Chapitre 1

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" Les mots sont à mon avis, qui n'est pas si humble, notre plus inépuisable source de magie. Ils peuvent à la fois infliger des blessures et y porter remède." – Harry Potter et les Reliques de la Mort Partie 1, Dumbledore

Il était une fois une jeune fille de treize ans, héritière d'une riche famille, qui s'appelait Leena Gray. Lectrice assidue des livres d'aventure, Leena affectionnait tout particulièrement les romans d'Harry Potter. Ils constituaient sa collection préférée depuis sa plus tendre enfance. Elle adorait plus que tout le fait de pouvoir se plonger dans des univers emplis de créatures magiques, de pouvoir s'identifier aux protagonistes tout en les suivant dans leurs périples. Une expression candide pouvait toujours se lire sur son visage à mesure qu'elle en parcourait avidement les pages.

Ses longs cheveux noirs, bouclés et soyeux, ne semblaient ne jamais s'emmêler, mais quelques mèches rebelles lui retombaient parfois sur les yeux. Sa peau, presque aussi blanche que de la porcelaine, souffrait souvent des rayons estivaux, et en été ses joues étaient constellées de taches de rousseur. Ses yeux bleus en amande viraient parfois au turquois et brillaient avec une clarté unique, semblables à deux émeraudes. Son regard dégageait d'ailleurs une certaine mélancolie et une profondeur rappelant celle de l'océan.

Sa santé fragile lui imposait de faire l'école à la maison, et de ce fait, ses journées étaient réglées comme une horloge. Un tuteur privé qu'elle appelait monsieur Jenkins l'accompagnait dans ses apprentissages. Il lui donnait des cours d'histoire, de géographie, de musique, de sciences et de mathématiques. Malgré sa petite taille et son âge avancé, c'était un homme à l'allure robuste qui ne semblait jamais épuisé par la vie. Il portait chaque jour un nœud papillon de couleurs et de motifs différents. Sa barbe courte était aussi blanche que ses cheveux, ce qui lui donnait un air de vieux sage excentrique. Il avait enseigné en tant que tuteur dans la famille Gray depuis que le père de Leena était enfant. Après s'être marié jeune, sa femme mourut d'un cancer à une quarantaine d'années seulement. Il ne se remaria jamais après cela. Leena était d'ailleurs toujours curieuse à ce sujet et lui posait beaucoup de questions sur sa femme à la fin de ses cours. Mais ce dernier restait toujours assez bref dans ses réponses, rappelant seulement combien il l'avait aimée et comment l'amour pouvait rendre aveugle lorsqu'on était jeune. Son élève ne connaissait bien sûr pas grand-chose sur le sujet, seulement de ce qu'elle avait pu lire dans les livres. Malgré les tragédies qui accompagnaient ses histoires, l'amour restait un sujet qui intriguait Leena. Elle qui n'était jamais tombée amoureuse, elle ne pouvait que se l'imaginer. Mais déjà eut-il fallu qu'elle ait des amis, puisqu'il lui était défendu de sortir à cause de sa santé. Elle vivait, pour ainsi dire, dans une maison trop grande, remplie de domestiques, avec pour seule compagnie ses parents et ses livres.

Sa mère ne travaillait pas et son père était un architecte renommé. Leur maison n'était rien de moins qu'un gigantesque manoir rénové, construit à mi-chemin entre la campagne et la ville, dans un petit village de Grande-Bretagne. Mais Leena avait toujours eu l'impression de vivre sur une autre planète. Elle rêvait de pouvoir faire le tour du monde et de découvrir les merveilles qu'il recelait. Bien sûr, elle avait fait quelques tentatives de fugues par le passé, des jours où sa curiosité avait été trop forte pour être contenue. Sa plus lointaine aventure s'était arrêtée près d'un lac gelé qui traversait le village. Agée de neuf ans à peine, elle avait contracté une pneumonie aggravée à cause du froid. La police l'avait alors retrouvée allongée sur l'herbe enneigée, souriant jusqu'aux oreilles.

« Nous étions tous morts d'inquiétude et toi, même dans cet état, tu souriais ! Mon Dieu... si tu n'existait pas, il faudrait t'inventer. », lui avait alors dit sa mère.

Leena se souvenait de cette fameuse fugue. Ça avait été un des plus beaux jours de sa vie. Elle  compris qu'à défaut de pouvoir sortir, les livres pourraient constituer son échappatoire. Ils étaient pour elle un moyen de voyager et de ressentir des choses qu'elle n'avait jamais vécu.

Physiquement, elle ressemblait peu à sa mère, une jeune femme au visage pâle et aux cheveux roux. Ses yeux tombants aux pupilles ambrées faisaient penser à des feuilles d'automne et le même air mélancolique pouvait se lire dans son regard. Cependant, Leena gardait en elle une force indomptable, un esprit de liberté inné qui la rendait souvent têtue, surtout lorsqu'il s'agissait de vouloir sortir explorer le monde. Une fois qu'elle avait une idée en tête, il était presque impossible de l'en détourner. Déjà plus jeune, elle s'était rebellée contre ses parents à propos du fait de ne pas pouvoir sortir. Elle ne comprenait pas le fait qu'ils puissent la laisser enfermée chez eux comme une prisonnière. Mais à force de leur tenir tête, ils avaient finit par faire un compromis. Elle aurait le droit de sortir, mais uniquement le week-end, et à condition d'être toujours accompagnée de sa nourrice, Namei.

Chaque week-end, Leena pouvait alors savourer ces moments de liberté. Un sac de pique-nique en mains, elle et sa nourrice allaient s'asseoir sur l'herbe près du lac. Il y avait aussi un parc non loin de là, mais Leena préférait rester près de l'eau claire, savourer son déjeuner tout en y sentant sa fraîcheur et en admirant les reflets qui s'y dessinaient au crépuscule. Elle trouvait cela réconfortant d'observer la nature, les canards qui nageaient dans l'eau avec insouciance, ou encore les feuilles mortes qui pouvaient flotter à la surface. Sa nourrice, Namei, qu'elle avait pour habitude d'appeler « Nana », se contentait de rester près d'elle et de l'observer avec bienveillance. 

Namei était une femme charmante âgée d'une cinquantaine d'année qui s'était occupée de Leena depuis sa naissance. Elle adorait les enfants, bien qu'elle n'ait jamais pu en avoir. Elle leur avait voué presque toute sa vie, juste après la mort de sa mère qui ne jurait que par ce travail. D'une certaine manière, cet emploi lui avait sauvé la vie, tout particulièrement à ses heures les plus sombres. Lorsque le couple Gray l'avait appelée pour s'occuper de leur fille, Namei était tout de suite tombée amoureuse de leur beau bébé. Lorsqu'elle porta Leena dans ses bras pour la toute première fois, elle su qu'elle serait faite pour ce travail. Elle n'oublierait jamais ces grands yeux bleus remplis de curiosité qui l'avait scruté pour la toute première fois, ni son adorable visage rond qui lui avait souri après avoir passé des heures à pleurer dans son berceau, près de ses deux parents fous de joie mais néanmoins épuisés par l'inquiétude et le manque de sommeil. Rien que de penser à la vitesse avec laquelle Leena grandissait, Namei avait un petit pincement au coeur. Elle lui avait toujours porté une grande affection, la considérant comme sa propre fille.

Une Potterhead à Poudlard [PARTIE 1]Where stories live. Discover now