Chapitre 5 : Dans l'ombre du trône

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Onyx n'aimait pas la situation dans laquelle il était. Malgré tous ses efforts, son coeur battait à toute vitesse dans sa poitrine et il savait pertinemment la veine qui longeait son cou le trahissait aux yeux de ses interlocuteurs.

Droit comme un piquet, le visage fermé et vestimentairement impeccable, il avait redoublé d'effort pour rentrer dans le moule du prince héritier modèle. Pourtant, là où d'habitude il se serait sentit invulnérable, il avait subitement l'impression d'être sans protection. Pris en tenaille entre Orio, assis dans son trône et Kélénia debout sans son dos, il savait qu'il n'avait pas l'avantage. C'était comme se retrouver à une table de jeux en sachant pertinemment que les joueurs à ses côtés étaient hors catégorie... Et qu'ils trichaient.

Orio se redressa tant bien que mal dans son siège et du s'arrêter à mi-chemin pour tousser plusieurs fois dans son coude. Son fils le fixa de son regard ébène. L'état du roi s'était beaucoup dégradé ces derniers mois. Sa santé était déclinante depuis des années et même les soins du père Langélier n'avaient pas été suffisants pour arrêter la maladie et avaient peiné à lui obtenir un sursis. Ils arrivaient sur la fin du parcours et toute la cours en avait conscience et c'est pour cette raison que le brun n'avait aucun doute sur le pourquoi de cette réunion imprévue.

- "Sachez que j'apprécie assez peu les guets-apens comme celui ci...

- Tu ne nous as pas vraiment laissé le choix, tu es devenu doué pour éviter les conversations importantes, siffla la reine en se rapprochant de son mari.

- Si par conversations importantes vous voulez parler de vos longs monologues sur l'importance du mariage avant de monter sur le trône...

- C'est important !

- C'est des superstitions ! s'exclama Onyx. Je n'ai pas envie de marier ! Je n'ai besoin de personne pour gouverner !

- C'est la tradition !

- Le fait que ça soit une tradition n'est pas une carte magique qui rend tout acceptable !

- De toutes façons tu n'as plus le choix, intervient Kélénia, acerbe. On t'a laissé traîner déjà trop longtemps et tu as trouvé le moyen de faire fuir toutes les prétendantes. Tu n'as plus ton mot à dire."

Le silence retomba sur la pièce, uniquement brisé par la toux sèche du Roi. Onyx contenait sa colère avec difficulté. Son regard était ancré dans celui de sa belle mère. Elle fut la première à rompre le contact visuel pour se tourner vers son mari.

- "Nous avons passé un accord avec la famille Del dilitirio, leur cadette n'est pas encore marié. C'est une chance... Les familles marient leur fille dès qu'elles en ont l'âge quand les accords ne sont pas fait dès la naissance. Avec ton âge, cela commençait à devenir compliqué de te trouver une femme.

- Vous n'aviez pas besoin de tant vous démener, puisque je vous dis que je n'ai pas l'intention de me marier !"

Orio voulu prendre la parole mais encore une fois, sa toux l'empêcha et il lui fallut quelques secondes pour reprendre son souffle.

- "Onyx... Mon état de santé se dégrade de plus en plus. Qui sait combien de temps les traitements de Langélier seront efficaces. Ta belle-mère a raison, tu vieillis. Tu devrais déjà être marié depuis longtemps. De combien d'alliances potentielles es-tu passé à côté ? En temps que futur monarque, tu devrais commencer dès maintenant à en former, et la première se fait par le mariage.

- De plus la famille Del Dilitirio est très influente. C'est une famille très ancienne qui dirige la plus grande île de l'archipel des Valcanes. Cela agrandirait notre espace maritime de manière conséquente. Et pour ne rien gâcher, les membres de cette famille sont tous des mages de stade trois. Avec ta magie, c'est l'assurance quasi totale d'avoir une descendance puissante. Bref, l'idéal." souligna Kélénia avec un air supérieur.

