CAEE : Le Cycle de John 5 (Tome 1)

Chapitre 1 : Immaculé

« Si tout homme se définit par ses actes et non ses pensées, qu'en est-il des souvenirs des actions passées ? Sont-ils gravés dans l'identité de la personne ou seulement un point de comparaison avec les changements futurs ? Si tout homme se définit par ses actes, une seule bonne action peut-elle racheter des milliers de mauvaises ou une seule mauvaise peut-elle le condamner malgré des milliers de bonnes ? »

Lorsqu'il ouvrit les yeux, la lumière blanchâtre qui baignait toute la pièce lui fit presque mal. Une douleur lancinante, bien plus réelle, elle, lui scindait le crâne. Il prit quelques instants pour se concentrer. Que faisait-il ici ? Et où était « ici » ? Il tenta de se relever mais se rendit compte bien vite que les liens qui lui enserraient chevilles, poignets et gorge, le privaient de tout mouvement. Il tenta de détailler la pièce du mieux qu'il le pouvait mais sans grands résultats. Aseptisée, blanche, spartiate, il était visiblement allongé sur une sorte de lit médicalisé situé au centre de celle-ci. La voix synthétique d'une femme se fit alors entendre : « Eveil du résident 1. Veuillez ne pas bouger, un consultant est en route ! »

Un moment s'écoula avant que le son caractéristique d'un sas lui indique qu'une porte venait de s'ouvrir dans son dos. Les quelques bruits de pas qui suivirent lui signalèrent qu'un visiteur seul, sans doute un homme, venait de pénétrer dans la salle. Très vite, il eut la confirmation en voyant le visage amical de celui-ci. Ce dernier, le surplombant, était vêtu d'une blouse blanche dans la poche de laquelle il attrapa une petite télécommande tactile. D'une simple pression sur celle-ci, il fit basculer le lit en position verticale.

Le « consultant » devait avoir la trentaine. Son regard calme semblait néanmoins lointain. Il affichait un sourire jovial, bouche fermée. Il passa quelques instants à le regarder avant de prendre la parole.

- Bonjour, navré de vous avoir fait patienter. Je me prénomme Claude. Savez-vous où vous vous trouvez ?

Non il l'ignorait... Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'est qu'il ignorait même qui il était. Le lien qui lui enserrait fermement la gorge, qu'il avait sèche, lui laissait néanmoins la possibilité de parler. Il hasarda une réponse :

- Je suis mort et c'est le purgatoire ?

La répartie parut amuser son interlocuteur.

- Vous devez sans doute beaucoup vous questionner et votre recherche de réponses est tout à fait légitime. Mais il vous faudra sans doute être patient. Nous trouverons un moyen de vous aider.

Comme pour donner de l'assurance à cette dernière phrase, il fit une pause et reprit :

- Désirez-vous de l'eau ?

Pour toute réponse, son visiteur reçu un signe approbateur des yeux. Du sol, un petit promontoire jaillit avec, en son sommet, un verre d'eau cristalline.

- Dès que nous serons certains que vous ne serez pas agressif, nous vous libérerons. Serez-vous amical ? –questionna le « consultant » –

Une nouvelle fois, il se contenta d'approuver du regard.

« Charlotte à la vanille » articula le visiteur très distinctement. A ces mots, les liens se rétractèrent, le libérant. Durant une fraction de seconde il eut une sensation de « déjà-vu ». Comme s'il s'était retrouvé dans cette situation auparavant mais dans un autre endroit. Il n'eut pas le temps de fouiller plus profondément son absence de souvenirs qu'une nouvelle question l'assaillait.

- Vous souvenez-vous de votre prénom ?

Une nouvelle fois, comme toute réponse, le médecin le regarda hocher négativement de la tête.