Chapitre 8

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Le cri strident du réveil vint tirer T/P brutalement des bras de Morphée. Elle l'éteignit rapidement avant de se lever. Et elle constata avec surprise que la plume, qu'elle avait posée sur sa table à chevet, avait noircie. Un grand mystère planait déjà autour de cette plume mais il ne fait que s'épaissir. Soit. Elle allait être en retard alors elle mit ces questions de côté et se prépara rapidement pour aller à l'école.

Cette journée commença « normalement » avec les insultes du groupe de Jake sous les rires des autres élèves.

Durant la journée, dès qu'elle laissait son esprit divaguer, il se dirigeait vers la plume. Les questions revenant en masse mais restait sans réponse.

Ce n'est que le soir, quand la brise s'élevait, que Jake décida de lui verser un seau d'eau sur la tête, rigolant à pleine gorge en voyant sa victime trempée.

Et c'est le corps grelotant et tremper qu'elle rentrât chez elle. Evidement son père piqua une crise en la voyant tremper.

« Tu es inutile »

« Je regrette de t'avoir eu »

« T'es une merde »

« Tu gâches ma vie »

Ces mots sortaient rageusement de la bouche de son père et résonnaient dans sa tête. Ses mains se mirent à trembler, sa vision semblait devenir floue, l'air avait du mal à rentrer. Elle croyait devenir folle. Elle sortit précipitament de la maison et se mit à courir vers la forêt de la ville.

Son souffle était erratique, ses joues étaient rouges et ravagées par les larmes. Le froid engourdissait ces membres et pourtant elle courait. Les branches lui écorchaient parfois les bras. Elle courait aussi vite qu'elle pouvait, pourtant rien ne la pourchassait elle avait juste besoin de se laisser aller. Elle ignorait son cœur qui battait à un rythme de folie et la difficulté qu'avait l'air à rentrer. À bout de souffle elle s'arrêta et poussa un cri effrayant, plein de tristesse, de désespoir. Elle n'en peut plus de cette vie, pleine d'obstacle et d'épreuve. La peur l'emplit la peur la ronge. Chaque jour elle a peur, peur de ce que l'avenir lui réserve, peur du lendemain. Elle pleure si fort, le soir, que le monstre sous son lit en a peur et compatit. Elle n'est pas particulièrement triste mais elle n'est pas heureuse.

Elle ne ressent rien.

Elle étouffe dans cette boucle infinie qu'est la vie. Il faudrait que quelqu'un vienne la sauver, avant qu'elle ne tombe dans ce trou sans fin de ces peurs, avant qu'elle n'abandonne et n'arrête de se battre, avant qu'elle n'abandonne se combat contre un ennemi invisible. Elle est fatiguée et malade de tout mais pourtant elle continue de se lever chaque matin. Mais l'envie de ne jamais se réveiller le matin était bien présente.

Elle avait tant couru qu'elle est arrivée au bout de cette forêt. C'est une vue panoramique sur la ville qui s'offrait à elle. Le soleil se couchant, laissant la place à la lune qui gardait les secrets des nuits de Séoul. Le ciel était peint dans un magnifique dégradé de bleu et d'orange.

Les Séoulites devaient dormir paisiblement à cette heure-ci.

Elle essuya d'un revers de manche ces larmes et s'assit par terre, observant sans un mot, observant le magnifique paysage, ignorant le froid et ses habits encore humides. Décidément, jamais elle ne se lasserait de cette vue.

-

Perdue dans ces songes et ses questions elle était restée tard ici. Ce n'est qu'au bout de une heure ou deux qu'elle repartit. Mais elle ne prit pas le chemin de la maison, elle ne fit que suivre la lune se baladant au hasard dans la ville, passant des quartiers de la nuit aux quartiers calmes de Séoul. C'est soudainement qu'elle sentit une étrange douleur derrière son oreille. Comme si quelque chose avait piqué furtivement sa peau.

Elle s'observa dans un reflet de vitrine et remarqua avec surprise que quelque chose s'est dessiné. La faible de lueur de la lune ne lui permettait pas de voir clairement ce que c'était mais elle distinguait vaguement des lettres, une lune et des étoiles. Serait-ce le tatouage de son âme-sœur ?

T/P marcha encore quelques heures avant de rentrée chez elle, le plus discrètement possible. Mais, ne l'ayant pas vu rentrer, son père l'attendait de pied ferme. Les bras croisés et le visage plié dans une expression agacé et colérique. Il observait le visage apaisé par la petite promenade nocturne et fatiguée par les évènements de sa courte vie, de T/P, ses cheveux encore un peu humides tout comme ces habits.

