Partie 1 - Chapitre 6

1.4K 70 1
                                    

Conformément à ce qu'il m'avait demandé, je retrouvais Luisa qui m'indiqua la route pour l'infirmerie. Je devais dépasser la petite colline qui nous séparait du reste de la colonie. La maison de César et de celle de mes « sœurs » se situaient dans une sorte de petite vallée, à l'abri des regards. Elle représentait bien l'ensemble des privilèges dont jouissait César au sein de cette colonie.

Je marchai rapidement, profitant de ce moment de solitude pour me défouler après ce rendez-vous dérangeant. Arrivée en haut, je humais profondément l'air frais qui me donnait une illusion de liberté, pour la simple et bonne raison que j'étais éloignée de la présence de César. En ouvrant les yeux, je vis face à moi des dizaines de maisons, du même type de fabrication que la mienne et celle de César, ce bois tropical et ces toits qui semblaient pouvoir s'envoler au moindre coup de vent.

Luisa m'avait précisé que l'infirmerie était une des premières habitations sur la droite, mais du haut de la colline, je peinais à l'apercevoir. Je dévalai alors la colline, ayant la ferme attention de profiter de ce moment de liberté pour observer les environs. J'aperçus l'infirmerie qui était dotée d'une croix rouge peinte à même sur la porte et alors que je m'apprêtai à la rejoindre, je me stoppai, dérangée par le regard insistant de deux femmes à quelques mètres de moi.

Elles venaient de sortir d'une des habitations. Leur regard était mauvais, presque sauvage. J'ignorais si elle m'avait déjà vue au repas du dimanche mais elles ne cessaient de me fixer. A vrai dire, je semblais tout juste débarquée du monde extérieur. Mes habits étaient relativement modernes comparés aux leurs et surtout, je me promenais dans cette colonie comme si j'étais dans un parc en plein dimanche après-midi.

Voyant qu'elles s'obstinaient à ne pas me lâcher du regard sans en dire un mot, je décidais de me dépêcher d'entrer dans l'infirmerie. La noirceur qu'elles avaient dégagée était aussi inquiétante que certains hommes que j'avais pu croisé précédemment. J'actionnai la poignée et pénétrai rapidement dans ce qui me semblait être une sorte d'entrée. Plusieurs chaises étaient disposées côte à côte et un bureau trônait au milieu de la pièce.

« Bonjour ma jolie. Qu'est ce qu'il t'amène ? »

Je me tournai brusquement vers la voix féminine qui venait de s'adresser à moi. Une femme plutôt âgée, en blouse blanche, venait de sortir de la petite salle qui se cachait à l'arrière de l'habitation.

« Je suis nouvelle... César m'envoie. » prononçai-je avec hésitation.

Elle hocha la tête avec un sourire rassurant.

« Je vais simplement d'ausculter rapidement pour vérifier si tu n'as pas de séquelles depuis la drogue qu'on t'a injectée. Je ne cesse de leur répéter de choisir un produit moins fort mais ils n'en font qu'à leur tête. Enfin, tu sais bien comment son les hommes. » me lança-t-elle avec complicité.

Je bredouillais une réponse et tentai de cacher ma gêne. J'imaginai mal faire des blagues sur les hommes de cette secte, surtout lorsqu'on parlait de drogue utilisée pour nous kidnapper.

« Je t'en prie, entre dans la salle d'auscultation. » m'intima-t-elle en me désignant la petite pièce.

Je m'effectuai et, suivant ses indications, je retirai mon haut et elle vérifia les battements de mon cœur puis ma tension.

« Tu as des problèmes de santé en particulier ? » me demanda-t-elle.

Je hochai la tête négativement. Si je fermais les yeux, j'aurais pu me croire dans un cabinet de médecin tout à fait normal. C'était très dérangeant.

Elle retira le tensiomètre et, alors que je pensais que le rendez-vous allait se conclure, elle me posa la question fatidique :

« Est-ce que tu utilises un moyen de contraception ? »

ColoniaWhere stories live. Discover now