Un frais dimanche soir d'août, un orage pointant à l'horizon, ainsi se dessinait le dernier jour des mois chauds. La dépression atmosphérique, les couleurs du ciel, la Nature semblait envoyer un message aux habitants de Greyhall : "faites un bon feu de cheminée, trouvez un livre et restez calmement chez vous". Pourtant dans toutes les chaumières ou presque, régnait une effervescence inexplicable. Les enfants étaient montés sur piles nucléaires, prêts à toutes les bêtises, courant d'une pièce à l'autre sans jamais connaître la moindre baisse de régime, au grand damne des parents exténués.
Bien qu'elle se trouvât à plusieurs centaines de mètres de la ville, de l'autre côté de la vallée, Ereyne ressentait cette agitation qu'elle devinait à travers les hautes vitres du château. Elle avait vu naître ce phénomène des centaines d'années auparavant, mais l'ampleur actuelle était beaucoup plus récente. Elle s'était développée avec l'apparition des médias et leur démocratisation, alors que les journalistes créaient leurs premiers marronniers. A l'heure de la télévision et d'internet, le bazar généralisé s'était introduit dans toutes les maisons, impossible d'y réchapper à moins d'être un ermite. C'était la rentrée des classes.
Ereyne eut une pensée bienveillante pour tous ces enfants du monde qui se rendaient chaque jour dans les temples du savoir et pria pour ceux qui n'avaient pas la chance d'aller à l'école. Elle songea avec un brin d'amusement à tous ceux qui traîneraient des pieds, ignorant que ces notions si abstraites qui leur semblaient bien inutiles furent de grandes découvertes qui changèrent le cours de la vie de leurs ancêtres et qui, aujourd'hui encore ne pourraient que les servir.
Du coin de l'oeil, Ereyne observa Caius marcher le long des remparts. Etait-il honoré que des milliers d'enfants étudient sa vie ? Ou bien réfléchissait-il à une nouvelle stratégie pour les batailles à venir ? Le vampire n'était pas le plus ancien fils de Zelyan mais il contribuait activement au rayonnement de son père sur Terre. Il était à l'origine de grandes victoires comme de grandes défaites pour les Hommes, au bon vouloir de Zelyan. Sur demande de son père il avait arpenté les cours d'Europe pour distiller ses conseils stratégiques, aidant des rois à marquer leur époque, ou bien les menant au désastre et à la ruine.
L'une des plus grandes œuvres inconnues de Caius était la victoire du nord lors de la guerre de sécession. Nulle philanthropie n'était à rechercher dans cette action, Zelyan se moquait éperdument de l'esclavage d'une bonne partie de l'humanité, mais le commerce triangulaire, fort sécurisé de part les bénéfices qu'il engendrait, bridait quelque peu les propres circuits alimentaires humains à destination des cités vampires et louves des Amériques. Caius fut donc chargé d'assurer la pérennité des trafics, qu'il oeuvre en faveur de l'égalité des Hommes n'était qu'un effet secondaire négligeable, tant que la bouffe arrivait sur la table...
Tant de guerres seraient analysées au cours de cette nouvelle année scolaire, tant de cartes seraient dessinées, et aucun de ces écoliers ne saurait quelle l'influence que Zelyan, et elle, avaient eu sur les destinées du monde.
- Ils ont déjà tant à apprendre, soupira l'immortelle en essayant de se rappeler des identités remarquables qu'elle relisait, et oubliait, tous les ans. (a+b)² égalent ... a²+2ab + ou - b² ? Ah ! Je ne sais plus !
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Bonne rentrée à tous ! Courage, même si cela ne semble pas intéressant, cela peut toujours servir !
Axel.
PS : (a+b)² = a²+ 2ab + b² ;-)