Chapitre 25

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« Dans mon esprit, je suis un combattant. Mon cœur est un briquet, mon âme est le fluide. Mon flux, l'étincelle. » Eminem

Memories – Maroon 5

— Rentre bien, je dis à Julie en lui tendant ses affaires.

La porte se referme derrière elle et je ressens instantanément la solitude qui m'accompagne depuis plusieurs années, telle une vieille amie.

Étrangement, depuis quelques semaines, elle m'abandonne lentement. Le problème, c'est qu'elle fait partie de moi depuis tellement de temps que je me sens comme perdu sans elle. Aussi étonnant que ça puisse paraître, la solitude me réconforte. Mieux, elle m'apaise. Ce sentiment commence à s'évanouir peu à peu depuis que je connais Julie. D'ailleurs, la nuit dernière m'a permis de prendre conscience d'une chose : lorsqu'elle est là, c'est elle qui me réconforte désormais.

Je m'affale sur le canapé et porte mes mains sur mon visage. Celui si angélique de Julie apparaît dans mon esprit. Je ferme les yeux et me replonge dans cette nuit tellement surprenante. Cependant, ce n'est pas le souvenir de nos ébats qui me revient en premier à l'esprit : ce sont ceux qui précèdent. Le moment où j'ai osé enlever mon pull et où elle a découvert ce corps que je ne reconnais plus. Évidemment, quelques filles ont déjà aperçu mes brûlures – moins que je le prétends, je l'avoue – mais aucune n'avait cette étincelle dans le regard qu'avait Julie. Ce n'était pas de la pitié comme habituellement. Pour être entièrement transparent, c'est comme si chaque parcelle de ce putain de corps était attirée par elle, et ce depuis le premier jour. En revanche, je garderai ce sentiment pour moi. Personne n'a à le savoir, et surtout pas elle. Pour n'importe quelle personne, ce serait une merveilleuse sensation. Si puissante. Si intense. Pour moi, c'est une catastrophe.

Jusqu'à maintenant, je me suis débrouillé seul et cela continuera. Si la vie m'a bien appris une chose, c'est que tout ce que l'on possède, nous finissons par le perdre un jour ou l'autre. « L'école de la vie » comme l'appellent certains. Quand j'y pense, c'est un doctorat que j'ai ! Alors, c'est plutôt simple : pas d'attache, pas de souffrance. C'est facile finalement. Sans compter que je ne veux plus faire souffrir quiconque. En particulier Julie : je ne le supporterai pas. Elle mérite bien mieux que moi, je dois juste le lui faire comprendre, pour la protéger. Alors je dois mettre un terme à ce début de relation le plus rapidement possible. J'y suis obligé même si, au fond de moi, c'est la dernière chose dont j'ai envie.

Je dois arrêter de penser à elle et trouver une occupation qui pourrait m'accaparer l'esprit. Je pars m'installer à mon bureau. Après m'être assis, je saisis la feuille de papier, bourrée de ratures et déjà bien noircie, ainsi qu'un stylo. Je relis entièrement le texte que je travaille depuis des mois. J'écris quelques mots, en barre d'autres, mais impossible d'écrire quelque chose de correct : l'inspiration n'est pas là, mon cerveau est obnubilé par elle. Depuis le temps que j'écris mes chansons, je sais comment je fonctionne. Si mon écriture n'est pas fluide, cela ne sert à rien. Néanmoins, la forme que prend ce morceau commence enfin à me plaire. Je prends quelques minutes pour recopier le texte au propre.

La sonnerie de mon téléphone m'interrompt dans ma lancée. Arrivé à la fin du morceau, je tourne la tête vers mon téléphone et aperçois un message de Bastien :

Bastien – Aujourd'hui à 14 h 56

Salut mec. Comment ça va ?

Moi – Aujourd'hui à 14 h 56

Top, mais j'ai merdé. Julie a passé la nuit à la maison.

Bastien – Aujourd'hui à 14 h 57

VinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant