Noir de Jais (Monochrome)

Chapitre dix-huit : Une équipe singulière

Ce fut la douce froide pour Onyx. Il allait nier la présence de qui que ce soit aux alentours mais Belladonnie ne lui laissa aucune chance.

- "N'essayez même pas de me mentir, je l'ai entendu s'approcher et je sais qu'elle a écouté toute la conversation. Dites lui de sortir plutôt.

- Je refuse qu'on l'implique dans cette affaire.

- Tu préfères finir assassiné ? lui demanda la télékinésiste. Non, c'est bien ce qu'il me semblait."

Il allait répliquer encore une fois quand le mur s'ouvrit, laissant apparaître Sélène, l'air grave. Les deux femmes s'inspectèrent du regard avant d'échanger un petit mouvement de tête.

- "Tu fais partie des servants du palais ? l'interrogea la mage bleue.

- Oui Dame Del Dilitirio... confirma la brune.

- Alors tu peux rentrer dans les appartements royaux sans éveiller les soupçons !"

Sélène et Onyx se regardèrent en grimaçant.

- "Malheureusement non, je ne fais pas partie du personnel affecté à ce secteur du palais. Je me ferai repérer immédiatement...

- Et les couloirs que tu utilises, ils pourraient nous permettre d'avoir accès aux appartements royaux ? demanda Belladonnie en fixant le trou dans le mur.

- En théorie, oui. Il y a une entrée dans la suite royale. Les passages étaient d'abords là pour permettre à la famille royale de fuir en cas d'attaque mais doit aussi empêcher les assassins de pouvoir s'en servir pour y avoir accès. Je ne connais que les passages de surface et ils ne vont pas jusque là. En passant par les galeries souterraines il devrait y avoir un moyen mais je ne le connais pas...

- Je sais que Crystal avait réussi à mettre la main sur un plan des galeries... Il est peut-être encore dans sa chambre. Rien n'a bougé là bas n'est-ce pas ? consulta Onyx.

- Les portes sont scellées. Personne n'y est entré à part toi et moi depuis plus de dix ans. Si Crystal avait les plans, ils y sont toujours.

- Parfait, ça règle la première partie du problème !

- Mais ça nous en laisse deux autres, rappela Onyx. On ne sait pas sous quelle forme Kélénia utilise la Venturine et Sélène n'est pas immunisée. Je refuse qu'on mette sa vie à ce point en danger.

- Si c'est la vie de ta dulcinée qui t'inquiète à ce point, je peux trouver de la Balsamine. Ça rallongera un peu le processus parce qu'il ne suffit pas de mâcher les feuilles pour que ça marche, mais avec une ou deux semaines, ça peut se faire, le rassura Belladonnie avant de reprendre face à l'air catastrophé de ses interlocuteurs. Rassurez moi, vous ne pensiez pas être discret ?

- Je compte sur vous pour garder le silence... grinça Onyx.

- Oh oui, ça m'arrange moi ! Je suis ravie de voir que mon fiancé de presque le double de mon âge est déjà attaché à une femme de son âge. Mais revenons au sujet principal, le mieux serait de passer à l'action dès que votre amante sera immunisée. Pour cela il faut déjà avoir identifié le contenant.

- Sous quelle forme se présente la Venturine ? demanda Sélène. Si je sais quoi chercher, ce sera plus simple.

- C'est le problème... Parfum, poudre, boisson... La venturine se décline sous absolument toutes les formes, insista la télékinésite. Mais si on part d'un point de vue pratique... Je pense qu'on peut barrer toutes les formes volatiles, trop compliquées à manier sur des années sans contaminer quelqu'un d'autre par erreur.

- Donc plus par la boisson... Ou la nourriture...

- Si Kélénia ne cuisine pas elle-même, je pense qu'on peut rayer cette option de la liste. Je pencherais plus sur du poison sous forme liquide.

- Dans ce cas, je dois chercher tout ce qui ressemble à une fiole dans les appartements royaux, récapitula la mage noire.

- Exactement, mais ne touche à rien tant que tu n'as pas pris de la Balsamine, le Prince ne me le pardonnerais pas.

- Je ferais attention.

Les trois nouveaux alliés se regardèrent quelques secondes et Onyx eut presque envie de ricaner face à leur équipe. Un prince qui n'avait pas envie d'en être un, une servante et une gamine de dix-huit ans. N'importe qui leur aurait ri au nez en s'exclamant qu'ils n'avaient aucune chance face à leur adversaire.

Et il aurait certainement approuvé. Quelles étaient leurs chances de réussite après tout ? Mais un souvenir lui criait que tout était possible et qu'il avait enfin sa chance d'arrêter les tentatives d'assassinat. Le souvenir d'une bande de gamins réussissant à fuir une exécution royale, guidés par une adolescente sans magie.

Crystal avait réussi à échapper à Kélénia, il serait celui qui l'empêcherait définitivement de nuire.

- "Je suis censée passer la nuit ici... finit par reprendre Belladonnie. J'ai cru comprendre que vous aviez plusieurs couchages.

- Vous pouvez utiliser mon lit, répondit Onyx en lui désignant l'immense baldaquin, avant de reprendre en se levant. Je vais dormir dans mon bureau."

Il passa la main autour de la taille de Sélène et l'entraînant à sa suite. Dès qu'ils eurent passé la porte, le prince ne put se retenir plus longtemps et prit la brune dans ses bras, l'enlaçant de toutes ses forces.

- "Je n'aime que tu sois impliquée dans ce plan... chuchota-t-il le nez plongé dans les cheveux de la mage noire.

- Nous n'avons pas le choix... lui répondit-elle doucement avant de reculer et de lui sourire. Et puis, si nous réussissons, tu te rends compte de tout ce que cela implique ? Ton père ne sera plus sous l'emprise de Kélénia, tu pourras enfin lui faire entendre raison pour le mariage !"

Onyx contempla la jeune femme. Par Kreatos, qu'elle était magnifique... Et courageuse... Optimiste... Il aurait pu passer des heures à faire la liste de tous les adjectifs qui lui allaient. Comme il aurait pu passer des heures simplement à la regarder.

- "Arrête de m'admirer comme ça alors qu'on a enfin un semblant de solution à nos problèmes ! se moqua-t-elle en faisant semblant de le frapper.

- Impossible ! se dédouana le brun en souriant. Tu m'hypnotises, je suis incapable de regarder ailleurs !

- Ah les hommes... incapable de rester concentré face à une belle jeune femme...

- Il faut voir la femme en même temps, glissa Onyx en posant un baiser sur ses lèvres.