Clarke
Cette qualification était vraiment une plaie ! L'équipe adverse était on ne peut plus désagréable ! Pourtant, certains étaient pratiquants d'arts martiaux. Arts martiaux qui possèdent un certain nombre de valeurs. Apparemment, pas pour cette foutue équipe ! Oublié le fairplay ! Dès qu'ils pouvaient nous mettre des coups interdits en douce, ils ne s'en privaient pas !
Peu importe, c'était un match qui nous permettrait de participer à la saison sportive ! On testait notre niveau, on ne devait pas flancher, jouer dans les règles. Même si je collerais bien mon poing dans le visage de cette espèce de garce dégénérée d'Ontari. Celle-là, elle ne perdait rien pour attendre ! Heureusement qu'Octavia nous avait préparé aux low kicks, sinon ma jambe serait inutile. J'avais fléchi, mais m'étais redressée assez vite pour pouvoir lancer la balle à Raven qui était proche des buts adverses. L'incompréhension dans le regard de cette pétasse avait été un vrai plaisir, et mon énergie était revenue en un instant.
Il ne restait plus que quelques minutes. Quelques minutes à tenir, face aux coups de plus en plus déplacés de ces Ice Warriors. Je ne connaissais pas encore tout ce qu'il y avait à savoir sur les équipes, mais du peu que j'en avais entendu, cette équipe n'était pas vraiment appréciée. Elle était tolérée parce qu'ils savaient cacher leurs coups foireux. Minables.
L'arbitre central venait de lancer, de nouveau, la balle en l'air. Ontari sauta pour l'atteindre, je sautai aussi et lui assénai un coup de poing en plein plexus. Enfin sur le plastron, à l'endroit où était censé se trouver son plexus. Malheureusement pour elle, ayant une mère médecin, et étant moi-même en médecine, je savais parfaitement où il se situait. Je la vis se plier en deux et retomber au sol, à genoux, la main portée à l'endroit que je venais de frapper. Je reconnais que j'avais vraiment frappé fort cette fois. Elle me tapait sur le système, cette tricheuse !
Je récupérai la balle, courus mais me trouvai face à Roan et Echo qui bloquaient le passage. Voyant que j'étais sur le point de faire face à ce mur de brutes, Octavia arriva en courant et au dernier moment effectua un coup de pied latéral sauté qui propulsa Echo quelques pas derrière. Je tentai une manoeuvre un peu risquée, mais je voulais en finir. Roan avait laissé sa jambe gauche un peu devant, légèrement fléchie, je pris appui dessus du pied droit, montai sur son épaule du pied gauche et dans un temps très court je rejoignis le sol en faisant un salto avant. Je remerciai mentalement Monty qui nous avait appris des mouvements de parkour/freerun.
Je vis du coin de l'oeil Finn qui plaqua brutalement un autre joueur pour me libérer la voie, je souris sans ralentir. Raven n'était pas très loin, je lui lançai la balle alors qu'un mouvement avait attiré mon attention sur ma gauche. Echo s'était relevée et m'asséna un coup de pied circulaire en plein plastron, je n'eus que le temps de contracter les abdos pour encaisser le choc. Alors qu'elle se jetait sur moi, une frite géante s'abattit sur elle. Bellamy avait pris le risque de sortir de la cage pour venir m'aider. Il me tendit la main et me releva.
– Merci !
– De rien, cap'taine !
Raven réussit à esquiver le dernier adversaire, elle prit ses appuis, s'éleva du sol et lança la balle, toute l'équipe avait retenu son souffle pendant son saut. Il n'y avait pas à dire, elle avait une grâce hors du commun quand elle voulait marquer ! La balle vrilla au dernier moment, alors que le goal était sûr de l'arrêter. Reyes et l'effet dans les balles : toute une histoire ! Le gong retentit au moment où la balle toucha le filet. On avait gagné !
Raven leva les bras en l'air, avec un sourire de gosse sur le visage, toute l'équipe se rua sur elle, Octavia en première qui la serra dans ses bras tout en sautant, Bellamy et Finn se joignirent à elles. Les joueurs remplaçants envahirent le terrain pour les rejoindre et je ne tardai pas non plus à me mêler à cette bande de fous !
Avec cette victoire, peu de doute, nous étions en lice pour le championnat ! Notre équipe était nouvelle, l'université venait d'ajouter le Footbrawl à ses activités. Et nous avions bien représenté notre école ! Nous finîmes par rejoindre notre banc, en attendant l'avis des arbitres. Une voix s'éleva dans le micro.
– Arkadia est officiellement en course pour le championnat ! Vous pouvez applaudir les SkyRunners pour leur prestation !
