Améthys saison 1 _ Le Fardeau I (Terminée)

Chapitre 4

Je ne sais pas combien de temps j'ai plané dans les airs entre les arbres mais j'ai atteint le niveau 2.

Cette fois, je suis dans un marécage. Mes pieds s'enfoncent dans de la boue jusqu'aux genoux. Heureusement que je n'ai pas mis mes bottines toutes neuves.

J'avance un pied puis l'autre. Il fait froid. Je porte juste mon débardeur marron, couleur de mon rang. La prochaine fois, je porterai ma veste. Tout à coup, mes mains touchent des fils gluants. Je lève les yeux. Il y a plein d'immenses fils gluants autour de moi. On dirait des toiles d'araignées. Un labyrinthe de toile d'araignée. J'avale ma salive. J'ai déjà eu affaire à ce genre de situation dans les simulations. Des zygelliachnides. Des monstres à trois têtes et un corps comme les araignées terriennes. Les femelles ont des poches gluantes vertes sous leur ventre et lorsqu'elles pondent, elles tissent beaucoup de toiles pour capturer leurs nourritures. Et vu l'immensité de ce labyrinthe, il doit y avoir beaucoup de femelles dans ce marécage.

Avec mes pieds trop enfoncés dans le sol, je ne peux pas m'envoler. J'empoigne mon épée avec les deux mains, je porte un coup vers le haut puis vers le bas. Le fait d'être dans la boue ne rend pas les choses faciles et me fait perdre l'équilibre. Mais je dois me frayer un chemin quel qu'en soit le prix. C'est là que je repense à ce qu'a dit Laine. Cet entraînement va nous apprendre à utiliser nos armes. Et je crois bien qu'en sortant de ce labyrinthe j'aurais compris comment manier l'épée.

J'use de ma clairvoyance pour rechercher la porte menant au niveau 3. Je la détecte sur ma gauche à plusieurs kilomètres de là où je me trouve. Je n'ai pas vu d'obstacles, mais s'il y a des zygelliachnides, je ne dois pas traîner longtemps ici. Poignée vers le haut, poignée vers le bas, je m'ouvre un chemin. Il règne un calme tellement paisible dans ce marécage que cela semble ne rien présager de bon. Je commence à avoir peur.

Le temps me paraît long, mais je continue d'avancer en utilisant mon arme. Épuisée, je m'arrête un moment pour reprendre mon souffle. Subitement, un liquide visqueux me tombe sur la tête, glisse le long de mon visage. J'essuie mon front. Le liquide est vert et empeste le moisi. Je relève la tête. Un zygelliachnide se trouve au-dessus de moi. Il n'est pas aussi immense que dans mes simulations, ça doit être un bébé. Ses trois têtes me regardent. Comment suis-je arrivée à m'en sortir lors des simulations ? J'avais un pistolet. Mais là, j'ai une épée que je peine à manier. Il va falloir que j'utilise mon mind control. Même si Laine regarde les vidéos de nos exploits, il ne devinera pas que je peux contrôler un animal ! Je fixe les trois têtes, en commençant par celle de gauche. L'une d'entre elles est le cerveau. La première ne semble avoir aucune conscience. La deuxième, celle du milieu, non plus. Je m'immobilise alors sur la troisième. C'est lui !

Mes yeux me picotent un peu à chaque fois que je fais ça, et je ne sais pas pourquoi. Je fais descendre le zygelliachnide près de moi. Je lui tranche ses trois têtes. Le sang gicle sur mon visage. Ça me dégoûte, l'odeur est nauséabonde.

Je reprends mon chemin avec beaucoup de difficulté. N'ayant pas l'habitude d'utiliser mes pouvoirs mentaux, le mind control m'a épuisée. Tous les masterminds, quel que soit leur rang, peuvent s'insérer dans le cerveau des autres et lire leurs pensées. Chose que l'école nous interdit de faire entre étudiants. Les plus puissants comme Laine peuvent contrôler le mental d'une personne ou d'une chose. Je n'ai jamais essayé sur les humains mais avec les chiens j'y suis arrivée très facilement. C'est la première fois que je l'utilise sur une créature et cela m'a donné une migraine atroce. Si je rencontre un autre zygelliachnide, je ne crois pas que je pourrais le vaincre. D'ailleurs, Laine ne nous a pas expliqué ce qui se passerait si nous étions capturés. À mon avis, il s'attend à ce que nous déclarons forfait.

Je prends une pause de nouveau et m'assieds sur un énorme tronc d'arbre. J'aimerais bien avoir de l'eau pour me désaltérer et réduire mon mal de tête. Soudain, j'aperçois une ombre. Je me lève mais je n'ai pas le temps de voir ce que c'est. Quelque chose m'agrippe puis me balance comme un vulgaire déchet. Je perds mon arme.

Je me retrouve coller contre la toile d'araignée, tête en bas, jambe en l'air. J'entends un cri aigu. Et me voilà nez à nez avec un zygelliachnide. Celui-ci est immense. Au lieu d'avoir 6 pattes, il en a 8, et a des bras comme des pinces de crabe. Bon sang ! Il va me trancher en deux ! Il tourne autour de moi, je ne sais pas pourquoi. Mais il faut en profiter pour me libérer. Je me débats et essaie de me relever. L'animal commence à s'approcher avec lenteur. Tellement lent que je devrais être capable de m'en sortir !

J'essaie de me redresser mais la toile est tellement gluante et lourde que je suis incapable de bouger à plus d'un centimètre. Cette fois, je panique. L'arachnide est près de moi. Je ne bouge plus. Mon souffle est saccadé. Le monstre penche sa tête et me renifle. Incapable de penser, mes larmes me montent aux yeux. Mais soudain, il fait chaud. La bête lève la tête et regarde autour d'elle puis hurle. Elle s'éloigne de moi et se précipite vers un brasier. Je reprends espoir et je me démène contre les fils.

Je pousse un cri d'effort. J'ai réussi à me décoller et mon corps tombe dans la boue. Le marécage est tellement profond que la moitié de mes bras se trouvent dans l'éclaboussure. Je me redresse tant bien que mal et puis, quelque chose se tient devant moi.