Chapitre 34

298 22 0
                                    

Je me traîne jusqu'à cette masse visqueuse et retire le médaillon du moignon d'os en tirant dessus. Je suffoque, mes larmes me brouillent la vue, je devine plus que je ne perçois les choses autour de moi. Ils sont derrière moi et me regardent faire comme si j'étais une bête de foire. Deux d'entre eux s'approchent. Je me recule, dos au mur, la panique me prend à la gorge. L'un renifle mon épaule ensanglantée et la lèche.

Non...

Je repousse le loup mais peine perdu. Il est trop lourd pour moi. Je sens sa fourrure sous ma main et le caresse puisque c'est la seule chose que je peux faire.

Je sens ses poils crasseux sous ma main... Ce n'est qu'un mauvais rêve mais il est si réel...Non. Je ne peux pas sentir sa fourrure puisque c'est un rêve. Ça voudrait dire que ce n'est pas un rêve...Non...Non !

J'ouvris les yeux dans un sursaut et m'emparais de mon arme, prête à tirer sur le loup qui s'était introduit dans mon lit.

— Bordel de..., soufflais-je la respiration saccadée. Sally, tu m'as terriblement fait peur.

Je reposais lentement mon arme, encore dans les vapes. Le loup ouvrit les yeux et m'évalua de son regard de glace. Les poils sombres de sa fourrure se terminaient par de petites boucles semblables à celles de Sally sous sa forme humaine. Le loup jappa plusieurs fois comme s'il voulait parler et s'étonna quand il entendit ses propres couinements. Il se releva sur le lit et s'ébroua avant d'entamer une rapide transformation. Ses poils s'incrustèrent dans la chair tandis que sa peau le recouvrait entièrement. Sa mâchoire se contracta, son corps s'allongea et quelques secondes plus tard, Sally apparut devant moi. Je lui refilais toutes les couvertures pour qu'elle puisse me cacher son corps derrière elles.

— Je suis désolé, Maïlyn, s'excusa-t-elle paniquée, ses cheveux bouclés en bataille. Je t'ai fait peur ?

— Disons que sur le coup j'ai eu peur mais maintenant c'est passé. Comment es-tu rentrée ? J'avais pourtant fermé à clé.

— Lisa m'as donné un double. Vraiment Maïlyn, je suis désolé. Il m'arrive de muter pendant mon sommeil quand je suis stressé.

Elle termina sa phrase dans un marmonnement. Je pouvais comprendre qu'elle soit stressée, son compagnon était à des kilomètres et elle devait supporter le pouvoir du meneur en plus de la lune.

— Même hier, quand les loups se sont agités dans la salle, j'avais envie de tous les poursuivre en chasse, mon loup a voulut prendre part à l'action. J'ai vraiment cru qu'il allait prendre mon contrôle...

Elle serra les couvertures contre elle comme si elle avait soudainement froid. Ce n'était vraiment pas bon, il ne fallait pas qu'elle fasse le moindre pas de travers ou ce serait le meneur qui lui tomberait dessus.

— Tu vas y arriver, Sally. Ne lâche pas tout maintenant.

Elle hocha la tête même si elle ne semblait pas tout à fait convaincue.

— Fais juste gaffe et ne pas me bouffer pendant ton sommeil, rajoutais-je avec un sourire.

— Je ne pensais pas que ça allait arriver puisque je suis allé courir avec le reste de la meute cette nuit.

— C'est une question de stress, c'est toi-même qui me l'a dit.

— Hmm oui...

Je bondis du lit et me mis à marcher de long en large.

— Ce n'est pas tout mais il serait peut-être tant que tu t'habilles, non ? lui proposais-je.

Elle regarda les couvertures entre ses mains et hocha la tête.

Les Loups de Portland { TERMINER }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant