Je suis dans une ancienne ville détruite, je n'ai jamais été dans un tel niveau. Des flammes crépitent de partout, de vieilles voitures sont en feu, des bâtisses s'écroulent. Le sol bouge tel un tremblement de terre. Je reprends mon équilibre puis je m'élève dans les airs. Soudain, quelque chose m'agrippe le pied et me projette à terre, me faisant perdre mon arme. Le choc me brise un bras. Je crie de douleur alors que la chose me traîne au sol. Incapable de réagir, je lorgne la chose. Sa longue langue gluante rouge me tient le pied, son corps est difforme et de couleur rouge sang, un de ses bras est plus énorme que l'autre. Plusieurs petits trous noirs maquillent sa tête. On dirait que se sont ses yeux. Sa bouche s'ouvre soudainement ravalant sa langue pour m'attirer vers lui. Dans un gros effort, je me retourne pour récupérer mon arme en utilisant de la télékinésie. Dès que je suis près de lui, je brandis l'épée dans sa gueule. Il grogne mais je continue à l'assaillir de coups, avec hargne, jusqu'à ce qu'il perd la vie. Du sang recouvre mon visage. L'odeur de la mort me parfume. C'est vraiment dégueulasse!
Je poursuis mon chemin quand tout à coup, trois autres bêtes surgissent. Je les abats avec adresse, puis je plane comme un avion à toute vitesse jusqu'à la troisième porte.
Je me trouve dans le marécage. Cette fois, il n'y a pas de toiles de zygelliachnides. J'avance lentement. Des bulles apparaissent brusquement devant moi. Quelque chose monte à la surface : un monstre avec des branches d'arbres sur la tête. (Ou plutôt son corps est formé de branches.) Ses yeux sont jaunes, sa bouche ressemble à celle d'un poisson mais avec des dents plus longues et pointues. Il s'approche de moi, je tends mon épée et me jette sur lui. Le monstre hurle de douleur mais mes coups ne suffisent pas à le mettre K.O. Il n'y a qu'une seule solution pour le vaincre, le décapiter. Ça marche toujours ! Immédiatement, je m'exécute.
Le marécage me paraît plus long à franchir que la première fois.
J'entends une fille pousser des cris. Il est fort probable que ce soit une lowclass qui se bat contre un de ces monstres de marais. Je ne dois pas l'aider. C'est chacun pour soi, d'autant plus qu'un nouveau monstre s'approche. Il m'attaque. Il est encore plus féroce que le premier. Je l'élimine tant bien que mal. Il va falloir que je me dépêche si je veux atteindre au moins 10 portes. Dommage que nous n'avions pas droit à une montre.
Niveau 4, je suis dans la forêt qu'Arwen décrit de « féerique ». Phil et elle avaient eu droit à des lutins qui crachaient de l'acide et moi, à un monstre sans tête qui courrait dans tous les sens. Je fais quelques pas. Soudain, le sol tremble, les racines d'une plante sortent de la terre. Au-dessus de moi, une bouche grandement ouverte, ses dents forment des scies, grogne. Une plante carnivore de plus de 3 mètres ! Elle se penche, elle n'a pas d'œil, mais je crois qu'elle me sent. Je m'envole vers elle. Pas le temps de lui donner un coup, qu'une de ses racines m'a déjà projetée. Je percute un arbre. Mes côtes se craquent. Je tombe et crache un peu de sang. Je prends mon souffle. Pas le temps de me soigner, la plante me lance une attaque que j'esquive en m'envolant. Je réfléchis à un moyen de la tuer sans qu'elle me touche. Je dois prendre de la hauteur et lui foncer dessus comme une flèche.
Je m'envole le plus haut possible et je redescends comme une fusée pointant mon épée vers elle. En moins d'une seconde, j'ai traversé son corps. Je me retrouve dans une espèce de chair à pâté puant une odeur de pet et d'œuf pourri. Tout mon corps est recouvert de glu. Je me passe les mains sur mon visage, sur mes bras pour retirer ce que je peux. Je sors ensuite de ce sac à chair et prends la direction de la cinquième porte.
