Chapitre 27

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Point de vue de Lucas Shelt Stewart
Domicile de Katherine Stewart et Vincent Shelt
20 octobre 2015, 13h

Après le départ de Thomas, mon père s'empressa de me dire qu'il pouvait tout expliquer. Il n'ajouta rien d'autre, s'attendant à une réaction colérique de ma part, mais je ne fis rien. Il aurait voulu m'entendre lui déblatérer n'importe quelle chose plutôt que de me voir garder le silence. J'étais tout simplement incapable de dire quoi que ce soit ou de faire le moindre geste. Il se rapprocha de moi et ce qu'il vit sur mon visage lui fit peur – un mélange d'incompréhension et de tristesse s'y était installé.

— Lucas, tu as le droit de m'en vouloir et de ne pas comprendre pourquoi j'ai agi ainsi mais, par pitié, dis quelque chose, n'importe quoi, je m'en contenterai ! insista-t-il en me secouant légèrement pour m'aider à reprendre contact avec la réalité.

— Tu m'as menti, répondis-je au bout d'un certain temps.

— Non, pas vraiment finalement, se défendit-il. Il avait bien disparu, certes, par ma faute. Moi je savais où il était mais pour vous tous, il avait disparu. Et puis je comptais le laisser mourir alors ça ne servait à rien que je te prévienne, tu vois ? chercha-t-il à se convaincre. Je n'aurais jamais eu ton accord en plus.

— Est-ce que tu t'entends ?! répondis-je, déconcerté.

Il ne répondit rien, perturbé par son bipeur qui s'était mis à sonner plusieurs fois de suite. Il tenta ensuite de se défendre de différentes manières jusqu'à se rendre compte que ses raisons m'amenaient à penser qu'il n'était plus lui-même. Il ne se découragea pas pour autant et trouva de nouveaux arguments pour justifier ses actes et fut interrompu par des « Éteins-moi ça ! » de ma part concernant son bipeur. Mais il ne pouvait pas faire ça et m'informa qu'il devait se rendre immédiatement à l'hôpital. Il me mit dehors en me demandant de faire attention. Thomas Omos n'était jamais prévisible, même après tout ce temps. Mon père monta dans son 4x4 pour se rendre à l'hôpital qui était près de son domicile.

Les nombreux appels du procureur, George Royce, n'étaient pas sans me rappeler que je devais moi aussi aller travailler. Et je n'étais pas en avance. Mais j'avais mes raisons, on avait tenté de me tuer le matin même alors me rendre au commissariat m'était sorti de la tête. Peu importait, ce n'était pas ma première préoccupation ; j'étais déjà très en retard alors un peu plus n'allait rien changer. Il fallait que je mette des barrières à Thomas et j'allais le faire immédiatement en changeant les serrures de mon domicile et les mots de passe pour lui freiner l'accès à mon ordinateur et à mon téléphone portable. J'attrapai mon écharpe. Trois heures après la conversation avec mon père, je me rendis au commissariat. Au total, j'arrivais avec cinq heures de retard sur mon lieu de travail. L'idée d'aller m'installer à mon bureau sans passer voir le procureur me traversa l'esprit. Je n'étais pas contre l'idée d'éviter de me faire réprimander. Mais il me fallait ses directives pour travailler... Je n'avais pas d'autre choix que d'aller le voir. Par chance ou malchance peut-être, il se trouvait dans le bureau de Thomas. Il n'était pas content. J'allais passer un mauvais quart d'heure.

— Alors non seulement vous vous pointez avec cinq heures de retard ET en plus, vous vous permettez d'entrer dans mon bureau sans frapper, entama-t-il, mécontent.

— Je sais et je tiens à...

— Je ne sais pas comment ça se passait tous les jours sous l'autorité de Thomas Omos mais les vacances sont terminées, Lucas, me coupa-t-il. J'espère que vous avez une bonne excuse à me fournir parce que je vous ai appelé une dizaine de fois et à aucun moment, je n'ai eu de réponse de votre part, haussa-t-il le ton.

Comment lui expliquer qu'on avait voulu m'étrangler alors que je dormais ? Et mieux, comment lui dire que le responsable de cet acte était un homme porté disparu ? Qu'il me traquait ? Et que, par conséquent, j'avais dû, avant de me rendre ici, prendre mes précautions en faisant, entre autres, changer les serrures de mon domicile. Je n'avais pas envie que le problème Thomas retombe sur mon père. Je ne pouvais pas donner la vraie raison de mon retard et n'avais donc aucune excuse à présenter. Pourtant, en débarquant dans son bureau quelques minutes plus tôt, je pensais avoir une raison en or.

Oh My Worst Nightmare ☆ TOME 2 : L'homme aux deux visagesWhere stories live. Discover now