Partie 1 - Chapitre 2

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Je m'étais réveillée, distraite par des chuchotements.

J'entrouvrais les yeux et les cligna des yeux plusieurs fois pour discerner le paysage. Je me sentais largement mieux que toute à l'heure.

« Je pense que tu as besoin de ça », me dit un homme, plus jeune que le précédant, en me tendant une bouteille d'eau.

Je le dévisageais avec surprise. Il affichait un sourire chaleureux et insista pour que je prenne sa bouteille d'eau. Il était accroupi, de sorte qu'il se trouvait à ma hauteur.

Je l'observais quelques minutes, sans pouvoir détourner les yeux de lui. Parmi toutes les horreurs qui m'avait été donné de voir, la beauté de son visage en semblait magnifiée. Il avait les cheveux châtains clairs, ce qui était peu commun chez les hommes colombiens, légèrement bouclés et ébouriffés. Et ses yeux qui n'avaient cessé de me fixer étaient d'un vert profond, couleur jade.

Me détournant de ma contemplation, j'attrapai sa bouteille avec méfiance et je bu allègrement pour étancher ma soif.

Lorsque je la reposais, j'en profitais pour observer ce qui se trouvait autour de moi. Je recroisai une nouvelle fois le regard de cet homme, un sourire bienveillant qui était encore plaqué sur son visage. Je me perdis une nouvelle fois dans ses yeux verts, et malgré son sourire inquiétant, je ne pouvais m'empêcher de l'admirer de nouveau. Sa beauté n'était pas classique des hommes colombiens, en général, bruns aux yeux très noirs. Il était singulier, piquant presque instinctivement ma curiosité.

Perturbée, j'en oubliais presque l'urgente nécessité de comprendre dans quel endroit je me trouvais. Je secouais la tête et observais les alentours. J'étais allongée sur un canapé vert pomme qui semblait dater au maximum des années 70. La décoration de la pièce suivait la même époque: des meubles en bois ciré, du papier peint couleur crème et tout un tas de bibelots tout aussi démodés les uns des autres.

Je jetai de nouveau un coup d'œil au bel inconnu. Le plus son sourire bienveillant restait scotché sur son visage, le plus il me semblait suspect. Sa chaleur me semblait feinte, comme une diversion pour que je me sente en sécurité.

« Où suis-je? » Demandai-je sèchement pour la seconde fois.

Il retroussa son sourire et se lécha rapidement les lèvres avant d'ouvrir la bouche.

« Bajo Atrato », me répondit-il tranquillement.

Je l'observai ahurie. Ce n'était seulement grâce à mes amis passionnés de randonnées et de nature que je connaissais cette région quasiment inhabitée. Le Bajo Atrato était une région composée d'un nombre incalculable de rivières et d'une épaisse forêt vierge. Mais ce qui m'inquiétait le plus, c'était d'avoir la certitude d'avoir entendu qu'aucune route ne reliait ce territoire au reste de la Colombie et que le seul moyen d'atteindre la région était d'utiliser l'un des nombreux cours d'eau.

Je m'arrêtai soudainement de réfléchir.

Cela expliquait le bateau dans lequel je m'étais réveillé. Je venais de connaître une croisière de je-ne-sais pas combien d'heure en plein milieu d'une des région les plus sauvages de la Colombie.

Cependant, il était loin de répondre à ma question. Qu'est-ce que je faisais ici ? Alors je m'impatientai et l'empêcha de parler lorsqu'il s'apprêtait à ouvrir la bouche.

« Qu'est ce que je fous dans ce putain de trou perdu ? » Demandai-je le ton cassant.

Je quittais la position allongée pour me retrouver plus confortablement assise. L'homme blond resta stoïque, comme si la question que je venais de lui poser lui était habituelle.

ColoniaWhere stories live. Discover now