+ Améthys +
Je suis enfermée dans une pièce noire. Je suis seule, il fait froid. Je cherche une porte, mais je ne trouve rien. Je tape alors de toutes mes forces sur les murs, je crie, je hurle pour être entendue. Mais en vain. Soudain, les pas de talons de chaussures résonnent dans la pièce. Pourtant, il n'y a personne. Je me tourne dans tous les sens. Effrayée. Les bruits continuent. Bientôt, une migraine me martèle la tête. J'ai l'impression de ne plus pouvoir me servir de mon ouïe. Mon souffle sporadique tellement je suis paniquée.
― Tu dois partir ! me dit la voix d'une femme.
Je ne la vois pas mais j'entends ses pas.
― Comment sortir d'ici ? demandé-je d'une faible voix.
Brusquement, je sens de l'eau monter à mes pieds, en quelques minutes, elle atteint ma taille puis ma poitrine.
― Va-t'en ! me crie la voix.
― Je ne peux pas, murmuré-je.
En quelques secondes, ma tête est immergée et je manque d'air. Je ne peux plus respirer. J'étouffe.
Je me réveille en sursaut, comme si j'avais vraiment suffoqué un instant. Ma respiration est saccadée. Je m'assieds, j'inspire et j'expire, pour me calmer. Je regarde autour de moi. Je suis dans une pièce sombre. Il y a une torche qui éclaire la pièce. Au milieu un autel, des personnes sont allongées tout autour dans les sacs de couchage. Vu la couleur de leur duvet, j'en déduis que ce sont des étudiants et que Flame les a trouvés. Pan et Alaska sont-ils parmi eux ? Je ne le sais pas, mais il y a neuf personnes. Mon cœur bat très vite. Je ne me sens pas à l'aise, comme si ce rêve était une prémonition et que je devais quitter ce lieu.
Flame est à côté de moi, il dort, les bras recouvrant ses yeux. Je ne sais pas ce qui s'est passé après la rencontre avec les guêpes. Ont-ils marché longtemps ?
L'air dans la pièce me semble irrespirable. Quelque chose m'effraie. Je prends mon épée quand des grognements parviennent à mes oreilles.
― Lothar ! grogne-t-on.
Je reconnais la voix de Quincy. Est-ce que c'est à cause de lui que je me sens mal à l'aise ?
Non. Il y a autre chose. Mon cœur se met à battre. Je tourne la tête en direction du bruit. Je ne vois rien, il fait sombre.
Mais brusquement, une silhouette apparaît. Plus il sort de la pénombre, plus je perçois son visage. C'est un garçon à la peau mâte, le crâne rasé, son regard est terne.
D'un coup, il s'immobilise et se tourne vers moi. Il n'a pas de pupille dans les yeux. Mon sang se glace. Il fait un sourire inhumain et se précipite vers moi.
― Flame ! crié-je, en me débarrassant du sac de couchage qui me servait de couverture, je marche à quatre pattes avant de me relever pour fuir. Mais je ne suis pas rapide et ce dernier m'attrape. Il m'agrippe le cou. Je lâche mon épée. Ses mains me serrent la gorge, je suis en train de suffoquer et pour de vrai cette fois !
Flame se lève.
― Diter ! Qu'est-ce que tu fous ? crie-t-il.
Flame fonce sur lui et lui donne un coup de poing. Mais Diter ne fait que tourner sa tête comme si le coup n'avait fait que lui caresser la joue. Insensible à la douleur. Flame en reste surpris.
Les autres commencent à se réveiller.
― Qu'est ce qui se passe ? dit Elron.
Flame n'abandonne pas et attaque à nouveau. Cette fois, il me lâche. Je tombe au sol et tousse.
― Qu'est-ce que c'est ? ! crie une voix grave dans la panique.
Diter se précipite sur Flame et lui lance un coup de poing qu'il esquive.
― Diter ? crie la voix grave. (C'est un garçon qui a des piercings partout sur le visage. Il s'avance vers son ami et recule avec dégoût en voyant ses yeux tout blanc.) Bon sang ! Qu'est ce qui t'arrive ? !
Le visage de Diter se déforme. Il émet un cri et des tentacules sortent de sa bouche.
Les autres se lèvent. Quincy sort de son duvet et recule contre le mur. Tétanisé.
― C'est quoi ça ? gémit-il.
Diter fonce sur piercing boy pour lui donner un coup, ce dernier arrive à le parer.
Je me mets à quatre pattes, et je sens une vibration au sol, comme si des petites bestioles marchaient dans notre direction.
― Flame ! ordonné-je. Fais de la lumière !
Des flammes s'allument aussitôt. Et je vois des bestioles, des milliers ! Une tête au front large, les yeux globuleux, huit pattes en tentacule comme celles qui sont sorties de la bouche de Diter.
Doona hurle en les voyant.
Flame claque des doigts et fait sortir un immense brasier. Les bestioles sont touchées et crient. Il fait ensuite une barrière de feu à l'entrée de la pièce. Mais Diter est toujours là. Il crie comme s'il perdait sa famille.
Il fixe alors Flame la haine aux yeux et se rue sur lui pour l'agresser. Flame l'évite de justesse et le frappe. Mais encore une fois, l'étudiant ne semble rien sentir. C'est alors que piercing boy surgit derrière lui et l'attrape en passant ses bras autour de sa taille.
― Arrête ! crie-t-il.
