jardin près de la maison des guérisseurs, ils trouvèrent Spiros et la fée en grande discussion.

Ils interrompirent l'échange par leur simple présence. La fée se referma sur elle-même comme une huître et lança des regards effrayés et accusateurs à Eren. Elle avait vu son amie se faire trancher par une lame noire façonnée par la jeune fille. Au plus profond de ses entrailles, elle sentait le danger qu'elle représentait à son encontre.

— Tu n'auras rien à craindre de moi tant que tu te tiendras tranquille. Déclara Eren avec nonchalance en apercevant ce regard meurtrier et craintif. Comment allez-vous tous les deux sinon ? Remis ?

Spiros n'apprécia pas le ton de la jeune fille et l'attitude qu'elle affichait vis-à-vis de Jäscile, mais il rongea son frein pour ne pas la froisser. Elle les avait bien aidés après tout.

— Beaucoup mieux grâce à toi, merci.

— Ce n'est rien, Tu m'as fait confiance, alors c'est à moi de te remercier. Rare sont les gens qui me font confiance...

Son ton ne laissait rien transparaitre de ses émotions, mais Jarl sentit au fond de lui que sa réplique cachait quelques souvenirs douloureux.

— Mon oncle n'est pas là ?

— Non, je ne l'ai pas vu...

— C'est qu'il être encore au conseil...

— Quel conseil ? Demanda Jarl en captant les marmonnements discrets d'Eren.

— Un conseil extraordinaire a débuté très tôt ce matin pour savoir ce qu'ils vont faire de vous. Expliqua-t-elle suite au questionnement de Jarl. Même s'ils n'ont pas pour habitude d'être hostiles à qui que ce soit, votre situation est grave, et les fées ont besoin de se rassembler pour décider de la marche à suivre.

— Ils peuvent nous emprisonner ? S'enquit Spiros inquiet.

— Je ne pense pas qu'ils iront jusqu'à de telles extrémités, mais je suppose qu'ils pourront vous imposer certaines règles...

Jarl sentit une inquiétude monter, les paroles d'Eren n'étaient pas très rassurantes. La promenade du matin lui avait fait oublier la situation délicate dans laquelle se trouvait son ami, tout grisé qu'il avait été de faire quelques pas avec la personne de ses pensées.

Spiros et la fée de la nuit s'entreregardèrent, inquiet. Jarl s'aperçut que leurs échanges s'étaient adoucis depuis la veille. Moins hostile vis-à-vis de son sauveur, Jäscile se reposait entièrement sur lui dans cet endroit où tout pouvait lui faire du tort. Il n'était pas pour autant certain que leur relation allait pouvoir s'épanouir dans de telles conditions

Une certaine gêne s'installa au sein du groupe. Le couple tout frais formé n'osant pas échanger en présence des deux autres, chacun s'était tue, songeur.

Une personne familière apparut en définitive au détour du muret qui serpentait le long du chemin tel un ruban immaculé. L'oncle d'Eren avec toute s'on imposante carrure s'approchait en compagnie d'une femme à l'allure altière qui avait, si ce n'est plus, autant de présence que le guerrier. Ses cheveux poivre et sel laissaient penser qu'elle possédait déjà un âge avancé, mais son visage sans trop de rides apprit à Jarl qu'elle avait encore de belles années devant elle.

— Tata ! S'écria Eren en lui courant dessus. A la surprise de tous elle se jeta sur le guerrier qui la repoussa en grondant et en pestant contre la filouterie de sa nièce.

— Tu sais que je ne peux pas embrasser tata, alors je déverse mon affection sur toi vieil homme bourru !

Cela faisait plusieurs fois que la jeune fille mentionnait son incapacité à toucher certaines personnes. C'est bizarre, c'est comme si elle blessait involontairement les gens en les touchant... ? Jarl se posa la question en observant le manège de cette famille incongrue. Elle n'a pas de problèmes avec moi pourtant... ?

Fées et bâtons de sorcierDonde viven las historias. Descúbrelo ahora