Partie 1 - Chapitre 34

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« Pourquoi ? » Soufflai-je, avec un air de défi.

Ce que je venais de découvrir pouvait à tout moment signifier la fin de mon temps à la colonie. Si César conservait jalousement ce secret, c'était sans doute parce que ses sbires n'apprécieraient pas le fait de savoir qu'il les espionnait nuit et jour.

César ne répondit pas. Sa bouche grimaça dans une sorte de rictus et avant même que je puisse ajouter quelque chose, sa main se leva sur moi. Son poing serré me fit tressaillir. Jusqu'à la dernière seconde, j'étais persuadée qu'il allait me frapper.

Mais sa main vint doucement caresser le bas de mon visage, avec une grande douceur, ce qui contrastait totalement avec l'aspect général de rage à mon égard qu'il semblait avoir. Je fermai les yeux, refusant de croiser une nouvelle fois son regard noir. Sa main s'aventurait toujours le long de ma joue mais lorsque César approcha son visage près du mien, je la sentis descendre à la base de mon cou.

Sa bouche à quelques millimètres de mon oreille me faisait sentir son souffle chaud et, tandis que je perdais progressivement le contrôle, sa main serra violemment mon cou.

Surprise, je poussai un léger cri qui fut étouffé par le manque d'oxygène.

« Parles en à quelqu'un, rien qu'une seule personne et tu le regretteras amèrement..., il prit une respiration comme si parler lui était difficile. Maintenant barres-toi avant que je ne décide de te faire passer le restant de tes jours à la Communa. »

Il relâcha la pression qu'il exerçait sur ma gorge et je pris une grande inspiration, évitant à tout prix de croiser son regard, de peur à ce qu'il regrette sa décision « clémente ». Frôlant le corps de César, je m'échappai du couloir pour avancer à grands pas vers la sortie. Je ne voulais plus passer la moindre seconde dans cette pièce.

Une fois la porte de sortie passée, je fus un moment déstabilisée par l'extérieur de la colonie. Elle revêtit un air différent, maintenant que je connaissais un de ses plus grands secrets. Les caméras de surveillance étaient impossibles à repérer mais désormais je savais qu'elles existaient.

A pas hésitants, je me dirigeais vers mon habitation. Je n'avais jamais vu César dans cet état. La colère dans son regard était radicalement différente de celle quand j'avais tenté de m'enfuir. Aujourd'hui, il m'avait semblé beaucoup plus froid et inhumain. J'ignore jusqu'où pouvait-il aller pour protéger sa secte. Une partie de moi ne souhaitait pas le savoir.

Je m'éloignai du campement principal et fis une petite marche pour laisser se dissiper le stress que je venais de vivre. Je mangeais ensuite avec des femmes de la cuisine et repris mon travail, sans apercevoir Luisa de la journée.

En fin de journée, alors que je rentrais dans mon habitation, je fus surprise par l'agitation inhabituelle qui régnait. Quasiment l'entièreté de la maison était réunie dans le salon, autour de boîtes en carton dont je peinais à voir le contenu, tellement mes sœurs se pressaient autour.

Apercevant Luisa, je me dirigeais vers elle et l'interrogeais sur l'excitation ambiante.

« Le bal de l'été a lieu demain ! César l'a annoncé il y a quelques minutes ! Un des hommes de la colonie nous a apporté les robes de soirée qu'on portera. » enchaîna-t-elle l'air surexcitée.

Pour éviter les pugilats, chaque membre de la colonie disposait d'à peu près les mêmes vêtements : pantalon, t-shirt et pull globalement similaires et quelques fois des robes ou des jupes mais d'autres fantaisies qui auraient pu déclencher une rivalité qui n'aurait pas profité à César.

Je n'étais pas étonnée que, pour pousser la machination à son extrême, César fournissait des robes de soirée dans lesquelles chacune de mes sœurs pourraient se vanter d'être la plus séduisante. Ce que je ne comprenais pas, c'était pourquoi cette décision hâtive. Le solstice d'été n'avait lieu que dans trois jours. Quelque chose au fond de moi refusait de croire que si César avait avancé la date du bal, c'était en rapport avec la découverte que j'avais faite dans la matinée. Il n'y avait aucun lien entre ces deux événements et j'ignorais ce que César pouvait bien machiner avec cette fête qui me paraissait totalement banale.

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