Chapitre 6

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Lorsqu'elle rouvrit les yeux, les jambes encore engourdies, Leena se trouvait sur un sentier naturel, au cœur d'une forêt noire et profonde. Les ténèbres qui l'entouraient semblaient menacer de révéler leurs secrets, et elle sursautait à chaque craquement ou bruit dont elle ignorait la source ; le cri perçant d'un oiseau de nuit brisait le silence, les feuilles mortes frémissaient, les branches se balançaient, et les hurlements plaintifs d'un loup résonnaient au loin. Ces sons paraissaient tout proches, comme si elle était encerclée par une armée de créatures invisibles. Les arbres, semblables à des géants sombres et silencieux, avaient des branches nues ressemblant à de longs doigts maigres et tortueux. Les racines, noueuses et épaisses, évoquaient des tentacules. En levant la tête, Leena aperçut un magnifique ciel dégagé, parsemé d'étoiles. Il ne restait aucune trace du kiosque, du saule pleureur, ou du manoir. L'air était froid et humide, bien qu'il n'y ait ni vent ni pluie.

La jeune fille resserra son imperméable, frissonnant de peur. Elle se sentait observée, avec l'impression que quelqu'un, ou plutôt quelque chose, la surveillait. Elle s'imaginait déjà quelques paires d'yeux luisants dans la pénombre, tels des créatures épiant leur nouvelle invitée d'un air farouche. Ces regards invisibles l'oppressaient. Tout son corps lui criait de déguerpir, mais ses jambes s'y refusaient obstinément. Des bruits de sabots piétinaient le sol à grands coups, se rapprochant dangereusement. Avant d'avoir eu le temps de se cacher, une main énorme lui saisi le bras. Son teint pâlit lorsqu'elle aperçut une silhouette imposante surgir devant elle, une lanterne à la main. Le visage à peine éclairé et presque entièrement dissimulé sous une épaisse chevelure emmêlée, le colosse dominait de sa hauteur, dépassant vraisemblablement les deux mètres. Derrière une barbe touffue, deux petites pupilles noires luisaient comme des charbons ardents à la lumière de la torche. A ses côtés, un énorme molosse noir que Leena ne manqua pas de remarquer. Après une seconde passée à la dévisager, le géant prit s'adressa à elle sur un ton à la fois inquisiteur et inquiet :

- Mais qu'est-ce que diable tu fiches ici, toi ?

Sa voix résonnait d'une profondeur surprenante, arrachant à Leena un cri perçant qui se propagea à travers la forêt. Avant même qu'elle n'ait le temps de réagir, il l'avait soulevée dans ses bras et se précipitait déjà sur le sentier sinueux qui s'ouvrait devant eux, le tout avec une aisance déconcertante. Emprisonnée dans les bras du colosse, la peur paralysait Leena. Elle ferma les yeux, tentant de se convaincre que tout cela n'était qu'un cauchemar d'où elle émergerait bientôt. Pinçant sa peau dans un geste désespéré, impossible de se réveiller.

- S'il vous plaît... dit-elle d'une voix tremblante.

L'homme ne l'entendit pas, toujours concentré sur sa marche. Son gros chien noir à ses côtés le suivait à une vitesse constante. Au bout de cinq longues minutes, ils arrivèrent près d'une cabane à l'aspect rustique, illuminée par plusieurs lampes à huile. Lorsqu'ils arrivèrent à destination, l'homme libéra Leena de son emprise en la déposant à l'entrée de la cabane. 

- Crockdur, surveille-là un instant, tu veux ?

Le chien aboya en signe d'accord. Le colosse pénétra dans la cabane, laissant derrière lui la jeune fille, toute tremblante, assise sur le porche. Toujours en état de choc, son instinct lui répétait de prendre ses jambes à son cou, mais avec cette énorme bête noire qui gardait un œil sur elle, impossible de bouger d'un centimètre. Il lui sembla même que deux petits yeux jaunes brillants à la manière de deux ampoules étaient en train de la fixer au cœur des ténèbres. Tout son corps en fut parcouru de frissons. Quelques secondes plus tard, le géant revint avec une grande tasse fumante dans une main et une grosse couverture en laine dans l'autre. Il recouvrit Leena à l'aide de la couverture, et lui tendit ensuite la tasse avant de reprendre la parole en fronçant ses sourcils broussailleux :

- Qu'est-ce qui t'a pris de hurler comme ça tout à l'heure ? Tu m'as fichu une de ces frousses !

En voyant la jeune fille rester silencieuse, il poursuivit :

- Je ne t'ai jamais vue ici... Enfin, Poudlard est une grande école. N'empêche, je n'oublie jamais un visage. Tiens, bois ça, ça te réchauffera. Du chocolat chaud, fait maison !

Leena obéit, plus par peur de contrarier le géant que par plaisir de goûter à la boisson. Néanmoins, son palais fut agréablement surpris par l'arôme sucré et léger de la boisson. Elle sentit tout son corps se détendre et se réchauffer à mesure que le liquide brûlant glissait le long de son estomac. Depuis son arrivée, elle continuait de fixer le sol tout en évitant précautionneusement de croiser le regard de son assaillant ou même de son chien. Mais une fois qu'elle eut vidé la tasse de son contenu, elle se risqua à relever la tête et vit nettement le visage du géant, maintenant éclairé par les lanternes qui entouraient la cabane.

- Oh mais... MAIS, VOUS ETES ! s'étrangla-t-elle.

Une Potterhead à Poudlard [PARTIE 1]Where stories live. Discover now