Chapitre 28

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Point de vue de Lucas Shelt Stewart
Vendredi 30 octobre 2015

— Lucas, m'interpella une voix tandis que je fermais la porte de mon domicile.

L'appel me fit sursauter. Dix jours auparavant, Thomas s'était pointé chez mon père après m'avoir étranglé quelques heures plus tôt. Depuis, il avait gardé le silence. Lui et moi avions tout vécu : il était passé du héros à l'être le plus détestable au monde ; il avait obtenu mon pardon et en avait profité pour continuer son comportement malsain derrière mon dos ; et maintenant qu'il ne pouvait plus rentrer chez moi, il attendait patiemment devant. L'idée de briser une vitre ou de forcer ma porte lui était forcément passé par l'esprit, mais il ne l'avait pas fait. Voulait-il prouver qu'il était capable d'un nouveau départ, encore une fois ? Prenait-il en compte que ma patience avait des limites ? Je continuai ma route, prétextant ne pas l'avoir entendu, mais il m'emboîta le pas en m'empoignant l'épaule.

— Tu ne veux pas me parler ?

Ses mêmes deux grands yeux malsains braqués sur moi me firent détourner les miens. Il me relâcha doucement et je poursuivis mon chemin. Mon absence de réponse ne lui suffit pas. Thomas insistait, comme toujours, en reprenant la parole.

— J'ai revu Vanessa, il y a quelques jours, poursuivit-il en marchant à mes côtés. Elle ne m'adresse plus la parole, je n'arrive pas à faire en sorte qu'elle accepte de...

— Je suis déjà au courant, merci, je vis avec elle, le coupai-je en m'arrêtant dans le jardin. Et vous savez quoi ? Je m'en fiche royalement. Je vous ai donné une deuxième chance que vous avez bousillée, Thomas. C'est terminé.

— Tu arriverais presque à me faire de la peine, heureusement que je sais que tu ne penses pas ce que tu dis...

— Ça suffit.

— Peut-être que si je lui avais dit la vérité, elle aurait accepté de me parler, chercha-t-il à me faire culpabiliser en me rappelant qu'il ne lui avait aucunement fait mention de la séquestration qu'il avait subie. J'ai voulu être gentil et regarde ce que ça m'a apporté.

— Non, vous n'avez pas fait ça pour être gentil, vous y trouvez forcément votre compte. Ensuite, ce n'est pas la peine de m'expliquer le sous-entendu de votre phrase, je suis déjà au courant.

Vanessa m'avait raconté la conversation qu'elle avait eue avec son père. Elle ignorait qu'il avait été retenu prisonnier par le mien, mais pensait qu'il avait monté un plan lui-même pour s'éloigner de tout le mal qu'il avait fait parce que c'était la version que son père lui avait donnée. Il s'empressa tout de même de me résumer les grandes lignes de la conversation avec sa fille, mais je m'en moquais, je savais déjà tout. Il s'aperçut très vite qu'il parlait dans le vide. Il mit fin à son monologue pour s'arrêter sur autre chose qui le chiffonnait. Il posa sa main sur ma portière de voiture, m'incitant à l'écouter.

— Tu l'as abandonnée toi aussi, pourquoi elle te pardonne toi et pas moi ?

Il me ramenait des années en arrière en me rappelant les bêtises de mon passé.

— Vous êtes au courant que vous n'avez pas fui volontairement mais que vous y avez été contraint ? Non parce que vous avez l'air de croire à votre mensonge. Évidemment qu'elle ne vous pardonne pas, vous lui mentez et elle le sait. Elle ne connaît pas la vérité mais elle se doute que ce n'est pas celle que vous lui avez donnée. Si on rajoute à cela le fait que vous m'avez étranglé...

— Elle m'en a parlé et je me suis excusé ; elle n'a rien voulu savoir, m'assura-t-il, dépité.

— Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse ? Je suis triste pour elle, c'est navrant d'avoir un père comme vous. Si vous ne comptez pas me dire pourquoi vous n'avouez rien à personne à propos de cette démission forcée et de votre séquestration, notre conversation s'arrête là.

Oh My Worst Nightmare ☆ TOME 2 : L'homme aux deux visagesDonde viven las historias. Descúbrelo ahora