« Où étais-tu ? » dit-il en détachant chacun de ses mots et en se levant.

T/P ne répondit pas, et attendit simplement en fixant le sol.

« Tu ne vas pas me répondre huh ? » continua son père en s'approchant d'elle. Il la poussa violemment contre la porte d'entrée, abîmant encore son dos et faisant grimacer T/P.

Il lui hurla brusquement de monter, ce qu'elle fit précipitamment, montant les marches rapidement. Elle passa rapidement dans sa chambre pour prendre des habits propres avant de se diriger d'un pas las vers la salle de bain.

Le miroirs était embuée, témoignant de l'eau chaude qui coulait sur la peau de T/P laissant des traces rouges sur son passage. Pourtant elle ne bougeait pas, laissant l'eau lui mordre la peau pendant que son esprit se perdait dans ces songes et ses ténèbres les plus profonds. Le froid l'avait rattrapé lorsqu'elle avait vu de loin la petite maison de son père, par miracle son corp avait réussi à ignorer le froid, comme si ce dernier compatissait aussi et laissait la jeune fille se reposer complètement. Elle observait l'eau sur sa peau rouler sur sa peau et se laisser glisser jusqu'à être englouti dans la bonde de la douche.

Cette sensation d'étouffer dans cette misérable vie lui bouffait les tripes, chaque jour elle avait peur. Chaque jour elle espère qu'elle disparaisse rapidement pour ne plus avoir à souffrir pourtant il y a une petite voix dans sa tête qui lui dit de rester forte, qu'après l'effort il y a le réconfort. Ces cicatrices sur son avant-bras témoignent d'un triste combat qu'elle a perdu mais aussi gagné. Gagné car au final elle est encore là, debout à se battre chaque jour.

Elle se sécha et s'habilla rapidement avant de se rappeler qu'elle avait vu un dessin derrière son oreille tout à l'heure alors elle l'observa dans le miroir. C'est en effet une petite lune traversée horizontalement par un mot: Euphoria, la Lune était encerclée par des petites lunes. 7 au total. Mon âme soeur et surement fan de BTS aussi, pensa-t-elle. Elle l'observa encore quelques instants, passant sa main dessus. Ça y est quelque chose était là pour prouver que quelqu'un va l'aimer et la cherche. Ce dessin en est la preuve.

De retour dans sa chambre, elle traîna sur son téléphone une partie de la nuit, regardant les vidéos de son groupe préféré, souriant, riant parfois. Un beau et sincère sourire qui n'était pas apparu sur son visage depuis longtemps déjà. Ce groupe a décidément des talents fous, ce groupe a quelque chose en plus. Outre leur musique c'est leurs passions, l'amour, le réconfort et la force qu'ils donnent à leur fan. Jamais, ô grand jamais elle n'aurait pensé que de simple « inconnu » puisse jouer un si grand rôle dans sa vie. Au travers de leur chanson parfois engagée parfois lyrique elle parvenait à se reconnaitre, à se retrouver.

Ce n'est qu'aux alentours de 3h00 ou 4h00 qu'elle enfonça ces écouteurs et se laissa emporter par les notes. Se laissant emporter dans la bulle que la musique parvenait à créer, créant une barrière avec le monde réel.

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Jungkook buvait à grande gorgée l'eau, et il ressentit une drôle chaleur derrière son oreille, là où la petite lune se cachait. La chaleur était restée quelques secondes avant de s'estomper. Une musique singulière résonnait maintenant. Il laissait son corps bouger au rythme du son, profitant de ce moment où il ne pensait à rien. La musique s'arrêta son corps s'échoua au sol, son souffle erratique était le seul son qui brisait le silence de la pièce et c'est un petit rire qui le brisa. Enfin un rire que seul lui pouvait entendre. Et ce rire lui fit chaud au cœur, ses lèvres s'étirèrent dans un sourire rassuré et heureux. C'est bien la première qu'il entende son âme-sœur rire et il se demande bien ce qui la ferait rire à une heure si tardive.

Ils s'enchainèrent pendant quelque temps avant que le silence ne represse possession des lieux, pourtant son sourire ne disparu pas. Il se sentait bien, heureux que sa moitié ait trouvé quelque chose qui la fasse rire.

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Ne disparais pas, car ton existence est importante 

SoulmateWhere stories live. Discover now