Chapitre 11

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Le corps affalé sur le canapé, les yeux rougis, les mouvements lents, les gestes mal coordonnée, et le bruit de fond de la télé donnait un effet d'abandon totale à une vie « normal », cette scène rimait bien trop à une vie sans but, un à une descente douloureuse dans les ténèbres. L'alcool coulait dans sa gorge, la brûlait et la pivotait légèrement au passage. Les effets était déjà visible au vu du nombre de bouteilles d'alcool en tous genre déjà vide et éparpillé à ces pieds. Cette boisson alcoolisée lui permettait de fuir lâchement la réalité mais cela lui faisait du bien. Cela lui faisait du bien de fuir cette triste réalité, cela lui permettait de renier ce qui lui arrive, de renier ce qui c'est passé et ce que on lui a arraché brutalement, sans un adieu, sans un avertissement, rien. Comme si cette personne n'avait jamais existé. Cette boisson lui permettait de ralentir sa descente en enfer, qui a pourtant commencé depuis longtemps déjà. Cette haine, tristesse et rage que son corp retient, depuis un bon moment déjà, se déverse au quotidien sur une seule et pauvre personne : T/P

Cette personne était et est, pour lui, la source de son malheur. Pour lui, elle avait causé l'accident. Il y a aussi le fait qu'il veut qu'elle soit parfaite, conçue exactement comme il le souhaite mais, comme tout le monde le sait, personne n'est parfait. Mais pour lui ce n'était pas vrai, elle pouvait être parfaite mais elle ne s'en donnait pas les moyens. Si seulement il savait, le nombre d'heures passées à travailler, à pleurer parce qu'elle savait déjà à l'avance que quoi qu'elle fasse ou obtienne cela ne sera jamais assez suffisant. Tiens en parlant d'elle, elle rentrait tout juste des cours.

La personne qui franchissait la porte sous ses yeux la dégoûtait, même si c'était sa propre fille. Elle la dégoutait par ce qu'il la trouvait incapable à rien, imparfaite et surtout, depuis l'accident, il la voyait comme le di able incarné. Alors que la pauvre fille n'avait rien fait.

« Papa j'ai...j'ai eu 18,5 à mon contrôle de mathématiques... » sa voix était faible, hésitante, peu sûr.

« C'est bien mais tu aurais pu faire beaucoup mieux ! Monte dans ta chambre réviser sale garce, tu ne sais rien faire ! »

Ça note était bien évidemment bien plus que bien, ces heures de révisions avaient visiblement payé mais pour lui ce n'était toujours pas assez. Une rage constante habitait son père, il voulait absolument que sa fille soit parfaite, ne se souciant pas de son mental ou même de ses émotions. Elle n'avait pas le droit à l'erreur, ni de faire une erreur, de simplement sortir ou même juste de ressentir des émotions qu'il qualifie de faible.

Sa manière de penser était insensée, dépourvue de sens et de logique.

Il pensait qu'en la rabaissant et l'insultant elle cherchera à se surpasser et à mieux faire, mais c'était tout à fait l'effet inverse. Ces remarques la tiraient vers le bas, lui faisait perdre le peu de confiance en elle. Seuls les plus téméraires et forts de la vie et mentalement se surpassent à chaque remarque rabaissant à leur égard.

Les coups eux, n'avaient aucune raison ou motivation, ils partaient tout seul dans le « feu de l'action ». Les coups était une manière d'extérioriser la colère en lui, la colère que sa fille ne réussisse pas, qu'elle ne soit pas comme il veut, qu'elle soit faible.

Si seulement il savait à quel point elle était brisée, que rien ou presque ne pouvait la réparer. Les vacances s'annonçaient déjà longues et difficiles pour T/P.

Mais à ce niveau la pauvre fille a atteint ses limites. Elle n'était ni heureuse ni triste, elle travaillait chaque jour comme une acharnée sans vraiment en voir l'utilité. Elle se lève chaque jour sans en voir l'utilité.

La jeune fille rentra dans sa chambre, le miroir à l'opposé de sa chambre montrait son reflet.

Son corps était en piteux état, son teint était blafard, son visage fatiguée, son corps était couvert de bleu, d'égratignure jamais soigné. Un soupir passa la barrière de ses lèvres.

Une notification vînt la sortir de ses pensées, qui pouvait bien la contacter ? Elle se mit à chercher son téléphone qu'elle avait laissé dans sa chambre.