La plupart des spectateurs qui étaient venus assister au match applaudirent. Je vis cependant une fille brune se lever, suivie de tout un groupe qui la suivait, sans broncher. Elle ne laissait absolument rien paraître : était-elle contente ? Était-elle ennuyée ? Énervée ? Son visage était froid, fermé, la tête haute, le dos droit. Impressionnant. Énervant aussi. Elle se dirigeait vers nous, avec sa bande. Je fus sortie de mes pensées par une balle qui m'atteignit à l'arrière du crâne, brutalement. Je trébuchai vers l'avant, Wells et Harper me retinrent par les bras.
Je me retournai pour voir qui avait fait ça, et évidemment, je tombai sur le visage sadique d'Ontari.
– Mais t'es complètement malade ! Qu'est-ce qui te prend ?!
Je n'eus comme réponse qu'un rire débile et un haussement d'épaules. Elle était siphonnée celle-là.
– Oh, je vais me la faire cette conne !
Je ramassai la balle d'une main, portai deux doigts à ma bouche de l'autre et sifflai, je lançai la balle au moment où je vis la réaction d'Ontari, elle se retourna et prit la balle en pleine poire. Elle tituba et porta les mains à son nez.
– Oh. Pardon.; je fis semblant d'être désolée.; Tu as oublié ta balle, je voulais te la rendre.
J'entendis Raven, Jasper et Octavia éclater de rire tandis que je restais « interdite par ma maladresse ». Ontari s'approcha rapidement et tout, dans son corps, indiquait qu'elle voulait me cogner, je ne bougeai pas. Si elle voulait disqualifier son équipe, tant pis pour elle, et tant pis si je me prenais un coup pour ça.
J'attendis le coup arriver, mais Roan était en train de retenir Ontari, alors qu'il lui indiquait une direction du menton. Je me retournai et vis la brune sans expression, le regard vissé vers mon « agresseuse », les bras croisés sur la poitrine, la mâchoire serrée.
J'étais loin de me douter que c'était Dallas, ici ! Ontari planta son regard dans celui de l'autre, déglutit, baissa les yeux, repoussa Roan et s'en alla en claquant les pieds. Roan fit un signe de tête à la brune et se détourna pour rejoindre son équipe.
La brune inexpressive me fixa, s'avança vers mon équipe et moi, elle ne s'arrêta qu'à quelques mètres, ses sbires derrière elle, silencieux.
– Tu es la capitaine ?; elle me fixait, j'acquiesçai de la tête, elle tendit sa main vers moi.; Je suis Lexa, capitaine des Grounders.
– Enchantée, Clarke.; j'allais lui serrer la main quand je la vis avancer et saisir mon avant-bras. Je fronçai les sourcils.
– C'est comme ça qu'on se salue entre adversaires, ici.; je lui fis un signe de tête pour lui montrer que j'avais compris, elle relâcha mon bras.; Beau match ! Bravo pour l'acrobatie, c'était... Osé.; et je crus voir dans son regard « et stupide », mais je me faisais peut-être des idées.; À bientôt. Sur le terrain !
Elle salua le reste de l'équipe de la tête, tourna les talons et s'en alla, toujours suivie de son équipe.
– Et bah ça ?!; Raven était bouche bée.
– Quoi ?
– Nan, mais Lexa... Les Grounders ! Tu te rends compte ?!
– Pas bien, non.
– Ils sont invaincus, personne n'a réussi à les détrôner. Et ils sont redoutables ! J'ai vu des vidéos de leur match. C'est... J'espère qu'on les croisera pas au premier tour, sinon on peut dire adieu à la saison !
– Raven, n'exagère pas !
– Oh, crois-moi, j'exagère pas ! Et elle vient nous saluer, tranquillement, « je suis Lexa, Bravo pour l'acrobatie, c'était osé ».; l'imitation de Raven était à mourir de rire et je ne tardai pas à me tenir le ventre, elle sourit puis se reprit.; Regarde leurs matchs, tu verras !
– Bon, et si, plutôt que de stresser, on allait plutôt fêter ça ? On l'a bien mérité !
Et d'un coup, tout le monde prit la parole en même temps, Wells, Bellamy et Finn me soulevèrent et me portèrent en triomphe pour mon salto depuis l'épaule de Roan.
Les filles et les garçons se séparèrent le temps de se changer, et nous nous dirigeâmes vers un fast food pour nous remettre de nos émotions, avant de partir fêter réellement la victoire, dans un bar.
