Une Potterhead à Poudlard [PARTIE 1]

Chapitre 19

Le cerveau en ébullition, elle dut bien vite se décider à mettre par écrit ce qui lui passait par la tête. Elle prit un morceau de parchemin vierge, ainsi qu'une plume et de l'encre qui traînaient là avant de s'asseoir sur un des fauteuils qui étaient commodément placés près de la cheminée de la salle commune. Une fois à l'abri des regards, elle se mit à dessiner son plan d'exécution. Elle nota dans un premier temps sous la forme d'une liste par tirets le nom de tous les personnages « cibles », à savoir ceux qui allaient mourir et qu'elle tenterait de sauver. Elle traça ensuite plusieurs flèches et inscrivit toutes sortes d'abréviations afin de lier les évènements entre eux. Elle réalisa que le nombre de personnages voués à mourir allait croissant au cours de l'histoire, mais les premiers noms qui lui vinrent à l'esprit furent : Sirius Black, Cédric Diggory, Dumbledore, mais ensuite Dobby, Fred Weasley, Lupin, Tonks, Rogue, et bien d'autres encore. Il lui restait encore du temps pour réfléchir à la meilleure manière d'agir et de les sauver, mais elle était également consciente qu'elle ne pourrait pas en sauver certains. Il y avait en effet des personnages qui étaient supposés mourir sans qu'elle ne puisse rien y changer. Pourquoi donc, me direz-vous ? Eh bien, n'importe quel fan qui se respecte le saurait. La réponse est simplement liée au fait que leur mort signifiait de permettre à l'histoire de se terminer comme prévu. C'était un sacrifice.

La première mort inévitable qui lui vint alors à l'esprit fut celle de Dumbledore dans le sixième tome, Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé. Mais il y avait aussi celle de Severus Rogue, dont la véritable histoire avait profondément touché Leena à la fin de sa première lecture. Comme beaucoup d'autres lecteurs, elle avait tout du long presque détesté ce personnage. Du moins, elle ne comprenait pas cette animosité qui semblait l'animer chaque fois qu'il parlait à Harry. Mais c'était jusqu'à ce qu'elle n'arrive à la fin de l'histoire et ne comprenne qu'il avait en fait joué un rôle absolument crucial.

A la suite de quoi, et en réalisant tout le temps qui lui restait avant de mettre ses plans à exécutions, Leena se mit à repenser aux personnages secondaires et notamment aux parents de Neville. Ces derniers étaient toujours en vie, mais réduits à l'état de folie après avoir été soumis au sortilège Doloris par Bellatrix Lestrange. Frank et Alice Londubat étaient internés à l'hôpital Sainte Mangouste et Neville n'avait jamais pu raconter cela à quiconque, sauf à Harry et ses amis. Mais plus Leena réfléchissait, plus elle se rendait compte qu'une contrainte était en train d'émerger : sa présence. Car s'il y avait bien une chose qui risquait de la mettre en danger, c'était que l'on découvre sa véritable identité. Se retrouver toujours au bon endroit au bon moment était dangereux et ne ferait qu'éveiller les soupçons. Mais encore cela n'était pas le pire, car le pire restait... Voldemort. S'il venait à découvrir qui elle était et d'où elle venait, cela en serait finit d'elle et probablement de tous les autres personnages de ce monde. Le Seigneur des Ténèbres était après tout quelqu'un de stratégique, plein de ressources et d'une intelligence démoniaque. Leena pris alors conscience que la pire chose qui puisse lui arriver dans ce monde ne serait pas de mourir, mais d'être utilisée comme une arme.

C'est alors qu'une foule d'élèves entra dans la salle commune, arrachant Leena hors de ses pensées. En voyant tous ces inconnus aux joues et au nez rougis par le froid, la jeune fille en déduit qu'ils rentraient probablement de leur sortie à Pré-au-Lard. Parmi eux se trouvaient justement Julian et Iris. Dès qu'ils l'aperçurent, ils ne perdirent pas une seconde et allèrent à sa rencontre :

- On aurait préféré t'attendre plus longtemps, mais on était obligés de partir au dernier moment, dit Iris d'un air désolé.

- Ne vous en faîtes pas, répondit Leena. C'est ma faute, si mon autorisation de sortie avait été signée...