Oh tiens Sun-Hi. Cela faisait un petit moment qu'elle n'en avait pas eu de nouvelles. Cette dernière venait de lui envoyer un message, dans lequel elle demandait des nouvelles de T/P, et s'excusait de son absence dû à son travail. La jeune fille lui répondit assez rapidement. La discussion se poursuivit, les deux jeunes femmes discutaient de tout et de rien, de petite broutille de la vie. Cela est une chose anodine et minime mais Sun-Hi a permis à T/P, pendant l'espace de quelque instant, de respirer et de vivre une vie « normale ». Mais en soi qu'est-ce qu'une vie normale ? A part cette routine étouffante que nous impose la société, qu'est ce que l'humain est censé faire, a part se lever, travailler et se recoucher pour recommencer de plus bel le lendemain. C'est une bonne question que se pose la jeune fille chaque jour.

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La discussion finie T/P s'était allongé dans son lit, elle fixait la plume posée sur sa table de nuit. Laissant ses pensées divaguer et filer au gré de ses envies. Elle repensa soudainement à l'homme qui l'avait aidé hier soir. Ce jeune homme dont le visage était caché par un masque noir et ne laissait qu'apercevoir ses yeux. Elle se souvient parfaitement de ses yeux, des yeux d'un noir profond rempli d'une drôle de lueur. Une chaleur s'était installée entre elle et cet inconnu, elle se sentait bien à ses côtés. Elle ne l'avait jamais vue avant, pourtant elle semblait l'avoir déjà vu, ses yeux, sa voix lui disait quelque chose mais elle ne parvenait pas à mettre la main dessus. En y repensant cet homme semblait n'être qu'un fruit de son imagination, une illusion puisqu'elle n'avait aucun nom, aucun moyen de le contacter et elle ne le reverra probablement plus jamais.

Son père entra soudainement dans sa chambre. La jeune fille prit peur et se leva brusquement.

« Alors comme ça tu sèches les cours ? » sa voix résonnait dans la pièce, seul le silence lui répondit « Répond moi ! Tu sèches les cours huh ?! Je vais t'apprendre à sécher les cours moi »

Le père s'approcha furieusement, T/P recula dans un coin de son lit tentant de se protéger misérablement avec ses bras. Son père la frappa, encore, sans merci. Furieux d'apprendre qu'elle séchait les cours, mais si seulement il savait. Si seulement il savait qu'encore une fois Jake et son ridicule groupe d'amis a décidé de l'humilier dans la cantine avant de vulgairement la jeter dans une salle et de l'enfermer. Encore une fois personne n'a réagi. Encore une fois T/P à subi l'idiotie de ces jeunes. Encore une fois cette voix s'était élevée. Elle était restée dans cette pièce deux heures, le temps de rater deux cours. Elle avait un peu paniqué au début mais c'est très vite calmée lorsque la voix de sa moitié s'était fait entendre, elle avait même fini par s'endormir dans un coin. Lorsque Jake vint lui ouvrir elle sortit en courant, voulant se débarrasser au plus vite de l'école et toute les choses mais elle fut vite rattrapée par Jake et ce qui se passa après, vous le savez déjà.

Elle se demande encore ce qui se serait passé s'il n'était pas venu. En tout cas, ce qu'elle savait c'est que Jake voudra surement prendre une revanche.

Son père sortit de la pièce laissant la jeune fille allongée dans son lit, pleurant. Traçant des sillons humide sur ses joues. Encore...

Sa main chercha à tâtons la boîte de somnifère sur sa table de nuit. Tous ces problèmes avaient causé des soucis de sommeil et elle avait besoin de ses médicaments pour s'endormir.

Sa main tremblante ouvrit maladroitement la boîte qu'elle porta à sa bouche, la bouteille d'eau se porta à ses lèvres, l'eau coula dans sa gorge accompagnant les médicaments.

Ils allaient agir dans quelques heures, alors elle décida d'aller dans la ville. Pour une dernière fois sûrement...

Elle envoya rapidement un message à sa seule amie, Sun-Hi...

« Salut, je suis désolée...Ce message sera sûrement mon dernier. Je n'ai pas réussi à tenir notre promesse désolée, mais s'il te plait ne m'en veux pas et surtout ne t'en veux pas. Tu n'y es pour rien, c'est juste moi...moi qui suis trop faible pour ce monde. Je te surveillerais sûrement de là-haut, merci... »

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You got Me, je te regarde et je rêve

SoulmateWhere stories live. Discover now