Partie 2 - Chapitre 12

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César recula de quelques pas, le temps de me laisser me remettre de mes émotions. Il m'observait calmement les bras croisés mais je n'osais croiser son regard pour y voir son attitude trop confiante.

Alejandra et lui m'avaient profondément berné. Ils avaient bien eu raison d'imaginer que je tomberai la tête la première dans leur plan.

J'étais si stupide.

Je descendais avec difficulté du bureau. Mes jambes tremblaient encore de l'orgasme qu'il venait de me donner. Je détestais lorsqu'il s'assurait que je prenne pleinement mon pied. Et lorsqu'il m'avait fixé avec son regard sombre, je m'étais sentie défaillir et cela n'était pas dû uniquement à ma cicatrice.

Je remis mon short en place et je me décidai à le regarder dans les yeux. César ne m'avait pas lâché des yeux, observant mes gestes avec minutie.

« Je me casse. » dis-je dans un souffle.

Et alors que je lui tournai le dos et que je me dirigeai vers la porte, je l'entendis ricaner dans mon dos.

« Tu sais tu me fais penser à qui lorsque tu pars juste après avoir tiré ton coup ? » demanda-t-il la voix rauque.

Je me stoppai et lui fis face. César était resté immobile, conservant son sourire assuré.

« A moi beauté. Tu me fais penser à moi. » me lança-t-il en ne me lâchant pas du regard.

Me pétrifiant sur place, son sourire augmenta face à l'expression de mon visage. Comment osait-il me comparer à lui ?

Qu'importe le comportement que j'adoptais, il trouvait moyen de le tourner à son avantage.

Je croisai les bras et tentai de me trouver une contenance.

« Et alors ? » demandai-je, en haussant un sourcil en guise de défi.

Il eut l'air amusé et se rapprocha de quelques pas.

« Et alors rien. J'aime bien, c'est tout. » me répondit-il, les yeux malicieux.

Je restais fixée sur mes pieds tandis qu'il se rapprochait à pas de félins. Sans me lâcher des yeux, César acheva les quelques pas qui nous séparaient. 

Une fois nos corps à proximité, je détournai le regard de gêne. J'étais gênée de sentir son souffle chaud contre ma peau. Cela suffisait à attiser le désir qu'il avait déjà amené à l'apothéose quelques minutes plus tôt. 

"Il y a une autre chose que j'aime chez toi." me dit-il mystérieusement. 

Je lui lançai un regard interrogateur, lui faisant signe de continuer. 

Gardant son air confiant, il leva sa main pour recoiffer une de mes mèches de cheveux derrière l'oreille. 

"La façon dont tu te mets à désirer tout ce qui est malsain pour toi... D'abord moi, et puis ensuite Alejandra."

J'écarquillai les yeux et m'apprêtai à répondre, mais il continua, comme pour me provoquer.

"C'est quelque chose de délicieux de te voir plonger dans tes mécanismes d'autodestruction." souffla-t-il en fixant avec attention les détails de mon visage. 

Profondément agacée, je détournai le visage pour échapper à son contact. 

"Tu restes silencieuse?" ajouta-t-il malicieusement. 

Lui lançant un regard noir, je restais immobile encore quelques secondes. J'avais une pulsion que je tentai de refreiner mais c'était peine perdue. 

Il venait de dépasser les bornes, et de très loin. Alors, je ravalai ma colère et lui adressai un léger sourire. Voyant ma réaction, César fronça les sourcils, puis sourit lorsqu'il me vit me rapprocher. 

Nos visages étaient proches, prêts à s'embrasser. 

Et alors que je lui lançai un dernier regard adoucit, ma main vint violemment rencontrer sa joue. 

La claque était partie trop rapidement à mon goût. J'aurais voulu la savourer plus longtemps. Malheureusement pour moi, César était resté silencieux face à ce geste. Il avait gardé la tête tourné dans le sens de mon cou pendant quelques secondes, puis il s'était tourné vers moi. 

"Tu vas regretter ce geste Ila." dit-il lentement. 

Je sentais qu'il se contrôlait, qu'il pouvait tout autant de gronder de colère, ça n'aurait pas le même effet. 

Je reculai de quelques pas que César combla aussitôt. Son air froid ne me lâchait pas et j'imaginais qu'il était déjà en train de former sa punition. 

A force d'avancer en arrière, mon dos heurta le mur et je me retrouvais sans autre possible d'échappatoire. César attrapa mon menton et me força à le regarder. 

"Ne lève plus jamais la main sur moi. Jamais?"

Je ne cillai pas, n'ayant aucune réaction face à son ordre. César eut un rictus mauvais. 

"Tu as envie de retourner à la Communa visiblement.

- Tout sera mieux qu'ici de toute façon" crachai-je. 

Il me lança un regard noir et raffermit sa prise sur mon menton. 

"Tu es sûre de toi? Si tu veux, je peux te lâcher dans la jungle en attendant que les soldats de mon frère te retrouvent pour ne faire qu'une bouchée de toi." gronda-t-il. 

 Face à son ton menaçant, il n'était pas difficile pour moi de ravaler mon sourire malin à l'évocation de ces hommes. Il ignorait que je leur avais  échappé lorsque je m'étais enfuie de la Communa. J'imaginais que cet épisode pourrait le mettre encore plus en rogne qu'il ne l'était déjà. 

"Allez. C'en est fini pour toi aujourd'hui" dit-il soudainement. 

Il attrapa mon bras et commença à me tirer vers la porte. Je tentai de lutter mais c'était peine perdue. M'immobilisant par mon second bras, César me força à sortir à l'extérieur. Je tentai de crier mais aussitôt la porte fermée, il plaqua sa main contre ma bouche. J'imaginais qu'il n'avait aucune envie d'entendre mes cris étouffés. Et bien dommage pour lui, j'avais bien l'intention d'abîmer mes cordes vocales pour savoir où avait-il l'intention de m'amener. 

Nous fîmes quelques pas dehors mais César se stoppa brutalement lorsqu'il aperçut un de ses hommes accourir vers lui l'air paniqué. 

"Adriàn menace de faire sécession, il a prit en otage les femmes de la laverie!"

Je sentis César se figer contre moi. 

"Il est armé?" l'entendis-je demander. 

L'homme hocha la tête vivement. 

"Ils sont quatre, avec plusieurs munitions."

Sans que je ne m'y attende, César me relâcha et je manquai de tomber. C'était sans compter son bras puissant qui rattrapa ma taille. 

César se tourna vers moi et sortit un trousseau de sa poche. Il me fixa, avec un air indescriptible sur le visage. Il avait l'air inquiet lorsqu'il parlait avec l'autre homme mais, face à moi, c'était un mélange de peur et de menace à la fois. 

Il me tendit les clefs que j'attrapai machinalement. 

"Tu t'enfermes dans la salle au bout du couloir. Tu n'ouvres à personne, y compris si c'est une de tes sœurs. Tu ne touches à rien et tu m'attends, compris?" me dit-il fermement. 

Face à la gravité de la situation, j'ignorais comment réagir, surtout après le moment que nous venions d'échanger. L'air grave de César constatait totalement avec sa colère sourde de quelques minutes plus tôt. 

Je hochai la tête silencieusement et il n'attendit pas d'autre réaction de ma part. Sans un regard pour moi, il s'élança avec l'autre homme vers la direction du hangar, là où je présumais que se cachait une de ses réserves d'armes. 

Entendant un grognement dans le ciel, je levai la tête. Un orage allait bientôt arriver, vu la noirceur du ciel. Je devais me dépêcher, avant de me retrouver sous la pluie, ou pire soumise aux conflits de la colonie. 

Une tempête allait bientôt arriver. 

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