Lexa
J'étais assise, à regarder le match de cette potentielle nouvelle équipe. Ils avaient une bonne communication et coordination. Certains n'étaient clairement pas des pratiquants d'arts martiaux, leur façon de bouger était différente. J'étais prête à parier que certains d'entre eux étaient issus d'équipe de football ou de handball ! La capitaine avait attiré mon attention. Elle paraissait trop gentille pour être sur le terrain, trop souriante. Enfin, jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'Azgeda ne jouait pas tout à fait dans les règles. Je pus lire la colère et l'incompréhension dans ses attitudes.
Je ne pus que sourire intérieurement quand je la vis se venger d'Ontari en lui mettant un coup de poing brutal au plexus. Finalement, l'agneau avait des crocs ! Mais elle allait faire face à la dureté du jeu des Ice Warriors, Roan et Echo étaient puissants ensemble, si on n'y était pas préparé, ils étaient imbattables ! Je fus surprise de voir Echo voler plus loin, une joueuse d'Arkadia venait de lui mettre un très bon coup de pied. Et là, je vis la chose la plus incroyable de ce match ! Incroyable mais stupide. La capitaine venait de monter et prendre appui sur Roan pour faire un salto. Elle se fit rapidement rattraper par Echo, mais elle avait eu le temps de passer la balle. Elle était douée, c'était un fait. Douée, mais cette témérité allait lui causer des problèmes.
La fin de match sonna au moment où la balle entrait dans la cage. C'était d'un timing parfait, il fallait le reconnaître. Ils avaient vraiment bien joué. C'était une bonne équipe. Ils avaient de bons échanges, une bonne complicité, ils se comprenaient et ça marchait très bien. Nous avions là de bons adversaires ! On avait intérêt à se méfier d'eux et à ne pas les prendre de haut, sous prétexte qu'ils étaient nouveaux. Ils alliaient techniques, puissance et imprévisibilité. De quoi nous donner du fil à retordre.
Alors que je me dirigeai vers eux pour les saluer comme il se doit, je vis Ontari lancer la balle sur la capitaine adverse. Elle reçut le projectile à l'arrière du crâne et si deux des autres joueurs ne l'avaient pas rattrapée, elle serait violemment tombée. Ontari... Elle ne savait que causer des problèmes, celle-là ! Elle jouait mal, trichait, mais pourquoi elle était encore dans cette équipe ?!
La blonde se retourna et l'interpella, mais Ontari ne fit que se foutre d'elle. Je vis la capitaine ramasser la balle, siffler et lancer. La balle heurta brutalement le nez d'Ontari, et j'avoue que si je n'étais pas censée garder mon contrôle, j'aurais éclaté de rire. Elle n'aurait pas dû sous-estimer son adversaire, mais étant complètement tarée, elle se dirigea vers la blonde pour la frapper. Je m'arrêtai, croisai les bras et la fixai durement.
Roan intervint et lui fit un geste, elle croisa mon regard et elle se figea, avant de partir en claquant ses pieds. Elle mériterait vraiment de se faire botter le cul. Roan me salua et je lui rendis son salut. Je repris mon chemin vers l'équipe gagnante. Je m'arrêtai à quelques mètres de la blonde.
– Tu es la capitaine ?; cette question était quasiment rhétorique, je savais qu'elle était la capitaine. Je m'informe un minimum sur mes adversaires.; Je suis Lexa, capitaine des Grounders.
– Enchantée, Clarke.; Je lui saisis l'avant-bras, dans le salut habituel et je la vis froncer les sourcils.
– C'est comme ça qu'on se salue entre adversaires, ici. Beau match ! Bravo pour l'acrobatie, c'était... Osé.; Osé, mais stupide de témérité ; À bientôt. Sur le terrain !
Je me détournai, l'équipe sur les talons. J'entendis vaguement la conversation entre la capitaine et une autre joueuse. Je levai les yeux au ciel et atteignis la sortie.
– Demain, rendez-vous au dojo à 9h pétantes. Aucun retard toléré.
Tous les membres de l'équipe hochèrent la tête et chacun prit le chemin du retour. Je décidai de marcher un peu. J'aimais me balader un peu la nuit. Quand tout est silencieux et sombre. Ça avait toujours eu le don de m'apaiser. Je marchai tranquillement pour rentrer chez moi, prenant plus que le temps pour profiter de ce calme nocturne. Je repensai au match que je venais de voir. Cette équipe allait être plus compliquée à affronter que les autres. Un sourire étira mes lèvres. Mais j'avais vraiment hâte de me frotter à eux ! De la nouveauté, c'était vraiment ce qui manquait, ces derniers temps ! Puis, cette Clarke, elle avait l'air... intéressante.
Raven
Ce match avait été dingue !!! Jamais je n'aurais osé imaginer qu'on devienne une équipe aussi... Douée. Ça peut sembler prétentieux, mais bon dieu, on l'était, on était doué ! On se connaissait et ça jouait en notre faveur ! Et dire qu'au départ, on avait découvert ce sport alors qu'on était tous en vacances en Australie !
Nous étions à la plage, ce jour-là, et il y avait une démonstration de Footbrawl, nous n'en avions jamais entendu parlé, alors notre curiosité nous avait poussé à aller voir ! Octavia avait eu des étoiles à la place des yeux pendant toute la démonstration !! Bellamy était impressionné, Clarke avait la bouche grande ouverte, mais un sourire étirait ses lèvres. Quand le regard d'O et celui de Clarke s'étaient croisés, nous avions tous compris que ça signifiait qu'on avait bon pour une initiation !
Notre « petit » groupe pratiquait différents sports depuis de nombreuses années. Clarke était deuxième dan de Tae Kwon Do, Bellamy avait un excellent niveau en boxe anglaise - pour preuve ses nombreuses coupes et médailles - Octavia, elle, s'éclatait en Muay Thaï puis plus tard elle s'était dirigée vers son ancêtre, le Muay Boran. Finn, faisait partie d'une excellente équipe de rugby, tandis que Wells pratiquait le football américain, Monty avait testé pas mal de disciplines avant de tomber amoureux du Parkour - et plus précisément du freerun - sa petite amie, Harper était adepte du grappling. Jasper, lui s'était contenté d'athlétisme, mais plus particulièrement le sprint, là où Murphy n'avait d'yeux que pour le karaté, quant à moi, le handball avait capturé mon coeur depuis ma plus tendre enfance.
Autant dire que nous pratiquions tous des disciplines totalement différentes. Même si certaines avaient des points communs, elles avaient chacune un aspect bien distinct !
L'initiation avait été incroyable ! Nous avions formé deux équipes, alors que les pratiquants nous expliquaient les règles. Et les deux équipes se coordonnaient vraiment bien ! Clarke et Bellamy avaient été choisis comme capitaines pour chacune des équipes. Et il fallait dire qu'ils géraient très bien ce rôle ! Les deux équipes arrivaient à bouger, à se comprendre sans avoir à parler ! Et l'initiation s'était finie sur un vrai match. Autant dire que ça avait attiré les regards des personnes sur la plage et des passants sur la digue ! Les membres du club qui avaient proposé la démonstration étaient venus nous parler, nous demandant si nous avions déjà joué et ils furent étonnés - voire septiques - quand nous leur assurions que non.
Tout était parti de là. Et Clarke avait tellement aimé, qu'elle avait carrément pondu tout un rapport avec lettre de demande à l'appui pour que l'université d'Arkadia l'intègre au cursus ! Elle ne s'était pas démontée quand le doyen l'avait appelée, et elle avait assuré comme personne. Si j'avais été le doyen, je n'aurais même pas su répondre correctement et aurais accepté sans réfléchir. C'est qu'elle était douée notre petite princesse ! Et elle avait réussi, c'est ça le pire. Elle avait complètement retourné la tête du doyen !
C'est après cette conversation à laquelle nous avions tous assisté, hébétés par la verve et l'assurance dont elle avait fait preuve que nous avions décidé qu'elle serait notre capitaine ! Bellamy ayant quelques dons pour diriger les autres fut nommé vice-capitaine, c'était une évidence ! Il était aussi notre goal, vu sa carrure, il paraissait encore plus impressionnant devant la cage !
Et c'est comme ça que chacun d'entre nous continuait de pratiquer sa discipline fétiche et que chacun notre tour nous apprenions des choses qui nous semblaient pertinentes aux autres. Nous visions la polyvalence, et surtout l'excellence ! Clarke avait dans l'idée de nous faire participer au championnat inter universitaire ! C'était osé, parce que nous pensions que nous n'étions pas au niveau, mais elle n'a jamais lâché et nous a poussé toujours plus loin. Quitte parfois à se faire détester par certains d'entre nous. J'en rigole maintenant. Mais il y a eu des moments où elle était venue nous réveiller aux aurores pour aller courir puis pour nous entraîner et progresser dans ce nouveau sport.
Il y avait eu de nombreuses disputes, des réunions qui finissaient en hurlements, mais elle avait réussi son pari. C'est ce qui faisait qu'on la respectait tant. Elle avait été une vraie chieuse, elle avait été une plaie pas possible, prenant des décisions tranchantes par moment, mais elle nous avait mené où nous en étions et on ne pouvait que la remercier pour ça. Personnellement, j'en arrivais même à l'admirer, parfois. Je le reconnaîtrai jamais devant elle, pas envie de flatter son égo, mais putain, elle était douée pour ça ! Boucle d'Or était impressionnante !
