Chapitre 15 : Revendicaterre

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« La nature humaine est considéré depuis toujours comme violente. Ce n'est ni notre histoire, ni nos habitudes qui nous détromperons de cette idée. Alors qu'en est-il des personnes qui n'y cèdent pas, qui préfèrent construire plutôt que détruire ? Sont-ils des surhommes ? Ou au contraire ne sont-ils pas tout à fait humains ? »

L'appartement était de taille modeste et chichement meublé. Bien moins vétuste que la planque d'Agus, il ne rivalisait pourtant pas du tout avec ceux des beaux quartiers. Le groupe des Revendicaterres rencontré plus tôt au Mädler était au complet. Une nouvelle tête était visible au travers de la fenêtre que John surplombait depuis le bâtiment d'en face ; une jeune femme à la chevelure blonde, nouée en une natte qui descendait en cascade sur son épaule droite. Elle semblait plus réservée que ses compagnons et John pouvait constater, en écoutant leurs conversations par les nanites dont le manteau du géant était imprégné, qu'en effet, elle parlait moins.

- ...on ne prend aucun risque. On le retrouve, on lui met une balle dans la tête, on prend sa pile et on se barre ! –proposait avec insistance le géant–

- Mais oui Wiskey, ta solution on la connait tous. C'est la même à chaque fois. On tire et on réfléchit après. Et on fait quoi si le morphe possède un téléporteur d'urgence ou un effaceur cortical ? Ou pire encore, les deux ? –avait rétorqué véhément, le second homme.–

- Ta gueule Andersen, avec toi c'est toujours l'inverse. On attend et on voit. Je te rappelle qu'on a aucune idée de qui est ce mec et que, visiblement, on n'est pas les seuls à le chercher. Tu proposes quoi ? On lui demande poliment de nous expliquer pourquoi c'est le seul survivant de notre petite expédition ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit ! –il se retourna vers Trish– Mais merde, dis-lui toi ! Il faut qu'on le capture vivant. Si on doit extraire des souvenirs de sa tête, il faut qu'on soit sûrs que sa pile corticale ne crame pas.

L'Octomorphe qui était restée aussi silencieuse qu'immobile jusque-là, tourna son attention vers la dispute. D'une voix sûre elle trancha :

- Andersen a raison. On ne prendra pas le risque de perdre cette pile. Mon informateur sur Cognite dit qu'il s'est enfuit avec un morphe d'infiltration. Sur ce genre de modèle, les effaceurs corticaux sont monnaie courante –elle tourna son regard vers la jeune femme à la natte– Florence, tu penses pouvoir l'immobiliser le temps qu'on le neutralise ?

- Sans doute... Mais je n'en suis pas certaine.

- Va falloir que tu te dépasses sur ce coup-là la magicienne. Si on veut savoir ce qu'on était partis chercher, il nous le faudra vivant.

John, toujours perché sur le toit de l'immeuble adjacent, se releva. Sans couper la liaison des nanites espionnes, il regagna la rue. Il profita qu'un locataire sorte du bâtiment occupé par ses cibles pour y entrer et grimpa rapidement les 4 étages qui les séparaient. Suivant toujours leur conversation d'une oreille attentive, il s'approcha de la porte voisine et entrepris d'entrer. La serrure n'était pas électronique rendant tout piratage impossible. Un instant il songea à la défoncer d'un coup d'épaule mais le bruit aurait pu les alerter. Tandis qu'il se penchait pour observer le cylindre, il sentit un léger frisson lui parcourir l'avant-bras droit. Il releva sa manche pour constater qu'une série d'outils de précision s'étaient déployés automatiquement du membre. Il les fit bouger naturellement, comme s'il en avait toujours été pourvu.

Le crochetage ne dura que quelques secondes et le cliquetis caractéristique d'un verrou qui s'ouvre lui indiqua que la voie était libre. Tout en entrant, il observa une nouvelle fois son bras. Les outils se rétractèrent et disparurent totalement. Cela avait quelque chose de fascinant mais également de dérangeant.

CAEE : Le Cycle de John 5 (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant