Oh My Worst Nightmare ☆ TOME 2 : L'homme aux deux visages

Chapitre 21

Point de vue de Lucas Shelt Stewart
14 octobre 2015 – matinée
Los Angeles community hospital

La veille, Jay m'avait fait une révélation qui m'avait mis hors de moi ; à tel point que j'avais quitté l'hôpital sans poursuivre la discussion qui n'avait même pas eu le temps d'être entamée. J'étais revenu ce matin après une nuit passée à ruminer au commissariat, au contact de Paul qui avait nié sa présence au domicile de Thomas.

Jay maintenait le même calme que lors de son annonce. Depuis, il avait achevé son œuvre. Les coups de crayon posés sur la feuille reflétaient parfaitement le visage de mon frère – ce même visage que je n'avais pas vu tout au long de mon enfance et que je peinais à voir encore aujourd'hui. Je ne parlais que très rarement de Paul à Jay alors qu'il en entendait des montagnes sur Destiny ; si cela n'était pas le reflet de la réalité... Je pouvais compter sur une seule main les fois où Paul et moi nous étions vus ou parlés. C'était décevant alors même qu'il m'avait donné l'impression d'avoir envie d'entrer dans ma vie. Jay ne l'avait vu qu'en photo mais il s'en était souvenu.

— Il nie, m'exaspérai-je en marchant dans la chambre pour évacuer ma nervosité. Il a répété toute la nuit à George Royce qu'il n'avait pas mis les pieds chez Thomas. Le procureur lui a même fait croire que le coup avait été fatal et que tu étais mort, dis-je avant de marquer une pause. Je ne veux pas que tu te fâches, Jay, mais je me disais que, peut-être, tu avais confondu ou mal vu ? C'est vrai quand on y pense, tu ne l'as vu qu'une seule fois et en photo, des hommes qui ressemblent à mon frère, cela doit exister.

— Probablement.

— Probablement ? repris-je en me demandant sur quelle partie de ma tirade il rejoignait mon point de vue.

— Oui, je veux dire, on a tous des sosies. C'est possible que des types lui soient similaires mais je suis certain de ce que je dis. Je suis désolé, Lucas, mais je continue d'affirmer qu'il s'agissait bien de Paul.

— Je te crois, je te crois.

Je m'arrêtai pour rejoindre la chaise tout près du lit. Marcher me donnait le tournis et embrouillait mon cerveau plus qu'autre chose. Jay contractait la mâchoire en silence et baissait le regard, un peu déçu que je l'accuse involontairement de mentir.

— Tu sais, Jay, je suis là pour toi. Quand tu voudras me parler de tes problèmes, je serai prêt à t'écouter.

— Comment ça ? releva-t-il les yeux vers moi. Pourquoi tu voudrais que je te parle de moi ?

— Parce que tu es mon ami et que tes soucis sont un peu les miens de ce principe.

— Je ne comprends pas, tu veux quoi en échange ?

Sa question me laissa sans voix. Que lui était-il arrivé pour ne plus croire en l'acte bienveillant et désintéressé d'un ami ?

— Eh bien, rien. Je... Je ne comprends pas ta question, Jayden.

— Rien, ne t'inquiète pas, secoua-t-il la tête. Je suis fatigué, je crois, mais je me reposerai plus tard, déclara-il en sautant du lit. Je dois interroger Paul moi-même.

— Attends, le retins-je, et si tu me disais ce que tu faisais chez Thomas ?

Il eut un moment de recul, se demandant à nouveau pourquoi je m'intéressais à sa vie.

— Parce que notre cinglé de chef n'a pas supporté que je veuille m'adresser à George Royce. Il ne veut pas que le procureur sache ce que j'ai découvert dans son bureau.

— Ce que tu y as découvert ? demandai-je en fronçant les sourcils.

— Des tas de choses sur toi, Lucas. Des photos, des papiers. Il n'a rien arrêté ; c'est même pire. J'y ai vu des photos volées très récentes comme s'il passait son temps à t'espionner. C'est écœurant.