Je me retrouve dans la salle du cratère. Là où Flame a combattu les monstres de pierre avec mon épée. Là où j'ai posé ma main sur son corps pour vérifier qu'il n'avait pas de bactéries dans ses organes. À ce moment-là, il m'a paru tendu et encore une fois vulnérable. Je pouvais sentir son souffle saccadé sur mon front. J'en ai eu des frissons. J'ai même pensé, à un moment, qu'il n'était pas si méchant que ça. Il m'a protégée des monstres, m'a aidée à me relever quand je suis tombée. J'ai cru qu'il était différent. Mais non, en fait il a joué la comédie. Flame est juste un sale petit macho, qui se donne de grands airs, car il est le numéro un de notre promotion ! Je reprends mon chemin. L'intersection avec les trois passages n'a pas changé. Ce qui est différent c'est là où se trouve la porte. Je dois m'engager dans celle du milieu.
J'avance dans une grotte sombre éclairée par des torches tout en haut. D'un coup, des boules de feu se lancent sur moi, ça ne me brûle pas mais le choc me fait tomber. Je me redresse. Une boule se dirige vers moi, je brandis l'épée mais je ne parviens pas à la trancher. Elle est aussi dure que de l'acier. Je ne vais pas perdre mon temps ici. Je prends la fuite. Je cours toujours tout droit. Plusieurs boules de feu apparaissent essayant de me pulvériser. J'évite certaines, d'autres me donnent des coups dans le dos, dans le ventre, dans les jambes. Je me défends avec l'épée pour les éloigner de moi, et je reprends ma course aussitôt. C'est certainement le niveau où je me suis faîte attaquer par un grand nombre de monstres !
J'atteins la porte 6, je suis épuisée. Je m'allonge au sol pour reprendre des forces. Le lieu, où je suis, ne m'intéresse pas. J'ai envie d'en finir avec tout ça. Combien de monstres ai-je tués ? Je ne sais plus. Mais pas beaucoup en tout cas. Je ne pense pas que je vais atteindre l'objectif que je me suis fixé. Les niveaux sont plus longs que d'habitude. Les monstres plus résistants.
Je me relève. Je suis dans le château hanté. Je longe les couloirs et je suis attaquée par des soldats en aciers qui se reforment dès que je leur coupe un membre. C'est difficile, je ne vais pas rester ici jusqu'à ce que je parvienne à les tuer. Je cours et plus loin, j'aperçois un garçon esquiver la massue d'un soldat de pierre. Il lève le bras vers le haut. Soudain, une tornade aspire la créature. Je le reconnais, un majestueux de la classe d'Arwen. Elle m'a dit que le premier de leur classe maîtrisait l'air. Il s'appelle Éiole.
Les monstres, qui me poursuivent, me lancent leur galet. Je les évite en plongeant par terre. Éiole se retourne vers moi. Il a des cheveux blonds très courts. Ses yeux sont verts. Plutôt pas mal dans son genre. Il utilise de nouveau son pouvoir et fait disparaître mes trois poursuivants. Je le regarde. Je ne sais pas s'il faut le remercier mais ce n'est pas dans mon habitude d'éviter la politesse.
― Merci, marmonné-je en me redressant.
Il ne me répond pas et je reprends ma route.
― Ce n'est pas par-là, crie-t-il. J'ai déjà essayé, on tourne en rond.
― C'est parce que tu as raté une entrée, tu n'es pas obligé de me suivre.
Éiole me suit. Nous arrivons dans un cul-de-sac.
― Tu vois, je te l'avais dit.
― Non, la porte est derrière. (Je brandis mon épée et donne des coups au mur jusqu'à son effondrement.) Je te l'avais dit ! Tu crois qu'ils n'auraient pas mis des pièges lors de test.
Éiole me regarde surpris. Nous franchissons la porte pour atteindre le niveau 7.
Nous sommes dans la rivière. Je marche sur l'eau. Éiole utilise ses pouvoirs pour planer au-dessus de l'eau.
― Comment t'as su pour la porte ? T'es une lowclass, me dit-il.
Je continue mon chemin en cherchant la porte.
― L'instinct féminin tu connais ?
Il rit. Je regarde devant moi. Un monstre tentacule se dirige vers nous. Il nage la tête hors de l'eau.
Je fais tournoyer mon épée.
― Wow ! Attention ! s'écrie Éiole.
― Désolée, il y a une bestiole qui arrive.
Je m'envole vers le monstre et lui tranche la tête. Je n'ai pas le temps de me poser que plusieurs têtes sortent de l'eau. Leurs tentacules m'attrapent la jambe et me font voltiger dans tous les sens. Je perds mon arme, mais Éiole l'attrape.
― Non, non, non ! Ne fais pas ça ! crié-je.
Trop tard, il se sert alors de mon épée pour me délivrer. Je tombe et m'arrête pile poil le nez frôlant l'eau. Je me redresse.
― Ça va ? me lance Éiole.
― Non ! En te servant de mon arme, c'est moi qui récolte les points ! Rends-la-moi ! Tu perds tes points !
― Ah bon ? dit-il incrédule.
Je récupère mon arme et le remercie.
― Comment t'as su qu'il y avait des monstres qui s'approchaient ?
C'est embêtant. Si quelqu'un d'autre découvre que je cache des pouvoirs, je suis fichue.
― Mon but est de franchir 10 portes en 3 h 30 et en battant le moins de monstres possible. Je n'ai pas le temps de discuter.
― Il nous reste encore une heure et 15 minutes.
― Comment tu le sais ?
Il me montre sa montre.
― Privilège des majestueux.
Je fronce les sourcils.
― Tous les majestueux ont droit à la montre ?
― Ouais mais ceux qui ne veulent pas n'en prennent pas.
Je repense à Flame. Il n'avait pas de montre la dernière fois.
― Moi, mon objectif est de tuer un grand nombre de monstres et de franchir les douze portes. (Il me tourne autour et me dévisage). Tu m'aides ?
― Pourquoi je le ferai ?
― On dirait que ton instinct féminin te guide vers la sortie facilement.
J'écarquille les yeux. Il a gobé mon histoire d'instinct féminin !
― En échange, je te promets ce que tu veux.
― Me promettre ce que je veux ?
― Ouais, tu veux visiter le Majestueux ? Je sais que beaucoup de filles des lowclass et des middle class rêveraient d'y entrer.
― Pas moi. (Je réfléchis. Il est dans la classe d'Arwen et elle est terrifiée à l'idée que les majestueux tuent leur fardeau.) Tu as déjà choisi un fardeau ?
Il bat des paupières.
― Tu veux que je te prenne comme fardeau ? Nous ne sommes pas dans la même classe.
― Pas moi, mais mon amie est dans ta classe. Elle s'appelle Arwen.
― Ah, celle qui parle aux animaux ?
― Oui. Tu la prends comme fardeau et tu ne la tues pas. J'ai entendu dire que les majestueux tuaient leur fardeau.
― Tu crois à ses histoires ? dit-il en rigolant. On ne les tue pas... mais c'est vrai qu'on nous a dit de les abandonner.
― Eh bien, voilà ce que je veux. Tu choisis mon amie et tu ne l'abandonnes pas. Tu la ramènes vivante à Streitbar. Elle est très intelligente, tu sais. Elle pourra t'être utile pour... (J'aperçois une bête volante. Je lance mon épée, telle une flèche, d'une main. Ma lame frôle l'oreille d'Éiole qui reste saisi. La bête est touchée en pleine tête et mon épée se pointe dans un arbre. Je regarde Éiole qui a des sueurs.) Je disais qu'elle pourra t'être utile, pour t'aider dans la quête. Il ne faut pas sous-estimer les lowclass.
― Ok, ok, bafouille-t-il.
― Si tu ne tiens pas ta parole, tu finiras comme cette bestiole.
Il se tourne vers la mouche géante, puis me regarde.
― T'es sûre d'être une lowclass ?
― Oui et non.
Il lève un sourcil. Je crache dans ma main et la lui tends. Il rigole mais se prend au jeu et me serre la main après avoir craché dans la sienne.
― Au fait, c'est quoi ton nom ?
― Améthys.