46 • Départ

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Nda : Je le trouve tellement adorable sur ce fanart TwT

*Ellipse de cinq mois*

C'est le jour J, le jour de mon départ en Corse. Punaise, je stresse à mort !

L'été a été fort mouvementé cette année, j'ai travaillé pendant tout un mois histoire de me faire un peu d'argent de poche... Certes, mes parents m'aident financièrement, mais je tiens à prendre mon indépendance le plus tôt possible. Mon voyage est une étape cruciale, puisque non seulement j'entre à l'université, mais en plus ma première année va se faire dans un pays à l'autre bout du globe. J'appréhende un peu, mais je me dis que c'est une expérience à tenter et que cette chance ne se présentera pas deux fois.

Et puis surtout, j'ai pu profiter des beaux jours pour passer plus de temps avec mes amis. Il faut dire que j'avais tendance à les délaisser, dernièrement...

À cette pensée, je ressentis une légère pointe au coeur.

Ouais. J'ai clairement connu de meilleures périodes, à tel point que j'ai bien failli sombrer dans une profonde dépression nerveuse.

Je n'ai pas reçu un seul message, pas un seul appel. Il n'a jamais essayé de me contacter et encore moins de s'excuser. Je ne sortais plus de chez moi, j'ai presque foiré mon trimestre car je n'avais plus goût à rien. J'ai perdu pas mal de poids, car je mangeais peu et mal. Mes parents ont même essayé de m'emmener voir un spécialiste, mais j'ai tout fait pour ne pas y aller. Je passais le plus clair de mon temps à écouter des musiques tristes ou à relire d'anciens messages, mon hygiène de vie était vraiment exécrable. Alors oui, ça fait pitié dit comme ça, mais je n'y pouvais rien. J'étais comme aspiré par ce cycle infernal.

Le voir lui, partout, tout le temps. Sentir son odeur dans les endroits les plus improbables, espérer secrètement le voir surgir à chaque coin de rue. Inonder mon oreiller de larmes en étouffant mes plaintes, voir mes cernes s'agrandir un peu plus chaque jour jusqu'à avoir peur de me regarder dans un miroir. C'était ça, mon quotidien.

Mais heureusement pour moi, mon entourage a su se montrer persuasif et me faire oublier toute cette merde. Armin et Jean sont venus chez moi pratiquement toutes les semaines, et au fil du temps, j'ai commencé à guérir peu à peu. Je me suis motivé pour continuer le sport et essayer de mieux manger, j'ai recommencé à faire des sorties, et je me suis investi à fond dans l'école histoire de ne pas merder une deuxième fois. Ça été sans doute l'épreuve la plus difficile de toute mon existence, mais j'ai réussi.

Cependant, il y a une chose qui reste inchangée malgré tout. J'ai tenté de me caser avec une fille que j'avais rencontrée en boîte, mais j'ai eu beau m'investir comme je pouvais, les sentiments n'étaient pas de la partie. J'ai décidé de mettre fin à notre relation et je ne l'ai plus vue depuis. Ça va faire environ trois semaines, maintenant.

Je dois me rendre à l'évidence : Je suis toujours amoureux de Livaï.

Ça me fait encore mal d'y repenser, alors je me contente d'aller de l'avant en évitant de regarder derrière moi. Il n'y a qu'en l'oubliant que tout s'arrêtera, et c'est sans doute le pas le plus compliqué à franchir. Je ne saurais pas dire combien de temps ça va me prendre, ni même si j'y arriverai un jour.

Je chasse les souvenirs douloureux qui me viennent en tête et cale un genou sur ma valise afin de la fermer convenablement. Je check une dernière fois ma liste pour être sûr de n'avoir rien oublié, puis sors de ma chambre avec mes sacs sur les épaules. Je me retourne et regarde une dernière fois ce qui a été mon espace de vie pendant dix-neuf ans, et je suis pris d'une nostalgie soudaine en me disant que je ne reviendrai sans doute pas ici avant un bon moment.

Old memoriesWhere stories live. Discover now