Partie 1 - Chapitre 35

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« Je ne viens jamais à ce genre de fête. » dit Yeison alors que j'attachai ma ceinture de sécurité.

Il démarra le véhicule et les feux s'allumèrent, éclairant quelques mètres dans la savane.

« Pourquoi es-tu venu ce soir alors ? »

Yeison se tourna vers moi.

« J'avais un mauvais pressentiment. J'étais quasiment sûr que César allait te jeter dans la gueule du loup. »

Je soupirais longuement. Même Yeison avait compris à quel point César était machiavélique.

« Personne ne m'avait expliqué en quoi consistait cette fête, pas même mes amies, répondis-je attristée.

- Personne n'est ton ami ici. Chacun vit pour soi et préserve ses chances de survie. »

J'acquiesçai silencieusement en repensant à Luisa. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne m'avait rien dit. Je pensais que nous étions redevenues en bons termes mais à priori j'avais eu tort.

« En tout cas, merci. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi. » soufflai-je.

Yeison resta silencieux pendant quelques secondes, gardant son air revêche habituel.

« Je ne veux pas que tu fasses du bruit en rentrant. Maria et Nana ne s'attendent pas à te voir débouler et je ne souhaite pas qu'elles le découvrent en pleine nuit. »

Je hochai la tête mais ne répondit pas, préférant fermer les yeux le temps du reste du trajet. Les mouvements de la voiture m'endormaient et le calme ambiant contrastait totalement avec l'effervescence de la fête diabolique.

J'étais déjà à moitié endormie lorsque nous arrivâmes à la Communa. Je ne prenais même pas la peine d'observer les environs lorsque je sortais du véhicule. Cet endroit ne m'avait pas manqué mais cette nuit la Communa était ma rédemption et je comptais en profiter.

Silencieusement, Yeison me désigna le canapé dans lequel je ne tardai pas pour m'alonger. Une fois emmitouflée dans une vieille couverture, la fatigue de la journée se fit plus forte et je ne mis que quelques minutes pour m'endormir.

***

Le lendemain, je me réveillais vers 8h, en entendant du bruit dans la pièce voisine qui se révélait être la cuisine. Je me levai doucement et m'avançai.

« Salut Maria » lançai-je quand j'aperçu l'occupante qui était en train de se préparer un petit-déjeuner.

Maria posa ce qu'elle était en train de faire et vint s'approcher de moi.

« Ila ! Yeison vient de me raconter ce qu'il s'est passé hier, je suis désolée pour toi. Heureusement qu'il était là... »

Je lui adressai un fin sourire, ne sachant comment réagir après tous les déboires que nous avons eu toutes les deux. J'entendis du bruit derrière et je vis Nana me dévisager avec surprise. Visiblement, elle n'était pas au courant de ma présence ici.

« Yeison a participé au jeu du solstice d'été et a ramené Ila pour éviter qu'elle ne passe la nuit avec un autre homme que César. »

Nana hocha la tête faisant mine de comprendre malgré son air revêche. J'étais restée plantée là, dévisageant Maria. « Ne pas passer la nuit avec un autre homme que César » ? Pensait-elle vraiment que c'était pour cette raison que Yeison m'avait échappé des griffes de la monstruosité de la colonie ?

Le déni de Maria ne m'avait pas manqué et je prétextais devoir faire ma toilette pour pouvoir m'éclipser de la cuisine. César avait dit qu'il viendrait à midi, je n'avais que quelques heures à supporter d'être vue comme une amante de César.

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