Chapitre 8

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" La vérité est que vous ne savez pas ce qui vas se passer demain. La vie est une course folle, et rien n'est garanti " Eminem

Whisky – Marian Hill

Un bourdonnement dans les oreilles. De fortes nausées. Les battements de mon cœur qui se font sentir jusque dans ma boîte crânienne. Une bouche pâteuse. Le pire mal de tête de ma vie. Voilà ce que je récolte à la minute où je me réveille. Je me risque à ouvrir un œil, mais la lumière du jour me force à me raviser. Un instant, je me demande dans quel lieu je me trouve, tellement mon esprit est embrumé. Je rabats la couette sur moi et m'enfouis sous elle. Je tente par tous les moyens de retrouver la pénombre dans laquelle je me trouvais, cependant le mal est fait : les tournis font leur apparition. Je ne reboirai plus jamais une goutte d'alcool. De toute ma vie. Jamais. Bon d'accord, pas tout de suite en tout cas.

Je tente de fouiller mon esprit et de trouver par quel moyen je suis rentrée chez moi, mais rien ne vient. Ma discussion avec Alex est mon dernier souvenir. J'imagine qu'ils ont dû me raccompagner. Non mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? J'ai tout simplement pris la plus grosse cuite de toute ma vie le soir où je sors avec de parfaits inconnus. J'ai dû leur faire une sacrée première impression... En revanche, eux, m'ont conquise. J'ai immédiatement accroché avec Steph. Je pourrais certainement devenir amie avec elle si nos chemins se recroisent prochainement. J'adore son côté excentrique. Bastien aussi, qui n'a pas sa langue dans sa poche ! Même Laurent - « le doc' », comme ils aiment l'appeler - avec qui je n'ai pas eu vraiment le temps de discuter, a l'air plutôt sympathique. Mon esprit s'efforce de se rappeler cette soirée, mais seulement quelques moments me reviennent en mémoire. Je me souviens parfaitement de notre repas dans le bar à tapas, en revanche la partie boîte de nuit reste floue. Une conversation avec Steph, quelques déhanchés sur la piste de danse et... ce regard. Oui, je me souviens de ça. Ce regard figé sur moi. Irréaliste vu son comportement envers moi, mais pourtant bien là. Sans le vouloir, un sourire se dessine sur mon visage et je n'ai plus que l'image de deux yeux d'un bleu aussi profond que l'océan dans mon esprit. Je n'arrive toujours pas à cerner Alex et j'admets que cela me perturbe un peu. Je tente de me retourner dans mon lit et le regrette immédiatement. C'est comme si une barre de fer venait appuyer sur mon front à chaque mouvement.

Le mal de crâne a raison de moi. Je prends sur moi, me dégage de la couette et me lève doucement. La vive clarté de la pièce me force à plisser les yeux et même à mettre ma main devant pour m'en cacher. Je suis en pyjama. Si j'ai eu assez de force pour me changer, c'est que je ne devais pas être autant dans les vapes que ça... Non ?

Avant de sortir de ma chambre j'attrape mon téléphone et écarquille les yeux de surprise. Trois appels manqués. Un de Julien, et deux d'Agathe. Agathe ! Je m'étais enfin persuadée qu'elle ne me contacterait plus jamais et voilà qu'elle réapparait. Une foule de sentiments s'emparent alors de moi. Colère, nostalgie, mélancolie, trahison et... soulagement ? Je ne sais pas si cela en est vraiment, mais le fait qu'elle ait essayé à deux reprises de me joindre me prouve qu'elle ne m'a pas totalement oubliée.

Que me veut-elle ? Me faire des excuses, revenir en rampant ou peut-être essayer de sauver notre amitié ? Si c'est le cas, je me ferai un plaisir de détruire ses espoirs de la manière la plus cruelle qui soit, même si je ne pourrai jamais l'égaler sur ce point. J'ai eu assez de temps pour réfléchir à ce que je lui dirais si un jour elle décidait de m'appeler. Ma tirade est rodée. J'attendrai qu'elle me rappelle, car elle le fera c'est évident, et je me ferai un malin plaisir de la lui faire écouter à cette garce manipulatrice. Plus le temps passe, plus la tristesse et l'humiliation causées par ma meilleure amie se transforment en haine. Julien, en revanche, je ne sais pas ce qu'il me veut encore. En vérité, ça ne m'intéresse pas. La blessure qu'il m'a infligée est toujours bien présente mais elle commence à s'atténuer, très légèrement. Et je sais que, pour tourner la page, la meilleure des choses est de radicalement couper les ponts avec lui. Il peut m'appeler tous les jours si ça lui chante, ce sera toujours mon répondeur qu'il trouvera en finalité.

VinceWhere stories live. Discover now