Chapitre 35

581 53 19
                                    

« Confronte-toi à ta peur la plus profonde ; après cela, la peur n'a plus de pouvoir, et la peur de la liberté s'éloigne et disparaît. Tu es libre. » Jim Morrisson

Let it all go – Birdy

3 mois plus tard.

Le ventre bien rempli, nous sortons main dans la main de ce restaurant qui fut une agréable surprise. Une table à l'influence thaïlandaise avec une décoration épurée. Je retiens l'adresse pour une future sortie.

En posant le pied dans la rue, je sens les derniers rayons de soleil imprégner mon visage. Nous avons mangé tôt : Alex est de concert ce soir. C'est la première fois que je vais le voir sur scène ailleurs qu'au Diamant Noir et je suis vraiment impatiente d'y être.

Une petite brise s'engouffre dans la rue, suffisante pour faire virevolter le bas de ma petite robe blanche d'été. Le mois de juin est à peine commencé que les journées ont déjà pris un air estival. J'imagine que ça doit être en partie dû à la pollution de la ville, bien que la chaleur soit arrivée un peu partout sur le territoire. En arrivant, j'avais appris que les parisiens ainsi que les touristes désertaient d'ailleurs Paris lors de la saison estivale à cause de la chaleur, et cela se confirme : les rues sont de moins en moins bondées. Elles ne sont évidemment pas désertes mais c'est suffisant pour être un peu plus agréable. Malgré cette chaleur naissante, je n'ai pas encore vu Alex porter un t-shirt ou un bermuda. Ses pulls, jeans, polos et chemises ne l'ont toujours pas quitté. Je commence à me demander s'il continuera à porter cette garde-robe lorsque les grosses chaleurs seront arrivées. À chaque fois, mon cœur se serre en imaginant le calvaire que cela doit être d'être vêtu de cette façon pendant les trois mois les plus chauds de l'année.

Je n'ai d'ailleurs toujours pas revu son corps meurtri. En privé, il se débrouille toujours pour me les cacher. Même lorsque nous faisons l'amour, il éteint systématiquement la lumière et a toujours du mal à ce que je touche ses brûlures. « L'habitude » selon lui. J'ai beau le rassurer et lui dire que cela n'a aucune importance, rien n'y fait. Cela dit, je vois chaque jour dans ses yeux un nouvel éclat de vie faire son apparition et cela me suffit amplement. Il commence enfin à laisser entrer le bonheur dans sa vie.

— Steph m'a demandé quand est-ce que tu comptais la voir, je lui dis en rigolant.

J'ai rendu mon appartement il y a quelques semaines maintenant. Laurent a décidé d'emménager avec Camille et j'ai sauté sur l'occasion pour officialiser ma colocation avec Steph. Les quelques jours passés chez elle nous ont énormément rapprochées. Lorsqu'elle a compris ce qu'il se passait entre Alex et moi, elle m'a carrément prise dans ses bras. Je ne m'y attendais pas. Ses yeux brillaient : elle était heureuse pour nous. Cela dit, je sens bien que mon amie a besoin de retrouver du temps avec Alex, comme avant, sans moi. Elle n'ose pas me le dire mais il lui manque, et je crois bien que c'est réciproque, même si maintenant elle passe une partie de son temps libre avec Jordan.

— C'est vrai que ça fait un moment que je n'ai pas passé une soirée avec elle, comme avant, répond Alex en me prenant la main.

— Je travaille demain soir si tu veux, vas-y.

— Tu es sûre ?

— Oui, bien sûr, je lui dis en lui donnant un bisou sur la joue.

Nous arrivons à L'ours chanteur, un piano-bar situé dans le Marais. En poussant les portes, une odeur de frite assaille mon nez et l'épicurienne que je suis en a presque le ventre qui gargouille malgré le repas qu'elle vient d'avaler. Nous sommes accueillis par le gérant de l'établissement, un homme d'une cinquantaine d'années. Après nous avoir serré la main, il ne perd pas de temps et nous indique les vestiaires afin qu'Alex puisse y déposer ses affaires.

VinceWhere stories live. Discover now