x Flame x
Les guêpes se sont approchées de nous à une vitesse incroyable. Je me suis concentré sur le cerveau d'Elron. Je lui ai dit de penser à la chose qu'il aime le plus au monde et c'est une fille aux cheveux jaune cuivre que j'ai aperçue dans ses pensées. Il s'est calmé. Son cœur s'est mis à battre normalement. Et puis, Améthys s'est avancée vers des guêpes, elles se sont regroupées autour d'elle. Mon cœur a commencé à se crisper. Mais si j'avais montré une seule faiblesse, elles se seraient ruées vers moi et ça aurait été fini pour moi. Surtout avec leur dard plus long que la normale.
J'ai serré le bras d'Elron qui était dans ses rêveries avec sa copine, pour contrôler ma nervosité. Les guêpes ont fini par se lancer des genres de signaux entre elles et se sont retirées. Améthys a dû les contrôler. Dès qu'elles ont disparu, elle s'est effondrée.
Je lâche le bras d'Elron et me précipite vers elle. Ses yeux tournent en orbite avant qu'elle s'évanouisse. Sa peau est blême, elle a dû user de beaucoup trop d'énergie pour contrôler toutes ces guêpes.
Je retire son baudrier et je l'attache dans mon dos. Je la prends dans mes bras, sa pâleur ne me dit rien qui vaille. Je reprends mon chemin, en continuant de contrôler Elron. Tant que nous ne sortons pas de leur zone, il ne faut pas qu'il se réveille. Au bout d'une trentaine de minutes, j'aperçois Océane assise sur un tronc.
― Que... qu'est ce qui s'est passé ? crie-t-elle.
― Ça sert à quoi que tu le saches ? T'as pris la fuite.
― Elle a dit de prendre la fuite.
― Parce que tu lui fais confiance maintenant ! Nous aurions pu nous servir de nos pouvoirs élémentaires, je te signale ! Et nous nous en serions sortis !
― Et pour ensuite nous faire repérer par ces molosses ? !
Je n'ai pas encore eu affaire à ces prototypes, mais je connais Océane pour savoir qu'elle est terrorisée à l'idée de les revoir.
― Elle s'est fait piquer ? demande Océane.
― Non, elle nous a sauvé la vie.
Elle fronce les yeux.
― Allez, continuons, nous devrions les rattraper.
Je retire Elron de sa rêverie.
― Qu'est ce qui s'est passé ? s'écrie-t-il.
― Rien, est-ce que tu peux regarder où sont ceux qu'on cherchait ?
Déboussolé, il allume sa montre et analyse la carte.
― Ils se dirigent dans cette direction, me montre-t-il du doigt. Ils sont à peu près à quatre kilomètres dans cette direction.
― Est-ce que tu peux m'aider à la mettre sur mon dos ? Je marcherai plus vite.
Il la regarde intrigué.
― Elle a été piquée ?
― Non, juste endormie.
Crétin, pensé-je. J'avais envie de lui donner un coup de poing, c'est à cause de lui qu'on s'est fait repérer.
Nous nous remettons en marche. Elron regarde la carte toutes les dix minutes pour voir l'avancée de nos compatriotes. J'ai l'impression qu'ils tournent en rond et qu'ils ne savent plus où se diriger. Si Pan faisait partie de leur équipe, je ne pense pas qu'ils auraient été si indécis. Mais ils ont fini par s'arrêter quelques minutes plus tard. Nous avons fini par les retrouver près d'une ruine. On dirait un temple datant des premiers siècles. Mais je ne suis pas fier d'y rencontrer Quincy accompagné de Doona. Il y a aussi d'autres élèves d'Iel ou de Lorgan.
― Elle est encore vivante ? demande Quincy en voyant Améthys.
― En quoi ça te regarde ?
― Vous êtes des élèves d'Iel ? demande Elron aux autres.
― Ouais... Vous allez dans quelle zone ? demande un garçon de petite taille.
― Nous, la rouge, et la fille dans la Noire.
― Moi et Luc, dit une fille rousse, aux cheveux courts et au visage carré, en pointant le garçon de petite taille, on doit se rendre dans la noire. Mais à cause du prototype dans la nuit... on a dû rebrousser chemin en passant par la zone rouge.
Rebrousser chemin ? Nous sommes à l'opposé de la zone noire. Je crois, qu'ils n'ont pas le sens de l'orientation. Je regarde le ciel qui s'assombrit. Il n'est que 16 heures 47, mais on dirait que la nuit tombe vite sur Tétra. Il va falloir entrer à l'abri.
― Où est ce que tu vas ? me demande Quincy.
― Me trouver un coin dans ces ruines. Vous vous êtes arrêtés ici pour vous abriter, non ? Eh bien, nous aussi.
