Chapitre quarante et un

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KEZAR

Je me réveillai en sursaut. La sueur recouvrait mon torse, ma nuque. Mon corps me tirait quand j'essayais de me redresser. Le rêve s'estompait et me laissait un goût amer dans la bouche. Je regardai mon torse. Nous avions eu un affrontement dans la nuit. Ceux qui semblaient devenir fous augmentaient en nombre et j'avais dû en tuer un hier soir. Si Ergo apprenait tout ça, nous ne pourrions échapper à la punition. Ou à la décapitation devrais-je dire. Il était interdit de s'entretuer au sein de la Guilde, pas sans être dans l'arène du moins. Et des cadavres étaient retrouvés à travers Gylf. Bien plus qu'on aurait dû en trouver. Ergo pensait encore coupables les « hommes » qui avaient tué des assassins de la guilde il y a de cela plusieurs lunes. Renfri et Sekhir n'en étaient pas responsables cependant.

Je jetai un coup d'œil à une chevelure rouge feu. Si Sai était ici, dans mes quartiers, alors cela voulait dire que Renfri dormait profondément dans les siens. Tant mieux. Cette princesse n'avait pas attendu longtemps avant de retourner faire un tour dans la ville.

— Rapport ? grognai-je.

Je balançai mes jambes en dehors du lit avec quelques bruits de douleurs. Bon sang, ces rêves devenaient de plus en plus réels à mes yeux. Cela n'indiquait rien de bon. Ni pour moi. Ni pour le reste de mon domaine.

— Elle a assisté à un des meurtres, souffla Sai.

Je sentis un doute chez elle. Je fronçai les sourcils et fis un signe de la main pour qu'elle continue de parler. Je devais tout savoir sur Renfri. Cette fille cachait bien plus de choses que moi et je n'en savais même pas la moitié.

— Elle suivait les gamins, ajouta mon acolyte. Et quand les gosses ont voulu faire les malins, elle les a retenus d'y aller.

Je la regardai en silence pendant de longues secondes.

— Tu veux dire qu'elle a... senti quelque chose ?

Sai grimaça, tout aussi dubitative que moi.

— Je n'en sais rien, admit-elle. Elle a retenu les gamins et quelques secondes plus tard Ordiel tuait Gemar.

— Ordiel ? murmurai-je. Tu veux dire l'Ordiel que j'ai tué cette nuit parce qu'il voulait me bouffer le visage ?

Sai hocha la tête, mauvaise à présent. Quelque chose ne tournait pas rond.

— Il faut trouver le point commun à tous ces morts, Kezar. Et si Renfri peut les repérer, alors c'est elle qu'il faut utiliser.

Je secouai la tête et me levai sur mes pieds.

— Non, tranchai-je. On se débrouille. Ce sont nos affaires, pas les siennes. C'est une princesse bordel. Lorsque la Foudre va se réveiller pour se rendre compte de tout ce que je n'ai pas su faire pour la protéger, je vais me faire dépecer. Pas vous. Pas elle. Moi. Parce que je suis le responsable ici. Compris ? Donc je choisis ce qu'on fait d'elle.

Sai haussa ses épaules.

— Ce n'est pas comme si nous avions une maladie sur les bras qui infectent tout le monde.

Je me figeai. Non. Ça ne touchait pas tout le monde au contraire.

— Tu es sûre ? soufflai-je. Je veux dire que des gens de la rue ont été infectés ?

Sai écarquilla lentement ses yeux.

— Pour l'instant, ce ne sont que des assassins de la Guilde, admit-elle. Comme nous ne savons pas ce qui véhicule la maladie, je ne préfère pas m'avancer sur ceux qui sont touchés ou non.

Les Echos de la Flamme - Tome 1 Le Réveil du Chagrin [Terminée]Where stories live. Discover now