III - Un petit coup de pouce de magie (B)

8 2 0
                                    

Il gravit les premières marches de l'arbre quatre à quatre, puis il se rendit compte que son excitation était trop visible. Il s'obligea alors à ralentir le pas et calmer sa respiration. La première plateforme était entièrement fermée par une enceinte en bois qui la faisait ressembler à un gros fromage reposant sur son socle et attendant patiemment l'heure du repas au court duquel il se ferait découper. Il atteignit une trappe laissée ouverte pour laisser passer les visiteurs fréquent, et pénétra dans une salle circulaire percée au centre par le tronc colossal de l'arbre des fées. Une voix douce et féminine parlait bas et berçait la salle dans une douce sérénité. Le craquement de latte qu'il provoqua en entrant fit tourner une douzaine de frimousses apparemment focalisés vers l'oratrice. De jeunes enfants entre douze et quatorze ans le regardaient d'un mine curieuse comme lorsqu'un inconnu intéressant faisait son apparition. La femme qui tenait auparavant l'attention de son auditoire s'était tut, et l'accueilli avec un grand sourire comme si sa venue ne lui était pas inconnue.

— Bonjour Jarl, nous t'attendions, bienvenue parmi nous.

Le jeune homme s'inclina, légèrement surpris, et s'assis en tailleur sur le sol, suivant l'exemple des autres apprentis. Il salua les têtes qui se tournaient vers lui puis prêta attention à la femme qui n'était à n'en point douter une Faël. Des murmures discrets parcoururent le rang des autres apprentis, mais l'enseignante les fit taire d'une parole. Son regard doux s'attarda un instant sur Jarl puis elle reprit une posture neutre d'enseignant. Ses fines oreilles pointues et l'absence d'excroissance féerique dans son dos fit comprendre à Jarl qu'elle était de sang mêlé.

-— Comme je le disais quelques instant auparavant, le cours que vous allez suivre avec moi ne vous apprendra pas à devenir de puissants utilisateurs de magie. Nous sommes ici au premier palier, le palier de l'ouverture, celle de l'esprit à la connaissance.

En inclinant légèrement la main vers le bas elle indiqua :

— Vous suivez sous la tutelle de votre maitre un apprentissage des armes, de nos us et coutumes, et de votre rôle futur dans notre société qui s'étend entre les frontières que nous impose la montagne ou les fées.

Elle leva les yeux vers le haut comme si elle voulait se recueillir et continua.

— Parfois ces restrictions pourront vous sembler étouffantes, et vous ne serez pas les premiers à vouloir quitter cet endroit. Cependant, vous verrez en grandissant que là où nous vivons peut-être un havre de paix tant que dure l'harmonie que nos ancêtres ont établi. Ce premier cours vous montrera à percevoir cette harmonie. Il faudra vous ouvrir, avec vos sens, mais aussi votre émerveillement qui vous conduira au second palier. Je veux que vous vous posiez des questions tous les jours, à chaque instant, que vous vous montrez réceptifs à ce qui vous entoure, ainsi pourra être acquis l'ouverture.

Son discours d'introduction continua ainsi de longues minutes, et Jarl senti l'impatience le gagner. Il concevait que les paroles de la femme était juste, mais il en voulait plus, il voulait de la pratique.

Lorsque le cours se termina, il en fit part à ses amis qui avaient tout comme lui partagé ce sentiment lors de leur premier cours. Mais ils le rassurèrent en lui apprenant qu'au vu de son âge il passerait bientôt à la deuxième plateforme.

La fin de son après-midi se concentra essentiellement sur des activités lui permettant de comprendre la place qu'il possédait au sein de cette harmonie, qui s'était établie ici à travers des récits d'histoire mais aussi quelques allégories.

Avant et après chacun de ses cours, les élèves devaient réciter la signification des sept paliers : L'Ouverture, l'Etonnement, l'Humilité, le Corps, l'Esprit, l'Union, la Fermeture. Il connaissait déjà la plupart des choses qu'il apprenait grâce à l'amitié qui l'unissait à Ésope et Spiros, mais la dernière étape ne cessait toujours pas de l'intriguer. Pourquoi la fermeture ? Pourquoi fallait-t-il se fermer aux connaissances et au monde après s'y être ouvert ! Cela n'avait pas de sens à ses yeux, à moins qu'il se ne trompât sur la signification du message, mais cela l'intriguait d'autant plus.

Fées et bâtons de sorcierDove le storie prendono vita. Scoprilo ora