Il n'a pas l'air content de me voir. Je crois que je ne suis pas le bienvenu parmi eux. À part la rouquine et son fardeau, les trois autres élèves d'Iel ne semblent pas commodes. Il y a une fille et deux garçons. L'un des garçons a des piercings au nez, à la bouche, sur le front et aux oreilles. L'autre a le crâne rasé et la peau foncée. Quant à la fille, elle a des cheveux en pics de hérisson. On dirait des fans de hard rock. Je ne me rappelle pas les avoir vus dans la zone rouge. Pourtant, Quincy et Doona semblent avoir formé équipe avec eux.
J'entre dans les ruines, Elron, Océane, la rouquine et son fardeau Luc, me suivent. Il ne reste que des murs, avec des colonnes nivelées. Il y a plusieurs cours successives. Plus nous nous y engouffrons et plus il fait sombre. J'allume un brasier pour nous éclairer. Soudain, des espères de volatiles géants volent dans tous les sens.
La rouquine crie. Elron produit de l'électricité qu'il lance sur les bestioles.
― Wooh ! crie Océane. Je t'ai dit de ne pas utiliser ton don en ma présence !
Je glousse. L'eau et la foudre ne font pas bon ménage.
― Nous ne pouvons pas laisser notre dîner de ce soir s'enfuir, rétorque-t-il en prenant un animal. Tient ! Des chiropteras ! (une espèce de renard blanc volant) Ils étaient plus petits en simulation !
Sur ce point il a raison, depuis ce matin, nous n'avons rien mangé. Et Améthys a utilisé beaucoup d'énergie. Elle était sans doute déjà épuisée avant l'attaque des guêpes. C'est une lowclass, malgré ses capacités, elle n'a pas été entraînée comme moi, un majestueux. Elle a besoin de reprendre des forces.
Je m'installe dans la dernière salle où se trouve, au milieu de la pièce, un autel. Je l'allonge sur le sol. Elle a repris des couleurs. Sa poitrine se soulève au rythme de sa respiration. Elle dort paisiblement. Je sors son sac de couchage et la recouvre.
― Il s'est passé quoi ? me demande Océane bondissant derrière moi.
― Fallait rester pour le voir, répondis-je.
― Il se passe quoi avec toi ? crie-t-elle.
Je me lève et la regarde.
― Quoi ? Il se passe quoi ?
― Tu te comportes bizarrement depuis quelque temps ! Le Flame que je connais, lui, il aurait abandonné son Fardeau.
― Peut-être que tu ne me connais pas si bien que ça !
Elle fronce les sourcils et va se mettre dans un coin.
Je ramasse des branches d'arbre par terre et j'allume les pointes. Je les place dans les vieilles torchères de la salle de l'autel. Luc et la rouquine s'y assoient. Elron porte quelques chauves-souris.
― Bon sang, se plaint-il, j'ai mal au bras droit. Qu'est ce qui s'est passé là-bas ? J'ai été piqué ?
― Non... C'est moi, désolé. J'ai dû te tirer par la main un peu trop fortement.
― Pas grave, mais c'est génial que tu contrôles le feu ! Nous pourrons faire des brochettes.
― Est-ce que tu peux jeter un œil sur Améthys ? J'ai repéré des fruits en venant par là. Je vais aller les cueillir.
― Des fruits ? demande la rouquine. Je peux venir avec toi ? Je suis végétalienne.
― Comment tu t'appelles ?
― Ah pardon, c'est vrai que je ne me suis pas présentée. Moi c'est Niniel.
― Tu cours vite ?
― Bien sûr. (Elle fait signe à Luc et me suit.)
Dehors, Quincy et Doona sont à part. On dirait qu'ils se disputent. Les trois autres d'Iel, sont en train de tourner en rond.
― Je vais chercher de quoi manger. Vous voulez nous accompagner ?
Celui aux piercings secoue la tête.
― On n'a pas vraiment faim, répond la fille.
Sans faire de commentaires, je m'en vais.
― Ils viennent de perdre leur copine, m'annonce Niniel. Nous avons marché dans un champ de fleurs à guêpes et en quelques secondes... ah ! C'était la panique.
― Ils doivent se rendre dans la zone noire aussi ?
― Non, dans la verte.
― La zone verte est dans l'autre sens.
― Oui, mais avec l'attaque qu'on a subie hier, tout le monde est déboussolé. On nous a dit que nous rencontrerions tel ou tel monstre. En fait, nos ennemis sont différents et plus puissants que nous le pensions. Mais je crois que dans la zone verte, ils sont pourchassés...
― Pourchassés ?
― Je n'ai pas bien compris leur histoire. Hier, ils ont dit qu'ils étaient traqués par quelque chose et que le seul moyen de s'en sortir c'était de reconstituer un puzzle, un truc du genre. Ils veulent s'éloigner très loin de cette zone pour pouvoir la reconstituer sans encombre.
Les verts ? Pourchassés par quelque chose ? Si nous restons avec eux, nous augmentons certainement nos chances de mourir.