Chapitre 13

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Leena s'arrêta un instant sur l'image. Après une étude attentive, elle constata avec saisissement qu'il s'agissait d'une photo de ses parents. C'était bien eux, sa mère et son père, souriant jusqu'aux oreilles tandis que l'image bougeait en boucle à la manière d'un disque enrayé. Un instant sa mère volait un baiser à son père puis ils revenaient à leur point de départ, et souriaient à nouveau devant l'objectif. Leena se rassit alors sur son lit sans quitter des yeux la photographie. Elle la retourna et vit une écriture marquée à l'encre :

« A Leena, notre fille chérie

Juillet 1982 »

La date ne correspondait pas à la réalité et pourtant, sans savoir pourquoi, une larme se mit à couler sur sa joue.

- Non, pas ça... murmura Leena, la gorge serrée à mesure qu'elle réalisait ce que cette photographie représentait.

Les émotions la submergèrent soudain. Mais pourquoi ? Même si elle restait certaine qu'il ne s'agissait pas de la réalité, elle éprouva autant de chagrin qu'il était possible d'éprouver dans un moment de deuil. Elle serra la photographie dans ses mains tremblantes, jusqu'à la froisser de colère.

- Ressaisis-toi, se dit-elle après avoir essuyé sa larme d'un revers. Rien de tout cela n'est réel. Papa et maman vont bien, ils sont à la maison et ils t'attendent. Tout cela n'est qu'un rêve, rien qu'un rêve...

Une fois calmée, elle replia soigneusement la photographie dans la poche de son pantalon. Son regard se perdit dans le vide avant de retomber sur le formulaire de sortie posé sur son lit.

"Oh et puis zut ! Je n'ai qu'à le signer moi-même, ce fichu formulaire !"

Leena s'exécuta et signa rapidement le document à l'aide d'une plume et d'un peu d'encre qui se trouvaient dans sa valise. A la suite de quoi, elle quitta le dortoir et marcha en toute hâte en direction de la Cour de la Tour. Elle arriva juste à temps et reconnut au loin une femme vêtue d'une robe vert émeraude, de haute stature et à l'aspect plutôt sévère. Elle était coiffée d'un chignon bien serré et portait des lunettes carrées qui accentuaient son air strict et pincé. La foule d'élèves qui l'entourait semblait pressée de lui rendre le papier qu'ils tenaient en mains. Leena vit que le groupe se préparait à partir, à l'exception d'un garçon qui était resté en retrait. Le professeur McGonagall venait d'achever sa discussion avec lui, tandis qu'il rebroussait chemin d'un air dépité. Leena ne vit pas le garçon arriver dans sa direction, bien trop concentrée sur le groupe qui commençait à s'en aller, et le heurta de plein fouet à tel point que tous deux tombèrent l'un sur l'autre au sol dans un fracas. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, son visage n'était qu'à quelques centimètres de celui du garçon dont le front dégagé révélait une mince cicatrice en forme d'éclair. Il lui fut incapable de bouger car son corps était comprimé sous celui de la jeune fille. Leena se releva précipitamment. Ses joues s'empourprèrent dès lors qu'elle reconnut le garçon. Ce dernier resta un instant immobile, encore surpris par cette rencontre brutale. Leena lui tendit la main pour l'aider à se relever :

- Je suis vraiment désolée, dit-elle, bouleversée. Est-ce que ça va ?

- Oui, je vais bien, dit-il en se frottant l'arrière du crâne. Je crois que mes lunettes sont tombées quelque part...

Leena remarqua que ces dernières se trouvaient justement à ses pieds et elle s'empressa de les ramasser pour les lui donner. Le garçon la remercia tout en ajustant ses lunettes rondes sur son nez. Il distingua nettement le visage de son interlocutrice, laquelle venait de détaler à toutes vitesse avant même qu'il ait pu prononcer un mot de plus. Harry Potter n'était pas le genre de garçon à être tout à fait à l'aise avec la gente féminine, mais il songea que c'était bien la seconde fois qu'une fille le fuyait aussi vite, Ginny ayant été la première.  Leena n'était plus si pressée de rendre son autorisation de sortie. En vérité, elle aurait même adoré rester plus longtemps à discuter avec le célèbre Harry Potter. Mais sa timidité et son embarras avaient été tels que son seul réflexe fut la fuite. Cela avait tout pour être surréaliste, on ne pouvait pas lui en vouloir. Croiser Harry Potter en personne ? Mais oui, évidemment. Rien de plus normal. Il en avait fallu de peu pour qu'elle fasse une crise cardiaque, c'est tout. Peut-être venait-elle de débarquer au paradis, l'image qu'elle s'en était toujours fait, ou était-elle simplement devenue folle à lier. En chemin, elle réalisa que son autorisation de sortie n'était plus en sa possession. Elle se stoppa net dans sa course et se mit à tâtonner les poches de son pantalon. Le seul document qu'elle en ressortit fut la photographie mouvante encore légèrement froissée de ses parents, lequel suscita à nouveau un léger pincement au coeur. Elle s'évertua à chercher tandis qu'elle voyait, impuissante, le professeur McGonagall s'éloigner au loin avec le groupe d'élèves.

Mince ! J'ai dû le faire tomber tout à l'heure, se dit-elle.

Elle fit demi-tour en direction de l'endroit où elle avait bousculé le héros sorcier, mais une fois arrivée, aucune trace de son formulaire. Elle n'eut alors d'autre choix que de rebrousser chemin, dépitée.

- Je crois que c'est à toi, dit soudain une voix derrière elle.

Une Potterhead à Poudlard [PARTIE 1]On viuen les histories. Descobreix ara