Et ce match ! Ce match qui nous propulsait droit dans le championnat, montrait à quel point tout ce qu'elle avait fait en avait valu la peine ! Même si on en avait chié, qu'on en avait pleuré parfois, qu'on demandait grâce alors qu'elle affichait un air dur sur son visage en nous disant de nous « bouger le cul », merde, ça en avait valu le coup ! On ne savait pas trop qui on affrontait, on avait entendu les rumeurs sur cette équipe, bien sûr. Et les rumeurs étaient au-dessous de la réalité ! Les Ice Warriors de l'université d'Azgeda, c'était une équipe de dégénérés ! Surtout cette Ontari ! Je ne trouve même pas d'insultes assez forte pour la décrire, c'est dire !
Le salto de Clarke sur Roan était incroyable ! J'en avais été sciée sur le coup, je m'étais carrément stoppée. Je m'étais reprise quand elle avait accroché mon regard pour m'envoyer la balle avant de se faire rattraper par Echo. J'avais pris un plaisir incroyable pour ce dernier but. Et, maintenant, on fêtait tous ça au bar, enchaînant cocktails, shots, bière... Je m'étais carrément lâchée, j'avais besoin de faire redescendre toute cette pression. Autant dire que la descente de pression associée à l'ébriété qui pointait son nez, allait être un vrai désastre.
Octavia
La soirée au bar était démente. Raven avait enchaîné les verres les uns après les autres, pour relâcher toute cette tension, et elle était complètement pétée. Elle était en train de faire une déclaration à Clarke. C'était à mourir de rire !
– Boucle d'Or !; Clarke releva la tête à son surnom.; Je tiens à te dire au nom de... Heu, en mon nom propre ; j'avais éclaté de rire à ce retournement.; que je suis fière de toi ! T'es une grande capitaine ! Et je t'aime ! Même si je t'ai détesté, parce que t'as été une putain de tyran sans coeur ! J'ai jamais vu une emmerdeuse pareille !; Clarke avait les yeux grands ouverts, fronçant parfois les sourcils, puis elle vit l'état réel de Raven et un sourire moqueur se dessina sur son visage.; T'es vraiment une putain de casse-couille, Griffin ! Je te déteste, mais putain que je t'aime ! Et je jure que si je te connaissais pas, je t'aurais sauté dessus ! T'es une putain de chef ! Tu dois être la réincarnation de Cléopâtre ou de...; Raven était complètement perdue, on ne sait où, la bouche ouverte, cherchant un nom qui ne venait pas. Clarke était hilare, et moi, je pleurais de rire ! Et je ne parle même pas du reste de l'équipe. Jasper avait carrément recraché sa bière, tant il n'arrivait plus à se retenir de rire !; Oh on s'en fout, si je trouve pas son nom, c'est que c'est une pétasse sans intérêt !; Elle s'approcha de Clarke, s'agenouilla devant elle, tête baissée.; Je te suivrai jusqu'au bout, capitaine !
Tout le monde riait à n'en plus pouvoir. Raven se leva en pestant, affirmant qu'aucun d'eux ne méritait une capitaine comme notre Princesse et qu'elle était la seule à la reconnaître à sa juste valeur !
– Allez, Rav', ça suffit.; Clarke essuyait ses yeux, elle riait tant qu'elle en pleurait.; Je crois qu'on va y aller ! Tu tiens même pas droit !
– Mais je te prends quand tu veux pour un sprint, Raiponce !
Ce qui fit éclater de rire, une nouvelle fois, toute la bande. Clarke pouffa de rire, passa un des bras de Raven derrière sa nuque tandis qu'elle l'attrapait à la taille pour l'aider à marcher. Il faut dire que Clarke avait à peine bu. Elle savait que le mélange retombée de pression + alcool pouvait être brutal et préférait ne pas trop boire, cette fois. Et surtout, elle avait vu Raven s'enfiler les verres les uns après les autres et savait où ça allait finir. Elle avait pris les devants, encore.
– J'espère que quelqu'un a filmé ça ! J'aimerais vraiment lui montrer ça quand elle aura dessaoulé !
Murphy leva son téléphone tout en buvant son verre et Clarke ricana puis je les vis partir du bar, alors que je restais avec Jasper et Monty qui débattaient sur je ne sais quel sujet.
Bellamy décida qu'il était temps pour nous de rentrer, et tout le monde se leva finalement, pour rentrer. On se quitta avec quelques accolades, fiers de nous, éméchés, mais heureux.
