Orlane - 15 mai 2022
Je suis en crise de larmes, il est vraiment très tard, à vrai dire je ne sais même pas l'heure qu'il est. Mon cerveau s'est déconnecté suite à ce bouleversement, je tremble dans tous mes membres et mes muscles ne me répondent plus. J'ai envie de crier à l'aide, mais Betty n'est pas là ce soir, mon petit ami.. Je n'ai vraiment pas envie de lui dire quoi que ce soit. C'est mes soucis, je ne peux mettre personne dans ce merdier. Bon dieu, je suis foutue... Ma poitrine se serre, ma gorge me fait mal, quand est-ce que je vais me sentir mieux ? A partir de ce soir, je sais pertinemment que je n'irai plus jamais bien. Je suis sous la douche, j'ai besoin de nettoyer les mémoires de cette soirée, mon esprit me torture. Assise dans la douche, le regard perdu, je grelotte sous l'eau qui est pourtant brûlante. Ma peau est marquée par cette soirée atroce, des bleus apparaissent sur mes bras, mes jambes.. Comment je vais justifier ça ? Betty me voit souvent à poil. Elle va me croire peu importe ce que j'y dis, elle a confiance, je vais devoir lui mentir -et je déteste ça-. Je remercie d'être seule ce soir, Betty est avec Lya, ce qui me rassure. J'ai envie de me faire du mal, non pire.. J'ai le goût de la mort, l'envie de disparaître, pour faire taire cette douleur mais avant tout cette peur. Mon téléphone sonne dans le salon, aucune envie de répondre, je reste là, sous l'eau avec cette envie de ne plus respirer. La sonnerie se coupe, ça insiste, elle retentit de nouveau bordel, c'est qui ? Merde, je ne réponds toujours pas. Je ne me rends pas compte de la notion du temps, restant dans cette douche comme pour me protéger du monde extérieur. Cette fois on frappe à la porte, je ne sais pas qui ça peut être mais cette personne est tenace ! Me couvrant d'un peignoir, je viens ouvrir la porte pour tomber en face de mon petit copain.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Il est tard..
- Tu ne réponds pas au téléphone, tout va bien ? dit-il avec panique.
Il est vrai que je n'ai pas pour habitude de boycotter les appels, cependant ce soir je n'ai vraiment pas l'esprit à parler, ni même voir quelqu'un.
- J'ai envie d'être seule ce soir, on se voit demain ok ?
Je pousse la porte mais je suis bloquée par Eddy, qui la maintient d'une main ferme en avançant vers moi.
- Tu as pleuré ? Qu'est-ce qui se passe bébé ?
- Je n'ai pas envie d'en parler, s'il te plait.
Il insiste en me faisant reculer dans l'entrée, la porte se ferme dans son dos tandis qu'il vient glisser ses mains sur mes joues, qui étaient inondées de larmes il y a quelques minutes.
- Je te connais, tu as pleuré, tu es gelée..
Il me frotte les bras, pour ensuite venir toucher mon front.
- Tu as de la fièvre ? Me demande-t-il avec précaution.
- Non, j'ai passé une soirée mouvementée.. J'ai besoin de me reposer, rentre chez toi.
Je préfère prendre de la distance, mon corps me fait mal. Pourquoi suis-je aussi dure avec Eddy.. Je n'arrive pas à faire dans les sentiments, ce n'est pas mon fort, sauf avec ma sœur jumelle ; elle est la seule à qui j'arrive à montrer de l'amour. Même le reste de ma famille n'ont pas cette chance. D'ailleurs je ne suis pas aussi proche de mon frère Gaby, que Betty peut l'être. Tous les deux sont inséparables depuis petit, d'ailleurs j'ai toujours été jalouse de mon frère, car Betty l'aime. Et je ne veux pas qu'elle l'aime plus que moi.
- Je ne rentrerai pas chez moi, tu ne vas pas bien, on t'a fait du mal ?
Je finis en sanglot, c'est tout ce que je ne voulais pas, je recule de nouveau tout en montant sur mes grands chevaux ; je me sens agressée quand je pleure devant quelqu'un.
- Rentre chez toi putain, je ne veux pas te voir ce soir !
Je le pousse en dehors de l'appartement, claquant la porte, quelle idiote.. Il mérite mieux que moi, cet homme est une perle, il ne devrait pas être en couple avec une fille comme moi ; dominatrice, rebelle sur les bords et handicapée des sentiments. Il tambourine à cette foutue porte, j'ai envie de lui casser la gueule, réellement. Je vous avais dit que j'étais sang chaud ? Je m'éloigne pour éviter tout combat, surtout que je ne suis pas sûr de le gagner. Je prends une canette de bière, la sifflant comme si je buvais de l'eau. Rien de mieux que ce carburant quand on a passé une soirée comme la mienne. Je dois aller aux flics ? Je suis paniquée, tétanisée, j'ai envie d'être dans les bras de mon petit ami autant que j'ai le besoin irrépressible de lui arracher les yeux quand je l'entends encore se déchaîner sur la porte.
- Eddy casse-toi ! J'hurle depuis la cuisine.
- Ouvre cette putain de porte Orlane !
Il va se faire remarquer par les voisins, j'ai déjà une réputation de merde, autant ne pas en rajouter.
- Rentre, vite !
Je me décale pour lui laisser accès à mon appartement, fermant la porte à double tours, il a manger du lion ce soir ?
- C'est quoi que tu n'as pas compris dans "je veux être seule ce soir" ?
Je croise les bras en montrant mon agacement.
- On t'a fait du mal, je le sais.
Il baisse son regard sur mes tibias, pourquoi faut t-il qu'il complique tout ?
- Tu as des bleus ou je rêve ?
- Tu rêves.
Je me dirige à ma chambre, cette fois je m'assieds dans le lit car je sens que mes jambes sont cotons. C'est le contre coup des émotions, je ne réalise pas encore ce qui s'est vraiment passé ce soir. Je suis dans la merde... Tais toi ! Je le sais.. Je dois aller aux flics.. Non surtout pas, je risque de prendre cher. Je ne peux pas aller aux flics.. Ce n'est pas possible.
- Tu as des putains d'hématomes sur les jambes, qui t'a fait du mal ?
- Personne je te dis, arrête, fous moi la paix !
Il me tire par le bras pour me relever, soulevant mon peignoir pour regarder de plus près les marques sur mes jambes qui remontent jusqu'aux cuisses.
- Qui c'est l'enculé qui t'a fait du mal putain ? Il hurle à travers la pièce.
- Je ne te dirais rien, fous le camp ! Arrête !
Il recule comme si je venais de lui asséner un coup. Je lui fais du mal, j'en suis consciente mais je suis une destructrice. Mis à part ma soeur, je détruis toutes mes relations, je suis comme ça. Et je ne vais pas changer pour un mec.
- Je mérite mieux que ça, avoue t-il.
Enfin ! Il était temps que tu t'en rende compte bébé.. Je ne veux pas le perdre, bon dieu que ça me tuerait d'être sans lui. Ma fierté prend le dessus ; ne pleure pas, tu ne dois pas montrer tes faiblesses.
- Tu attends quoi pour t'en aller ?
Je lui tiens tête, aucune larme ne roule sur mes joues pourtant je sens mon cœur se briser, si on collerait l'oreille contre mon buste on entendrait ces craquements. Ne t'en va pas...
- Comme tu voudras, dit-il en claquant la porte.
Je m'effondre dans mon immense lit froid, mais aussi vide.. vide de lui. Oui, j'aurai pu chialer dans ses bras, lui dire de rester dormir auprès de moi, j'aurai aimé tout ça.. mais j'en suis incapable. Je ne suis pas une romantique, et oui il mérite mieux que moi. Mieux que ce que je peux lui offrir. Je peux lui donner du sexe, de la rigolade, des sorties.. mais lui dire mes sentiments, m'effondrer dans ses bras et lui raconter mes problèmes ; je ne suis pas cette fille-là. Mais avant tout, je ne dois pas le mettre dans mes problèmes, je pourrai lui gâcher sa vie. Je veux m'enfuir, je devrais le faire.. je veux m'éloigner de mes problèmes, car bon dieu que je suis dans la merde. Betty ne se rend pas compte de la sœur qu'elle a, elle aussi mérite mieux qu'une jumelle à moitié cassée ; par moment mon esprit se déconnecte, et d'un seul coup je reviens dans ma réalité ; ma vie est foutue..