Mais Diter utilise ses coudes pour se défendre. Piercing boy est projeté violemment contre le mur. Il n'a pas le temps de se relever que Diter le soulève, d'une main, par le cou. Avec l'autre, il lui ouvre sa bouche. Il fait de nouveau sortir ses tentacules. Cette fois, quelque chose s'y échappe : un œuf gluant de couleur verte qui pénètre dans la bouche de piercing boy. Mon estomac se noue. Mon dieu ! Que lui fait-il ?
Doona et une fille rousse hurlent, terrorisées par la scène.
Le corps de piercing boy se met à convulser.
― Alrik ! hurle une fille avec des cheveux en pic de hérissons.
Alrik (le piercing boy) se réveille quelques minutes après. Sur son visage, sa peau se déforme, ses yeux deviennent blancs et des tentacules sortent de sa bouche. Il hurle.
C'est alors qu'Océane tend la main vers lui. Elle l'enferme dans une boule d'eau.
― Ne le tue pas ! crie la fille aux pics d'hérisson.
― Ce n'est plus un humain mais un infecté ! Il faut le tuer !
Océane ferme son poing et sa boule explose. Diter hurle de nouveau. Sans attendre, Flame s'empare de mon épée et lui tranche la tête. La fille aux pics se met à crier et à pleurer. J'ai de la peine pour elle, mais notre mésaventure n'est pas encore finie. J'entends les cris des bestioles mais aussi d'autre chose. Je me jette dans les flammes. Je cours sentant des brûlures, mais ma peau se soigne d'elle-même. Je traverse une pièce où des centaines de créatures crient à cause des flammes qui les consument. Flame m'appelle. Je ne lui réponds pas et continue ma course jusqu'à l'entrée.
Certaines bestioles, le corps en flamme, s'enfuient, ce qui fait de la lumière dehors. Les feuilles des arbres bougent. Flame et Océane me rejoignent.
― Qu'est-ce qu'il y a encore ? crie Océane.
J'aperçois des formes humaines aves de gros yeux noirs et des tentacules à la place du nez.
― Des monstres à tentacules se dirigent par ici ! Il faut partir !
― Partir ? Et où ? continue Océane.
Je saute de l'escalier. Je regarde la bâtisse. C'est un temple qui date d'une ancienne époque. Il doit certainement avoir un passage secret. Une sortie de secours ! Même dans notre société, il y a des issues de secours. Je retourne dans le temple pour la chercher. J'inspecte tous les lieux. Dans la dernière pièce, je regarde l'autel.
― L'autel ! crié-je ! Il faut retirer le couvercle.
― Qu'est ce qui se passe ? s'inquiète la rousse.
― Prenez vos affaires, faut que nous sortions d'ici ! avertit Flame en essayant de bouger le couvercle.
Je me mets à côté de lui pour l'aider. Mais je crois que je n'ai pas assez de force. Océane, Elron et un garçon de petite taille nous rejoignent. Ensemble, nous poussons le couvercle : un escalier s'y dévoile. Flame lâche un brasier au fond pour éclairer le passage, puis lance des flammes pour boucher l'entrée de notre pièce. Quincy et Doona sont les premiers à y pénétrer. Flame ramasse nos sacs. Pas le temps de récupérer nos sacs de couchages.
J'attache mon fourreau à mon dos tandis que les autres prennent leurs sacs avant de descendre l'escalier dans la panique.
Cependant, la fille, aux cheveux en pics, pleure à côté du corps en flamme de son ami et ne semble pas vouloir bouger.
― Faut s'en aller ! lui crie Elron.
― Vous les avez tués ! gémit-elle. Vous les avez tués !
Elron la prend alors par le bras et la traîne dans l'escalier. Océane le suit. Flame et moi, sommes les derniers à emprunter le passage. Il utilise ses flammes pour fermer le couvercle.
― Quand tu as besoin d'aller voir des trucs ou de faire des trucs dangereux ! S'il te plaît préviens-moi ! Et surtout, réponds quand je t'appelle, grogne-t-il.
Je mets mon index sur ma bouche pour lui faire signe de se taire. Il fronce les sourcils. En bas, tout le monde attend. Il y a un passage étroit qui mène on ne sait où. La fille aux pics de hérisson a arrêté de pleurer. J'ai l'impression qu'elle est en état d'envoûtement, comme ce matin avec Fiendril, lorsque Flame l'a contrôlé. Elron a dû faire pareil pour la calmer.
― C'est quoi le plan maintenant ? demande Quincy d'une voix tremblante.
― Tais-toi et avance, lui lance Flame.
― Je... je ne veux pas passer devant.
Océane pouffe. Et moi, je reste ébahie en découvrant son vrai visage. Celui qui me traitait de poule mouillée est en fait... une poule mouillée ! Je me tourne vers Flame.
― Je ferai mieux de passer devant. Et toi, reste derrière au cas où...
― Ok.
Je m'avance vers Quincy et je le regarde, il a des suées. C'est la première fois que je le vois si tendu. Je le gifle.
― Aie ! crie-t-il.
― C'est pour les vestiaires, dis-je. Et maintenant, suis-moi aussi vite que tu peux, trouillard !
Éclairés par les brasiers de Flame, nous traversons le tunnel. Le passage est long, plus nous nous y enfonçons, plus les murs rétrécissent et nous sommes obligés de nous courber. La course devient difficile, bientôt nous marchons. Un silence mortel règne. Nous sommes tous sur nos gardes. Dans la crainte qu'une créature que nous ne connaissons pas nous attaque. Mais plus nous avançons, et seuls des blattes se promènent dans le passage.
Je regarde ma montre. Il est 3 heures 40 lorsque j'aperçois un escalier.