J'avoue avoir été sous pression, moi aussi, avec ce match. Comme Raven l'avait si bien dit, Clarke nous en avait vraiment fait baver ! Elle nous repoussait toujours au-delà de nos limites ! Elle nous poussait encore et encore. Je n'ose même pas imaginer la pression qu'elle a dû avoir sur les épaules ! Se forcer à nous engueuler si c'était nécessaire, à nous pousser toujours plus loin dans nos retranchements. J'avais l'habitude de combattre, de repousser mes limites, mais elle m'avait prouvé que je restais toujours dans des limites acceptables. Grâce à elle, j'avais pu progresser plus que je n'aurais pu l'espérer !
Je me sentais toujours moi-même, mais je me sentais un peu différente ! Pour reprendre les mots de nos petits geeks, elle nous avait fait faire un level up de dingue ! Et, elle avait changé, elle aussi. Ce rôle que nous lui avions presque « imposé », elle l'avait pris à coeur et s'était plongée dedans ! Elle avait pris sur elle pour nous remonter les bretelles, mais chaque fois, j'avais pu voir que ça lui faisait mal de nous « rentrer dedans ». Elle était comme ça notre Princesse. Elle ne prenait pas de pincettes, mais ça lui brisait le coeur, à chaque fois. J'avais pu apercevoir cet éclat dans son regard. Elle faisait tout pour le cacher, pour le faire disparaître rapidement, mais c'était là. Cette victoire, nous l'avions tous méritée ! Mais elle, plus que nous tous réunis ! Elle était incroyable !
Bien que je n'abaisserai pas à dire ça devant Reyes, elle avait raison ! Moi aussi, je la suivrai jusqu'au bout ! Je la soutiendrai, et quoi qu'il arrive, il fallait que je fasse de mon mieux pour la soutenir, pour l'aider ! On se devait de prendre soin les uns des autres et de s'aider à toujours aller plus haut ! C'est comme ça qu'on fonctionnait ! J'espère que ce championnat nous mènera loin ! Je fais confiance à Clarke pour ça ! Princesse Casse-Burnes, comme on l'avait appelée quand elle était infecte avec nous !
J'allais me coucher, avec le sourire aux lèvres, fière de cette équipe !
Lexa
J'étais rentrée une heure après chez moi. Mon père adoptif était déjà couché, et j'en profitais pour rejoindre la terrasse de ma chambre. Cette maison était une vraie bénédiction. Merci l'héritage de Titus !
Je me laissai tomber dans le canapé extérieur et observai le ciel en repensant au match auquel j'avais assisté. Je mentirais si je disais qu'il était semblable à tous ceux que j'avais déjà pu voir. Cette équipe avait ce petit quelque chose de plus que je n'avais pas pu nommer. Je ne savais pas comment appeler ça, mais je n'avais jamais vu ça dans aucune des équipes que nous avions pu affronter. Comment cette jolie blonde, cette Clarke, faisait-elle pour diriger son équipe de cette façon ?
J'avais pu observer les quelques sourires sincères qu'elle avait lancé au cours de la rencontre ! Ce sourire qui s'étendait jusqu'à ses yeux. Ce bonheur qu'elle avait affiché à plusieurs reprises, avant de reprendre le dessus... Je n'avais pas vu un tel bonheur depuis... Je soupirai. Je me refusai de penser à ça. Je soufflai. Le sommeil allait être difficile, ce soir. Je passai une main sur mon visage, inspirai, bloquai ma respiration quelques secondes avant de la relâcher dans une longue expiration.
Ne pas perdre le contrôle. Je ne devais pas. Les souvenirs essayèrent de remonter à la surface, mais je serrai les dents et les repoussai, encore et encore. Je n'avais pas le droit de craquer. Pas maintenant. La saison reprenait, il fallait que je reste impassible, stoïque, calme. Je devais ça à mon équipe. Je devais ça à Anya.
Mon téléphone me sortit de mes pensées, Anya venait de m'envoyer un sms :
« Capitaine ! Comment vas-tu ? Je t'ai vue partir en marchant doucement. C'est jamais bon signe. Quelque chose te tracasse ? »
Elle m'énervait quand elle faisait ça, elle me connaissait mieux que moi. Je soupirai, mais souris rapidement.
« Ça va. J'avais besoin de réfléchir. »
« Et maintenant, t'as perdu le sommeil et t'es un peu tendue ? »
« Tu m'énerves, Anya. »
« Ça, ça veut dire que j'ai raison. Patinoire ? Prends ton matos, je t'attends. »
Anya... Je ne sais vraiment pas ce que je ferai sans elle ! Elle me connaissait vraiment trop bien ! Il faut dire qu'elle m'a connue très jeune, et que c'est en partie grâce à elle si j'arrive à canaliser mes émotions.
J'étais une sauvage ingérable quand elle m'a connue. Je souris à cette pensée. Elle m'avait vraiment relevée de tout ça : de l'abandon de ma mère, de mon errance jusqu'à ce que je sois emmenée par les services sociaux, de mon adoption, de ma colère constante.
