Chapitre 17

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Point de vue de Jayden Fields
Domicile de Thomas Omos
12 Octobre – soir

— Je n'ai pas peur de mourir, vous savez. Ou peut-être que si, mais uniquement par peur de ne plus pouvoir aider les autres.

J'avais prononcé cette crainte d'un ton détaché, malgré mon absence de liberté, privé de mouvement dans le sous-sol glauque de mon supérieur. Il ne m'aimait pas beaucoup, certes, mais je n'avais jamais imaginé, qu'un jour, je finirais mes jours allongé sur une table d'opération, retenu de part et d'autre par des sangles. Mon cou gardait les marques de cette strangulation ratée plus tôt dans la soirée. Qu'allait-il faire de moi ? Il avait brusquement arrêté de faire les cents pas dans la pièce pour se poser devant la porte, à l'autre extrémité du sous-sol. Sa voix résonna dans toute la surface de cet endroit sinistre, à peine éclairé.

— Te rappelles-tu avoir pris le dessus sur moi dans mon bureau, Fields ? Tu m'as salement frappé, heureusement que j'ai pu te calmer avec mon taser. Tu n'as pas trop aimé ça, mais bon, il faut se défendre comme on peut. Si tu étais plus docile, rien de tout cela ne serait arrivé.

Parler tout seul n'amena chez lui aucune gêne. C'était même inné. Mon chef se faisait les questions-réponses, une sorte de représentation théâtre privée avec lui seul comme acteur.

— Tu sais Fields, reprit-il en s'approchant de moi, je t'appréciais. Tu faisais bien ton boulot, mais il a fallu que tu te mêles de ce qui ne te regarde pas. Tu vois le résultat. Crois-tu que tu sortiras un jour d'ici ?

— Vous ne pourrez pas me garder éternellement chez vous. Mes proches vont s'inquiéter pour moi.

— À ce propos, j'ai envoyé un message à Lucas avec ton téléphone. Il sait que tu as été renvoyé parce que TU lui as dit, m'informa-t-il, très fier de son plan. Tu lui as aussi dit que tu partais en vacances. Ça me laisse un peu de temps pour réfléchir à la meilleure des façons de me débarrasser de toi. Et regarde-moi quand je te parle !

J'observai le même problème chez lui. Il était dans l'incapacité de gérer sa colère. Mon regard fixé sur le plafond dévia sur sa personne, forcé par mon chef. Il m'observa un temps avant de me frapper au visage, en réponse à ce rire nerveux qui m'avait échappé.

— C'est si lâche de frapper quelqu'un qui ne peut pas se défendre. Je vous défie de me détacher et de recommencer, scandai-je en le fixant.

— Tais-toi, Fields.

Il s'éloigna doucement et attrapa mon téléphone portable pour entreprendre sa fouille.

— Je vous interdis de jouer avec mes affaires, entendez-le bien.

— Ce n'est pas comme si tu pouvais m'en empêcher, souligna-t-il fièrement en continuant de pianoter sur le clavier. Naviguer dans ton téléphone m'amuse beaucoup.

Il prit un malin plaisir à se laisser choir dans le fauteuil, celui situé dans mon angle mort. Les commentaires qu'il ajoutait à haute voix aux derniers SMS reçus me mettaient hors de moi. Mais peut-être un peu moins que ceux qu'il envoyait aux destinataires de ma part.

— Si tu veux rompre avec Chloe, il faut simplement le lui dire. Je l'ai fait pour toi !

— Vous avez fait quoi ? QUI vous a dit que je voulais rompre ?

— Tes messages en disent trop ; vous ne vous aimez plus, ça se voit. Je t'ai rendu service. Bon par contre, Jayden, ce n'est pas très cool de larguer ta copine par SMS, voyons. Elle risque de te prendre pour un pauvre type. Oh, suis-je bête, elle te trouvait déjà naze. Je t'évite une conversation gênante en face d'elle.

Oh My Worst Nightmare ☆ TOME 2 : L'homme aux deux visagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant