III - Un petit coup de pouce de magie (A)

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Le matin suivant, Jarl avait déjà oublié la discussion de la veille, et s'apprêtait à rejoindre son lieu de travail habituel lorsqu'il croisa Spiros qui l'attendait sur le pas de sa porte.

— Déjà pressé de nous quitter ? Lança Spiros taquin en voyant le visage de Jarl encore sous l'emprise du sommeil !

— Par le pouvoir des fées c'est vrai ! Fit ce dernier en réalisant soudain que tout avait changé. Je ne travaille pas aujourd'hui !

Tel un raz de marée, une forte excitation s'empara de lui à mesure qu'il réalisait pleinement la situation, et il se surprit à faire un effort particulier pour se contrôler, car il n'aimait pas trop s'épancher. Ses yeux par contre pétillaient sans frein. Après une accolade vigoureuse à Spiros, ils partirent en direction de la maison de Maître Arold.

Plutôt qu'une maison, la demeure du Maître des coordinateurs était en réalité un arbre unique en son genre. Aussi large que quatre maisons réunies, il possédait diverses plates-formes installées sur plusieurs niveaux entre les premières branches et sa cime. Celles-ci étaient pour la plupart dissimulées par un feuillage dense. Sept étaient installées en tout. Creusé au cœur du tronc, se trouvait la véritable demeure du maître. Les plates-formes ne servaient qu'à accueillir les élèves pour leur apprentissage. Un escalier fait de verre poli par le vent s'enrouillait autour de l'énorme colosse situé à la lisière de la forêt. L'histoire du village disait que les fées elles même avaient planté cet arbre majestueux à l'arrivée des exilés, un présent au tout premier coordinateur.

La première plate-forme était située juste au-dessus des premières branches aussi larges et robustes que le tronc des grands hêtres de la région. Elle était suffisamment grande pour accueillir une cinquantaine de personnes assisses en tailleurs sans se gêner. Les autres détenaient de moins en moins de place à mesure qu'on s'élevait, et la dernière ne permettait seulement qu'à deux personnes de se tenir debout.

Lorsque les deux amis arrivèrent devant cet arbre aux fées, Maître Arold était en train de superviser l'échauffement matinal se déroulant sur un vaste terrain d'entraînement recouvert d'une herbe grasse et uniforme, coupée à ras avec soin.

— Maître ! Salua Spiros, suivit de près par l'apprenti artefacier. Voici Jarl que nous confie Maître Maclire !

Habillé de cuir brun comme à son habitude et le port régalien, c'est avec surprise que Jarl constata que le maitre ne portait pas son tricorne comme à son habitude. Ses fins cheveux noir et argent battus pas le vent fouettaient son visage d'acier. Un léger sourire éclaira son visage un court instant.

— Bienvenue chez les coordinateurs Jarl ! (Il serra la main du jeune homme d'une poigne vigoureuse) Je te préviens, on ne trainasse pas ici, Spiros va vite te mettre au parfum. Allez mettre une tenue d'entraînement tous les deux, et allez rejoindre les autres !

— Il n'aime pas trop les mondanités... Glissa Spiros à son ami en l'accompagnent jusqu'aux baraquements dressés sur les flancs de l'arbre. Mais c'est mieux ainsi, avec lui l'efficacité prime ! Et tu ne perds pas ton temps...

— C'est un guerrier ! Le meilleur n'est-ce pas ? (Jarl se rappela toutes les histoires folles qu'on racontait sur lui.). Je prierais pour ne pas être son ennemi !

— Tu comprends maintenant pourquoi je ne comprends pas par quel miracle Ésope trouve l'audace de le défier !

— En effet, étonnant qu'il se soit pas fait tuer un bon millier de fois !

— Tient ! Enfile ça. Fit Spiros en donnant à Jarl un short vert et une ceinture de cuir. Dépose le reste dans ce cassier. C'est le tient dorénavant, retient bien l'emplacement !

Fées et bâtons de sorcierWhere stories live. Discover now