Julian et Iris s'installèrent alors près d'elle sur des fauteuils voisins, près de la cheminée dont le feu continuait de crépiter avec force :

- De toute façon, je suis sûre qu'il y aura d'autres occasions, reprit Iris avec un sourire qui aurait fait fondre un glacier tout entier.

Le regard de son frère se posa sur les parchemins que Leena tenait en mains.

- Mais tu ne t'es pas ennuyée à ce que je vois, dit Julian, curieux.

Il s'apprêta à lui prendre les documents des mains, mais Leena fut plus rapide et se précipita pour ramasser tous les parchemins qui traînaient. Elle espéra qu'ils n'aient pas eu le temps de voir ce qu'elle avait écrit et chercha un moyen de détourner leur attention :

- Oh, ça ? Ce n'est rien ! Je révisais certains cours, c'est tout.

- Quoi ? Réviser ? plaisanta Julian en faisant mine d'avoir mal entendu. Un dimanche en plus ? C'est déprimant !

- Arrête un peu Julian, intervint Iris, tu exagères. Nos examens ne sont jamais bien loin...Leena a bien raison de réviser. On aurait dû en faire autant !

- Disons que c'est surprenant de t'entendre parler de réviser un week-end, reprit Julian en ignorant les propos de sa sœur. Après tout, le travail et nous ça fait dix. Puis, c'est surtout que même si tu ne sembles jamais réviser, tu es parmi les meilleurs, et ça c'est vraiment agaçant...

Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine, songea Leena.

Elle aurait cru que Julian et Iris étaient des élèves studieux, peut-être un peu comme des « Hermione Granger » en devenir, mais ils semblaient surtout n'être que des élèves normaux qui, comme tout élève normal, avaient tendance à procrastiner. Cela ne voulait sûrement pas dire qu'ils rentraient dans la catégorie des cancres, d'autant plus que cela ne collait pas du tout avec leur caractère. Mais cela la rassurait de voir qu'ils n'étaient pas si différents d'elle de ce point de vue. Sauf peut-être...

- Parmi les meilleurs, tu dis ? l'interrogea-t-elle, perplexe.

- Pas la peine de jouer les modestes, répondit le garçon en roulant les yeux au ciel.

- La jalousie donne des rides, plaisanta Iris.

Pendant que les deux jeunes gens continuaient à discuter, Leena en profita pour enrouler les parchemins qu'elle tenait en mains.

- Vous vous êtes bien amusés à Pré-au-Lard ? leur demanda-t-elle alors, dans l'espoir de leur faire changer de sujet.

- Oui, c'était vraiment super ! répondit Julian dont l'attention venait d'être détournée aussi vite qu'un chat à l'odeur des croquettes. Il y avait pleins de boutiques et on n'a pas vraiment eu le temps de tout voir, mais...

- C'est surtout qu'on a passé le plus clair de notre temps chez Honeydukes, le coupa Iris. D'ailleurs on a pensé à toi, tiens !

La jeune fille lui tendit alors un gros sac rempli de toutes sortes de friandises et de chocolat.

- Oh comme c'est gentil !

- C'est trois fois rien, dit Julian. Mais j'espère vraiment que tu pourras venir avec nous les prochaines fois. Il y a tellement de choses à voir là-bas ! Et puis on n'est pas seulement restés à Honeydukes, on est aussi allés chez Zonko, la boutique de farces et attrape. Mais ce n'était rien à côté de la Cabane hurlante. Il paraît que c'est la maison la plus hantée de Grande-Bretagne ! J'ai eu des frissons rien qu'en la regardant, même de loin.

- Tu es un froussard de manière générale, le taquina Iris, ce à quoi le garçon répondit par un grognement désapprobateur. Enfin tout à l'air génial dit comme ça, mais je suis sûre que tu pourras bientôt te faire ta propre idée.

Leena s'apprêta à lui répondre quelque chose, mais ils furent tous les trois interrompus par l'arrivée d'un garçon blondinet à leur table :

- Désolé du retard, dit-il essoufflé comme un bœuf et le front ruisselant de sueur. Je suis allé rendre son bonnet à Millicent Bulstrode. Cette fille est un vrai tyran. Elle a fait exprès de me faire courir de Pré-au-Lard jusqu'aux cachots, tout ça juste pour lui rendre son fichu bonnet !