Partie 2 - Chapitre 8

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 En milieu d'après-midi, je finis par venir à la fin des derniers tas de feuilles qui reposaient sur le côté de la route. Diana était à mes côtés et poussa un soupir de soulagement lorsque le camion rempli de végétaux s'éloigna de nous.

Alejandra était partie plus tôt, sans que personne n'ose lui faire de remarque. Parfois, elle s'octroyait ce genre de privilège, s'estimant trop importante pour partager les mêmes horaires de travail que nous.

Quoiqu'il en soit, j'étais bien contente de pouvoir finir cette journée tranquillement, sans son ombre, ni celle des papotages sans intérêts de la colonie. Je n'avais qu'un seul objectif : me rendre le plus vite possible dans mon habitation pour pouvoir me reposer. Je savais que César nous avait intimé de travailler aux cuisines juste après notre tâche finie mais je n'avais pas l'intention de l'écouter. Je méritais de loin une bonne sieste et je savais que mon absence ne serait pas remarquée.

Diana et Laura avaient disparu, peut-être s'étaient-elles déjà rendues aux cuisines. Elles me faisaient de la peine à suivre les ordres de César qui ne prenait pas en compte l'état de fatigue que cette journée avait provoquée en nous.

Je marchais le pas lent, pour ne pas trop me fatiguer outre mesure, et une dizaine de minutes plus tard, j'arrivai dans la vallée qui concentrait la maison de César et celle de mes sœurs. Comme il était d'usage vu l'heure de la journée, l'endroit était totalement désert. J'accélérais néanmoins le pas, ne préférant pas risquer une rencontre avec César ou une de mes sœurs qui se serait étonnée de me voir ici.

Je dépassais l'habitation de César et alors qu'il ne me restait plus que quelques mètres pour atteindre ma porte, j'entendis sa voix grave prononcer mon prénom.

«Ila ! »

Je me retournai vers lui interloquée. Qu'est-ce qu'il me voulait ? Il avait ouvert sa porte avec fracas, sans doute m'avait-il aperçu passer devant sa fenêtre. J'aurais dû être plus discrète.

« Quoi ? » répondis-je avec un léger agacement qu'il pouvait nettement apercevoir.

Il ne dit rien et dévala les quelques marches de la terrasse de son habitation pour venir à ma rencontre. Une fois à proximité de moi, ses yeux s'ancrèrent dans les miens et me dévisagèrent.

Je fronçai les sourcils et commença à parler. Je préférai tout de suite éviter une quelconque réprimande de sa part.

« Je retourne aux cuisines dans cinq minutes. J'avais juste oublié quelque chose dans la chambre, expliquai-je souhaitant faire disparaître l'air méfiant que son visage adoptait.

- Tu ne retournes pas aux cuisines. » me répondit-il fermement.

Je lui jetai un regard intrigué.

« Viens avec moi. » continua-t-il.

Je ne bougeais pas d'un centimètre. Quelque chose clochait. C'était peut-être son regard plus sombre que d'ordinaire ou le fait qu'il ait comblé aussi vite la distance entre nous. Quoiqu'il en soit, je ne comprenais pas son insistance.

Et puis...

« Mary n'est pas sensée te rejoindre ? » lançai-je avec provocation.

César ne réagit pas mais ses yeux me lancèrent des flammes.

« C'est bien pour ça » murmura-t-il dans un son quasi-inaudible.

Je fronçai les sourcils et m'apprêta à lui demander de répéter, certaine d'avoir mal compris. Mais César attrapa violemment mes bras et, sans que j'ai le temps de comprendre, m'immobilisa avec une clé de bras. Je me retrouvais dos à lui, son torse collé à moi, sans quelconque idée de ses intentions.

ColoniaWhere stories live. Discover now