Titus m'avait adoptée alors que j'avais à peine cinq ans. J'avais été abandonnée dans un motel miteux, par ma génitrice. Je me souviens vaguement de ses traits, je me souviens de ses yeux si semblables aux miens, d'une cigarette entre ses lèvres, de ses mots « je vais faire des courses, je reviens ». Sauf que quatre jours après, il n'y avait toujours personne. Quand le gérant était venu et m'avait vue seule, il avait commencé à péter un câble. Je m'étais enfuie, et ensuite ça a été la police, les services sociaux, l'orphelinat.
Quand j'avais eu, de nouveau un foyer, j'avais été heureuse. Mais j'avais une sensation au creux du ventre que je ne savais pas interpréter. Je l'avais constamment. C'est à l'école que cette sensation a explosé. Quand des enfants se sont fichus de moi parce que j'avais été adoptée. J'avais cédé à cette sensation, je l'avais laissée prendre le contrôle, et j'avais foncé sur ces petits merdeux, j'étais en train de leur mettre une raclée ! C'est Anya qui m'avait arrêtée et emmenée ailleurs, avant qu'un professeur n'arrive et me réprimande. Elle avait tout vu et entendu et avait répondu aux gamins que c'était « bien fait pour leur gueule ».
J'avais ri à ces mots, j'étais « trop jeune pour les utiliser » selon Titus, alors j'avais trouvé ça drôle. Anya me parla calmement et réussit à m'apaiser. Mais bien sûr, mon « petit cinéma » n'était pas passé inaperçu et je m'étais faite remonter les bretelles, Titus n'avait pas aimé. Alors que nous nous dirigions vers la voiture, Titus le visage totalement fermé, m'ordonnant sèchement de monter, elle était arrivée en courant, l'avait regardé, sans être impressionnée.
– Monsieur ? Lexa peut venir avec moi au hockey et au kickboxing ? Je pense que ça lui ferait du bien de se défouler !; Titus avait été bouche bée.; Ne lui en voulez pas trop, les garçons l'ont embêtée parce qu'elle « a pas de vrais parents ».; elle était allée jusqu'à imiter les adultes qui faisaient des guillemets avec les doigts. Le visage de Titus était devenu moins froid quand il apprit cette nouvelle, il hocha la tête pour toute réponse.
Et c'est comme ça que Titus m'avait inscrite dans les deux clubs. Et j'avais pu faire parler cette violence qui était en moi. J'avais pu la libérer. Et ça m'avait fait un bien fou. Depuis, dès que quelque chose me tape sur le système, Anya le sait sans que je n'ai à dire quoi que ce soit, et elle me propose soit la patinoire, soit le dojo pour laisser parler tout ce que je peux contenir.
Et cette fois ne dérogeait pas à la règle.
« J'arrive. »
Quand j'arrivais à la patinoire, elle était devant la porte à m'attendre. Le coach avait une confiance aveugle en elle et lui avait donné un double des clefs. Il connaissait un peu mon histoire, et savait que j'avais besoin de me défouler. Il avait préféré lui donner un double plutôt que de découvrir sur les caméras de surveillance que nous nous étions introduites en douce.
Elle ne parla pas, elle savait que ce n'était pas nécessaire. Nous nous changeâmes dans un silence paisible avant de nous diriger vers la glace. Nous nous échauffâmes avec quelques tours de patinoire, quelques tirs puis ce fut l'affrontement. Un contre un, dans les règles classiques d'un match de hockey. Autant dire qu'à la fin, nous étions exténuées ! Nous laissions parler la violence, chacune plaquant l'autre sur les parois, nous repoussant jusqu'à la chute.
Quand je fus drainée de toutes ces émotions, et épuisée, par la même occasion, je lui adressai les premiers mots depuis les sms.
– Merci, Anya.
– A vot' service, Commandante !
Je levai les yeux au ciel. Titus étant un officier instructeur dans l'armée, elle s'était amusée à m'appeler comme ça depuis mon poste de capitaine de l'équipe. Ma réaction la faisait toujours autant rire. Ce qu'elle pouvait être exaspérante.
– Va dormir, Lexa. Demain, tu nous as donné rendez-vous « à 9 heures pétantes, aucun retard toléré. » Ce serait vraiment ironique que tu arrives en retard !
– Je ne suis jamais en retard, Anya.
– Va te reposer, tout de suite.
Je lui fis un signe de tête, allai me changer en hâte et rentrai chez moi. Je programmai une alarme sur mon téléphone, le posai sur ma table de chevet, me laissai tomber dans le lit, fermai les yeux et fus happée par le sommeil.
