Chapitre dix

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KEZAR

Royaume de Kagy.

Je courrais aussi vite que possible, sautant d'un toit à un autre. Heureusement à Gylf, les toits étaient plats. Je roulai sur un, me rattrapai sur le toit suivant et continuai de courir.

Le bruit d'une bolas résonna et j'eus à peine le temps de rire en roulant sur le côté. La bolas alla s'écraser sur le mur à côté de ma tête et y fit un trou.

Ça aurait pu faire très mal !

— Loupé ! ricanai-je.

Dans l'espoir de semer mes ennemis, je sautai à bas du toit et atterris dans une grosse botte de foin. Je m'en dépêtrai en jurant et une flèche frôla ma tête.

— Eh ! criai-je. Elle aurait pu m'atteindre celle-là !

Des grognements de rage me répondirent, mais déjà je soulevai la grille d'un égout et m'y jetai. Rapidement, je pris plusieurs virages, connaissant par cœur les égouts de la Cité-Mère de Kagy. D'une certaine façon, j'y étais né, alors c'était mon territoire.

Celui que je pouvais très bien gérer et celui dans lequel je pouvais me planquer. Des bruits de pas dans l'eau sale me firent comprendre que je n'étais plus tout seul.

Je me planquai dans une sortie d'eau pas très propre et attendis quelques instants. Je tentai de remettre correctement ma protection d'épaule en métal qui avait pris un coup. Je touchai la petite bosse sur mon torse ainsi que l'estafilade sur mon flanc gauche.

Rien de grave, mais j'allais devoir être plus prudent à l'avenir sur mes associés de vol. s'ils étaient plus affamés qu'il ne le pensait, il fallait vraiment que je réfléchisse à deux fois avant de faire affaire avec eux.

Je la mettais à l'envers aux autres et pas l'inverse.

N'entendant plus aucun bruit, je sortis ma tête et poussai un bref cri quand une lame voulut s'abattre sur moi. Je la contrai de ma propre dague et mis un coup de coude dans la tête de la femme qui tentait de m'assassiner.

— Donne-le-moi ! hurla-t-elle en se remettant à courir derrière moi.

— Jamais ! dis-je en rigolant. J'étais là le premier !

— Tu te fous de ma gueule ! cria-t-elle de plus belle.

J'esquivai sa lame une nouvelle fois et pivotai brusquement pour la surprendre. Je réussis à la faire tomber dans l'eau et me remis à lutter contre le courant qui devenait de plus en plus fort.

Je pris à gauche là où l'eau était rejetée dans les montagnes et formait un gros ruisseau qui s'évacuait jusqu'au fleuve le plus proche. Nous n'avions jamais dit que Gylf était une ville propre n'est-ce pas ? Je me plaçai au bord de l'évacuation et regardai en contre bas. C'était plutôt haut non ?

— Tu es fait comme un rat ! siffa Brisbane en apparaissant toute trempée.

— C'est toi qui as voulu me voler ce collier, ma belle, remarquai-je.

— Tu étais censé être loin ! Alors, rends-le-moi ! Je dois le revendre !

— Dis donc, tu n'aurais quand même pas essayé de me voler ? m'écriai-je.

Ses cheveux collaient contre son crâne. Je remis correctement mon turban sur ma tête et cachant mes cheveux argentés qui faisait un étrange contraste avec ma peau d'un marron foncé. Quand on vivait en Kagy, il fallait apprendre à bronzer, c'était une base vraiment. Surtout quand on se baladait torse nu comme moi. Néanmoins, lors de ce genre d'évènement, personne ne devait voir mes cheveux.

— Rends-moi le collier, Kanje. Et je te laisserai partir, grogna-t-elle en me pointant de sa lame.

Kanje n'était pas mon vrai prénom, mais elle n'était pas censée le savoir. Je ricanai face à son ton impérieux.

— Tu n'as pas ton mot à dire sur ma fuite ! rétorquai-je.

D'autres pas se rapprochaient. Les gars de Brisbane seraient plus nombreux que ma petite personne. Alors, il fallait que je saute.

Je voulus faire un pas en arrière, mais soudain, mon souffle se coupa. Et un brusque pique de douleur traversa ma poitrine, en plein dans mon cœur.

Pendant un instant, je crus que j'avais pris une flèche à cet endroit de mon corps, mais en y regardant de plus près, il n'y avait rien sur ma peau.

— Kanje ? m'appela Brisbane.

Je la regardai un instant, confus et soudain, la douleur me souffla de part et d'autre.

Alors que mon corps chutait dans le vide, une voix résonna dans ma tête.

Aussi fort que si la bouche de la personne avait été à côté de moi.

JE NE VEUX PAS !!!!!

Le vent souffla et des petites griffes se plantèrent dans mes bras, ralentissant ma chute.

L'animal émit encore des petits bruits, mais éventuellement, j'étais plus gros que lui et nous roulâmes dans l'eau usée de Gylf, dans un petit bassin sale.

Je toussai et m'étouffai à moitié avant de regarder Sneezy devant moi. Il éternua plusieurs fois, agitant son petit corps vert, poilu et rondelet. Ses petites ailes émettaient de drôles de bruits. Heureusement qu'il n'avait pas pris son autre forme. Les Volins étaient des petites bêtes effrayantes quand elle le voulait.

— Ça va ça va, le rassurai-je en grattant ses grandes oreilles velues.

Il couina de nouveau et regarda vers le haut.

— Je te trouverai ! hurla Brisbane.

Je relevai mon foulard sur le bas de mon visage.

Frottant ma poitrine, je regardai autour de moi avant de trouver une sortie. Sneezy me suivit en volant à côté de ma tête, ronchonnant encore et encore sur mes sauts périlleux.

Que venait-il de se passer exactement ? 

**

Qui est le suivant ? 😎

Les Echos de la Flamme - Tome 1 Le Réveil du Chagrin [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant