Chapitre 39

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Garder les yeux ouverts. Je devais...je devais faire quoi ? Ah oui ! Je devais garder les yeux ouverts ! Parce que si je les fermais je n'étais pas sûr de pouvoir les rouvrir un jour.

Seth était partit il y a plus de dix minutes et durant ce laps de temps je m'étais vidé de la moitié de mon sang. Le sérum d'argent qu'il m'avait injecté m'avait beaucoup affaibli, je le sentais parcourir mes veines et m'ôter toute chance de pouvoir guérir. La seringue, abandonnée là par Seth, me narguait de son aiguille et semblait dire « je t'ai bien eue, imbécile ! ».

Muter m'était impossible, l'argent m'en empêchait. Seth avait vraiment tout prévu. C'était étrange de se dire que tout le sang qui s'écoulait en une flaque autour de moi m'appartenait. Il y en avait tellement...

Je tirais sur les menottes. Rien n'y faisait, ça ne m'éraflait qu'encore plus les poignets. Le sang séché de mon avant-bras me démangeait et je commençais à avoir vraiment froid. Les courants d'airs frappaient ma peau nue alors même que je transpirais. Qu'étaient devenus les autres ? Etaient-ils toujours en vie ? Edwin avait-il fini par comprendre le piège tendu et réussi à sauver sa meute avant l'inévitable ? Welgan avait-il repérer les loups depuis les airs ? J'espérais que oui.

Dehors, j'entendis une voiture se garer sur le gravier. Voilà le retour du traître. La minute d'après Seth se présenta avec, à ses côtés, un homme inconnu. Il me perturba immédiatement. C'était un grand brun, bâti mais fin. Pour les humains, il devait avoir la trentaine bien tassée alors que pour les loups il devait détenir plus de trois siècles. Et c'était un Alpha. Lui et Seth ne me jetèrent pas un regard et se dirigèrent vers Jill. Je me tendis aussitôt et tirais sur mes menottes. Que lui voulaient-ils ?

— C'est elle, murmura l'homme d'une voix profonde.

Il tendit la main vers le museau de Jill mais alors que je m'attendais à ce qu'elle le morde, elle le renifla et fini par lui lécher tendrement la main.

C'était quoi ce délire ?

— Ma petite louve...

Il lui caressa doucement la tête.

— Laissez-là, grondais-je.

L'homme se retourna vers moi et grimaça.

— Je t'en prie, Seth, couvre son corps ! Toutes ses cicatrices sont écœurantes ! s'écria-t-il d'un geste de la main.

— Désolé, Jeremy.

Seth s'approcha de moi tout en retirant sa veste de ses épaules. Il me détacha les mains pour m'enfiler le vêtement et remonta le zip jusqu'en haut de ma gorge. Bon chien à son maître. J'aurais pu en profiter pour le mordre ou l'attaquer mais je redoutais ce que l'autre loup aurait fait à Jill. Je ne me débattis pas quand il me rattacha les mains. Son odeur était imprégnée dans sa veste et je la sentis se fondre à la mienne. Ecoeurant. L'homme qui s'avérait être l'Alpha Jeremy, se mit à l'inspecter Jill comme l'aurait fait un jockey sur son cheval.

— Ne la touchez pas, grognais-je.

Il claqua la langue.

— C'est ma louve, j'en dispose comme je le souhaite.

— Votre louve ? Elle ne vous appartient pas.

Il haussa les sourcils et s'approcha de moi pour se pencher vers mon visage. Son nez était déformé comme s'il avait été cassé plusieurs fois ou même arraché. Ça me rappelait quelque chose.

— Bien sûr qu'elle m'appartient. J'ai fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui (sa voix s'adoucit) une pure merveille de cruauté. Un concentré de mal et d'innocence à la fois. Sublime.

Les Loups de Portland { TERMINER }Where stories live. Discover now