Chapitre 35

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Je repris lentement une respiration normal et m'avançais vers la forêt pour me soustraire au regard d'Edwin que je sentais dans mon dos. J'effleurais du bout des doigts l'écorce humide de fraîcheur et m'en imprégnais. J'avais envie de me gratter contre l'arbre et de courir pour simplement me défouler. Je me passais une main sur le visage. Pas encore, je devais tenir quelque heures de plus. Je fis craquer mon cou pour faire passer le tiraillement dont il était victime depuis qu'Edwin avait entamé son premier cri. Pendant toute cette dispute mon loup avait voulu l'attaquer pour s'en être pris à moi avec une telle violence. Je secouais la tête et continuais mon chemin. Je fis tranquillement le tour du domaine, essayant d'oublier où je me trouvais. J'avançais comme un zombie, ne sachant pas vraiment où j'allais. Le comportement d'Edwin m'avait beaucoup chamboulée, j'ai eu l'impression qu'il allait se mettre à me chasser comme un gibier d'un moment à l'autre. Il m'avait, pendant un instant, fait peur. Par orgueil, ma colère s'était mêlée à la sienne plus que je ne m'y attendais. Et ses aveux...

J'inspirais une longue bouffée d'air pour me calmer. Je repérais un tronc étalé entre les arbres. Je m'accroupis et m'y adossais, trouvant un peu de calme dans le bruissement des feuilles. Je ne me rendis compte que j'avais passé plusieurs heures au même endroit seulement quand le soleil réchauffa agréablement ma peau exposée. Quand je rentrais au domaine, le soleil se couchait déjà. J'avançais dans l'allée mais m'arrêtais quand l'air devint plus lourd et étouffant. Un frisson me parcouru la peau, une menace n'était pas loin. Je me retournais vivement et croisais les yeux ternes du meneur.

— Meneur, apparaissez-vous souvent à ceux qui s'y attendent le moins ?

— Seulement à ceux qui ne font pas assez attention à leurs arrières.

Rassurant, très rassurant même.

— Tu apprécies mon domaine, Maïlyn ?

— C'est un bel endroit, je vous l'accorde.

Il hocha la tête.

— N'est-ce pas ? Je crois que c'est l'endroit dont je suis le plus fier depuis que je suis venu au monde. Tu dois savoir de quoi je parle bien sûr, toi qui as fais un voyage à travers mes souvenirs.

— Vous pouvez en être fier, lui dis-je sans vraiment répondre à ce qu'il disait.

— C'est vraiment intéressant de pouvoir rencontrer une louve hybride, insista-t-il.

Je souris poliment. Il me sourit en retour en plissant les yeux.

— Maïlyn, m'accompagnerais-tu dans la cave du manoir, je te prie ?

— Pourquoi ?

Le meneur esquissa un rictus très désagréable à regarder sur son visage.

— Suis-moi, louve. Je vais te montrer quelque chose.

Son ton était devenu dominant. Son vrai visage se montrait enfin à moi alors qu'il essayait depuis le début de nous le cacher en se montrant presque courtois. C'était sûrement grâce à ça qu'il réussissait à soumettre ses loups qui lui donnaient du fil à retordre. Je ne sais pas ce qu'il attendait pour me tuer dans la minute.

J'emboitais le pas à Jared alors qu'il s'avançait vers la maison. Etrangement, on ne croisa personne alors qu'il m'emmenait vers la cuisine. Il y ouvrit une porte que je n'avais pas vue hier quand j'étais avec Lisa. Un froid glacial s'engouffra dans la pièce. La porte débouchait en fait sur des escaliers qui menaient au sous-sol. Jared se tourna vers moi.

— Tu me suis ? Je voudrais juste allé chercher une bouteille de vin.

Comme si le manoir n'était pas assez grand, il y existait aussi une immense cave au sous-sol. On y trouvait un étalage de grand alcool maintenu au frais par le froid constant mais aussi plusieurs caisses contenant des restes de viande.

Les Loups de Portland { TERMINER }Where stories live. Discover now