Quand le réveil se mit à sonner, je grognai, je venais à peine de fermer les yeux, ce n'était pas possible. Il devait être détraqué. J'ouvris les yeux et vis le soleil déjà présent. Mon regard chercha le téléphone pour arrêter la sonnerie. Je vérifiai et vis qu'il était déjà 8 h ! Je soufflai de dépit.
Je me levai et m'habillai, préparai mon sac avant de descendre prendre un café rapide. Je voulais être au dojo avant les autres, j'avais besoin de m'entraîner un peu avant l'arrivée des autres.
Raven
Je sentis le lit bouger, grognai, avec un mal de tête qui me lançai comme jamais. Quand j'ouvris les yeux, je vis Clarke me tendre une bouteille d'eau fraîche et un doliprane, que je pris comme si c'était le Saint Graal ! Une fois la bouche moins pâteuse, je levai le regard vers Clarke. Elle avait un sourire moqueur qui s'étirait d'un côté à l'autre de son visage.
– Kesta, Raiponce ?; elle se contenta de ricaner avec une certaine moquerie. Je me figeai. Ça, ça voulait dire que j'avais sûrement dit ou fait une connerie que j'allais regretter.; Qu'est-ce que j'ai pu faire qui te fait tant rire ?
Elle me tendit son téléphone, il était sur une vidéo. Je pestai intérieurement. Bon dieu, faites que j'ai pas fait un strip-tease dans le bar ! Je lançai la vidéo. Et ce que j'y vis... Je crois que j'aurais préféré faire un strip-tease, finalement.
– Et personne n'a pensé à m'arrêter plutôt que de me laisser dire des trucs pareils et de filmer ? C'est toi qui as filmé ?; elle secoua la tête en signe de négation, toujours avec ce sourire débile sur le visage. Je réfléchis mais n'arrivai pas à le faire correctement.
– Murphy.
– Fumier. Il va me le payer !
Ce qui provoqua un éclat de rire chez mon amie.
– Marre-toi, Griffin ! La prochaine fois que t'es bourrée, je vais pas te louper ! Tu le sais, n'est-ce pas ?; elle hocha la tête d'un air désinvolte pour toute réponse.; Bon et le programme pour aujourd'hui ?; je la vis tiquer un peu puis soupirer.
– Finn m'a invitée au ciné et au resto.; elle détourna les yeux de moi.
– Clarke, c'est bon. Je t'ai déjà dit que ça me dérangeait pas. On a rompu, et si vous êtes ensemble, je m'en fiche.
– Il a rompu. Et de ma faute, Rav'...
– Fais pas chier dès le matin, Boucle d'Or, encore moins quand j'ai la gueule de bois.
– Je te ramène chez toi et je vais le rejoindre.
– Je suis plus une gosse, je peux rentrer seule...
– Sûrement pas dans ton état. C'est non négociable. Va prendre une douche, prends un café pendant que je me prépare et je te dépose.
– Oui, maman.
– Capitaine, ça suffira !; je sentis la moquerie dans son ton.; T'as déjà oublié ? Tu as juré de me suivre jusqu'au bout ! Tu es mon sujet, maintenant ! Alors j'ordonne à mon sujet Reyes d'aller se laver et de se laisser gentiment déposer par sa grande capitaine adorée !
– Oh, va chier.
Sur ce, je me levai et allai m'enfermer dans la salle de bain pendant que je l'entendais se foutre de ma gueule. Foutue Boucle d'Or. Foutue moi quand j'ai trop bu.
Je pris une douche tiède qui me fit un bien fou. Quand je descendis, Clarke venait de verser du café dans un mug qu'elle déposa sur la table à mon intention. Puis je la vis monter pour se préparer, elle aussi. Incorrigible, celle-ci. Je souris à sa gentille attention. Toujours là pour protéger « les siens », comme elle disait. Je la connaissais suffisamment pour savoir que ses amis étaient sa famille. Et elle prenait bien soin de sa famille. La perte de son père, bien que pas récente, lui avait laissé une cicatrice assez profonde. Même si ça allait mieux, elle faisait tout pour garder « les siens » en sécurité. Moqueuse, chieuse, tyrannique, mais je crois pas avoir connu quelqu'un avec un aussi grand coeur que le sien ! Je souris avant de souffler sur mon café et commençai à boire doucement. Le liquide chaud eut du mal à passer, puis peu à peu, mon corps l'accepta.
J'avais vraiment dû boire n'importe comment ! Je me souvenais avoir enchaîné quelques verres, le reste était flou. Je me rappelais de quelques petites choses, mais clairement, pas de cette déclaration pourrie ! J'allais en entendre parler pendant un moment ! Je le retiens le Murphy ! Il a intérêt à faire gaffe à son cul, je le louperai pas !