Onyx serra les dents tellement forts qu'il crut pendant un instant qu'il allait se les briser. Heureusement, il se reprit avant que sa colère ne soit encore plus visible que ce qu'elle était déjà. Utilisant sa respiration, il se concentra pour apaiser son rythme cardiaque et il finit par réussir à redescendre à un rythme normal.

- "Et je suppose que je n'ai pas mon mot à dire non plus pour la date ?

- Ils arrivent demain matin.

- Il me semblait avoir déjà précisé que je n'appréciais pas les guets apens... soupira le prince en regardant à travers la fenêtre le soleil qui se couchait.

- La derniers fois que nous t'avons annoncé une date à l'avance, tu as trouvé le moyen pour avoir un voyage diplomatique ce jour là. Tu n'as dupé personne et certainement pas moi, susurra la mage verte en se penchant imperceptiblement vers lui. Cette fois-ci tu ne pourras pas fuir tes obligations.

- C'est audacieux de votre part de penser qu'il me faut plus d'une dizaine d'heure pour organiser un voyage diplomatique...

- Tu n'iras nul part, les gardes ont reçu des ordres stricts et ce ne seront pas les tiens qui monteront la garde devant ta porte. Pas de balades nocturnes non plus, tu as l'ordre de ne pas quitter tes appartements.

- Premièrement, veuillez cessez de vous adresser  à moi comme à un enfant. Ce serait fort appréciable. Ensuite, c'est très optimiste de votre part de penser que vos gardes sont plus efficaces que les miens alors qu'ils n'ont jamais réussis à attraper ne serait-ce qu'un seul des dizaines d'assassins qui pénètrent ce château tous les ans. Enfin, vous avez beau être au dessus de moi, je vous prierais de garder vos ordres pour vous et de me parler avec le respect qui m'est du. Merci bien. Maintenant si cette conversation est terminée, je vais me retirer."

Sa tirade résonna entre les quatre murs de la pièce où ils étaient réunis alors qu'il se dirigeait vers la porte. Il entendu vaguement son père l'appeler mais il n'y prêta pas attention et ferma la porte derrière lui.

Une fois dans le couloir, il s'éloigna rapidement et une fois sûr que personne ne l'avait suivit et qu'il était hors de vue, il s'adossa contre le mur le plus proche et se passa la main sur le visage. Sous ses paupières fermées, c'était les traits de Sélène qui dansaient dans son esprit. Il avait réussit à leur obtenir plus de dix ans de sursit... Est-ce que cette nouvelle serait celle qui allait définitivement faire voler en éclats leur couple fragile ? 

Aux yeux du peuple, il était célibataire. A partir du moment où il serait marié, le peuple se mettrait à attendre la venue d'un héritier. L'idée même de toucher un autre corps que celui de sa bien aimée le remplissait de dégoût. Et pour elle ? Est-ce qu'elle serait capable de l'aimer alors qu'il devrait prétendre en aimer une autre ? Alors qu'il devrait dormir avec une autre ? Faire un enfant à une autre ?

Il refusait que cette situation arrive. Il allait falloir qu'il trouve une solution et vite. Sans s'en rendre compte, il glissa la main sous l'une des manches de sa chemise pour venir caresser les tatouages rouges qui couvraient ses avant-bras. Comme sa sœur, la religion n'avait fait que glisser sur son corps sans réussir à y trouver d'accroches. Pourtant, à cet instant, dans le peu d'intimité du couloirs, il se surprit à chercher les brides de prières qui restaient dans sa mémoire. Peut-être que l'une d'entre elles attirerait sur lui la clémence de Kréatos.

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Whoua un autre chapitre ! Je suis en forme ce moment !!! Et vous, comment ça va ?

Ca me fait plaisir de développer un peu plus le personnage d'Onyx ! Je l'aime bien à vrai dire ! Et vous, un perso qui vous plaît particulièrement et que vous aimeriez voir un peu plus dans ce tome ci ?

Noir de Jais (Monochrome)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant