Chapitre 26

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Paris, France
Point de vue de Jayden Fields
Université de Paris
20 octobre 2015, 17h00

— Alors comment étaient mes cours ? Je mourais d'envie de te poser la question bien avant mais il y avait toujours des étudiants qui traînaient dans les couloirs ou dans les amphis... Je ne voudrais pas qu'ils entendent que je ne suis pas sûre de moi, je vais me faire taquiner le reste de l'année après, supposa-t-elle d'un air faussement enjoué.

Tout en attendant ma réponse, Élise débarrassa le bureau de ses affaires et effaça le tableau.

— Passionnant ! répondis-je sur un ton qui se voulait convaincant.

— Pas la peine de mentir, monsieur le policier ! lança-elle en me tapant gentiment. J'ai vu que tu t'étais ennuyé... Dis-moi la vérité, s'il te plaît, j'ai besoin d'un avis constructif. Peut-être que mes étudiants en ont marre eux aussi, et dans ce cas, je devrais changer ma manière d'enseigner...

— Non pas du tout, c'était très bien, la rassurai-je. Le truc, c'est que la littérature n'est pas mon passe-temps favori. Surtout la poésie en fait.

— Alors tu en as subi pendant deux heures juste pour me faire plaisir ? demanda-t-elle surprise. Jayden, ce n'est pas grave, il fallait partir.

— Je n'allais pas m'enfuir devant tes étudiants, il faut leur donner le bon exemple ! J'ai quand même écouté. Puis les deux autres heures m'ont sauvé, celles pendant lesquelles tu parlais de la littérature en général. J'ai trouvé ça très instructif. J'ai d'ailleurs été attentif tout du long, lui signalai-je en prenant mon comportement comme un exploit. Bon, en fait, si tu veux savoir, j'ai mis le temps réservé à la poésie à profit en faisant de la pratique, m'amusai-je en la regardant ne pas savoir où je voulais en venir. J'ai écrit un poème, annonçai-je fier de moi en lui tendant une feuille qu'elle attrapa immédiatement.

— Quoi ? s'étonna-t-elle. Tu viens de me dire que tu n'aimais pas la poésie, pourquoi...

Je la coupai en pleine phrase pour lui demander de le lire. Elle était encore plus jolie quand elle se trouvait en situation d'incompréhension. Certes, je n'étais pas un fan de poésie mais j'étais prêt à faire des efforts pour elle. J'avais suivi ses cours tout au long de la journée ; je m'étais intéressé à certains auteurs dont je ne connaissais même pas le nom la veille. Je pouvais citer un tas de poètes et, pour chacun d'entre eux, donner son siècle, ses œuvres les plus connues et les grandes lignes de sa vie. J'apprenais très vite. J'étais capable d'écrire des poèmes pour lui faire plaisir même si je n'aimais pas vraiment ça. Je pouvais tout faire avec une source d'inspiration comme Élise.

...Mais la vraie beauté se trouve en cette femme, nommée Élise, acheva-t-elle sa lecture. Jayden, c'est magnifique, annonça-t-elle en levant les yeux de la feuille. Je n'ai jamais fait l'objet d'un texte avant... aujourd'hui !

— Je suis ravi qu'il te plaise, je te l'offre ainsi que ce dessin, poursuivis-je en posant le portrait que j'avais fait d'elle sur le bureau de l'amphithéâtre. Je n'avais pas eu l'occasion de le terminer.

Élise rangea la feuille dans son sac, s'empara du dessin puis sourit en voyant que c'était le portrait qui avait l'objet de notre rencontre. Elle le détailla et m'informa que c'était la première fois qu'on lui offrait quelque chose d'aussi beau. Elle me complimenta une nouvelle fois sur mes talents artistiques, aussi bien le dessin que la poésie. Recevoir autant de compliments était loin d'être désagréable, j'allais même finir par m'y habituer. Elle ajouta qu'elle afficherait ce portrait dans sa chambre, de façon à pouvoir penser à moi en le regardant avant de dormir.

— Non, mieux, ce dont j'ai besoin, c'est d'un portrait de nous deux pour mieux penser à toi lorsque tes vacances seront terminées et que tu devras alors rentrer chez toi...

Oh My Worst Nightmare ☆ TOME 2 : L'homme aux deux visagesWhere stories live. Discover now