Chapitre vingt-huit : Opportunité

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Onyx n'aimait pas ça... Une convocation immédiate et urgente de son géniteur n'impliquait jamais rien de bon. Il eut un moment de flottement, la main au-dessus de la poignée en métal précieux mais il secoua la tête et finit par pousser la porte.

La première chose qu'il remarqua en entrant, c'était l'absence de Kélénia. C'était une bonne nouvelle pour sûr, mais il avait tellement l'habitude de la voir en permanence au côté de son maris que le fait qu'elle ne soit pas présente était frappant... La deuxième chose, c'était le père Langélier qui s'était visiblement déplacé jusqu'au bureau du roi afin de lui prodiguer ses soins.

L'état du Roi empirait de jours en jours comme lui avait expliqué Belladonnie. Si l'on pouvait vivre une vie entière sous Venturine, des dosages trop puissants et très proches dans le temps pouvaient être tout aussi mortels que le sevrage. Kélénia s'était trompé dans ses calculs, elle avait pensé pouvoir le tuer avant qu'Orio ne succombe du poison. Au final, elle se retrouvait avec un mari proche de la mort et un héritier plus proche du trône qu'il ne l'avait jamais été. C'était la raison de l'intervention de la famille Del Dilitirio, l'éliminer pour récupérer le contrôle du royaume.

Sombre, Onyx s'approcha de son père et du soigneur.

- "L'état de votre père est grave, Prince... Je ne sais pas combien de temps mes pouvoirs feront effet... lui souffla le mage rose.

- Vous n'avez toujours pas trouvé ce qui pourrait causer sa maladie ?

- Non... J'échoue encore une fois... murmura-t-il en faisant référence à la mort de la mère d'Onyx.

- Vous faites de votre mieux... le rassura le brun en le raccompagnant jusqu'à la porte.

Lorsqu'ils ne furent plus que tous les deux dans la pièce, Niels prit une grande inspiration avant de revenir auprès de son père.

- "Vous vouliez me voir ?

- Oui... Récemment, nous avons surveillé de près la guerre qui se trame à Amao et la présence extrêmement importante de mercenaires nous laisse présager que leur base dans les glaciers est affaiblie. C'est l'opportunité parfaite pour les affaiblir ! s'exclama le mage jaune avant d'être interrompu par une grosse quinte de toux. Beaucoup de leurs combattants ne reviendront pas du champ de bataille, si on leur prend les mercenaires restés en retrait, ils auront beaucoup de mal à s'en relever. Nous pouvons les ramener à la capitale, faire le tri entre ceux qui prêteront serment à la couronne et les dissidents afin de se débarrasser de toute cette mauvaise graine. Leur exécution pourrait être la grande action de ton début de règne.

- Je ne veux pas commencer mon règne avec un bain de sang ! s'indigna le brun.

- Je ne te pose pas la question. Je sais ce que tu redoute... Crystal sera certainement parmi eux et tu la vois encore comme un membre de ta famille. C'est une traîtresse, elle a choisi son camp il y a des années. Maintenant c'est à toi de protéger le tien et écrasant toute menace potentielle."

- Elle a choisi son camp vous dites ? Mais quel choix lui avez-vous laissé ? Rester fidèle à notre famille qui l'a maltraitée toute son enfance en se mariant à un homme dont le père avait lui-même comme projet de nous trahir. Ou alors fuir pour essayer d'avoir enfin une vie acceptable... Et malgré tout ça, c'est elle qui nous a prévenu des intentions d'Allister ! Est-ce que vous comptez ignorer ce fait ?

- Ce n'était qu'un subterfuge de condamnée à mort. Elle agissait pour assurer sa survie ! s'étrangla le roi en toussant.

- C'est affligeant de voir à quel point vous n'avez aucune idée de qui est votre fille... siffla Onyx avec mépris avant de tourner le dos à son père et de se diriger vers la sortie.

- Où est-ce que tu vas ? Onyx, reviens ici !

- Pourquoi faire ? Je ne vous ferai pas changer d'avis alors pourquoi m'embêter à rester à vos côtés... Belladonnie m'attend."

Et il ferma la porte. Le couloir était vide, lui permettant un instant de laisser aller le masque. Le mage noir se laissa glisser contre le mur jusqu'à s'asseoir sur le marbre froid. Il se prit la tête entre les mains et essaya de calmer sa respiration. Il fallait qu'il se reprenne... Il fallait qu'il trouve un moyen d'empêcher ce massacre.

Maladroitement, il se releva et quitta la verrière en vitesse. Il devait trouver les filles... Sélène ou Belladonnie peu importe, mais il fallait qu'il en parle à quelqu'un et qu'il élabore un plan. Ses pas le menèrent jusqu'à l'entrée du passage qui donnait sur la chambre de sa sœur et alors qu'il s'était senti apaisé en entrant dans cette pièce deux semaines auparavant, il se sentait désormais comme un intrus. Il avait l'impression qu'il venait de trahir Crystal.

Frénétiquement, il commença à ouvrir les tiroirs, à ouvrir les livres, à soulever les couvertures... Il avait besoin de quelque chose à quoi se raccrocher. Il allait presque abandonner quand un reflet attira son attention. Un petit objet était tombé du lit lorsqu'il avait secoué brusquement les draps. Il le saisit entre ses doigts et le porta à hauteur de regard.

C'était une étoile, une petite étoile mécanique un peu rouillée. Doucement, il la fit tourner pour l'inspecter. Sur l'arrière de l'objet, il trouva un petit ressort, il essaya de le remonter mais même une fois celui-ci enclenché, rien ne se passa.

A quoi est-ce qu'il s'attendait, après dix ans à prendre la poussière, il ne devait pas y avoir grand-chose encore en état de marche...

Las, il s'assit contre le lit et posa sa tête contre le matelas. Il ne saurait pas dire combien de temps il était resté là mais il était presque sûr de s'être assoupi. Ce fut le bruit du passage qui le tira de sa torpeur. Désormais totalement éveillé, il sauta sur ses pieds et fit face à Sélène qui venait d'entrer dans la pièce.

- "Orio veut monter un raid chez les mercenaires. Crystal est en danger, on doit agir

Noir de Jais (Monochrome)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant