Chapitre 4

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Ils sont tous autour de moi, ils jouent avec moi comme une proie. Comme des enfants jouant avec leur prochain repas.

Je lance tout ce qui se trouve sous ma main. Des cailloux, des bâtons, ils ne cherchent même pas à les esquiver. Ils soufflent bruyamment, non, ils...quoi ? Ils rient ?

Leurs yeux sont aussi luisants que leurs dents d'où s'écoulent de la bave. Ils sont affamés. Je ne vois pas la couleur de leurs fourrures, tous rendus argentés par les rayons de la pleine lune.

J'aperçois quelque chose qui attire mon attention. On dirait un mannequin qui aurait été enduis de peinture rouge... Je remarque alors un petit médaillon à ses côtés qui ressemble vaguement à celui de... Oh mon Dieu ! C'est...mon...mon père !

Je pleure de désespoir. Je sais que je vais mourir, ça ne sert à rien d'espérer. Je me traîne vers ce qui reste de mon père et attrape son médaillon.

Voilà, je pouvais mourir en paix.

Soudain le loup qui se trouvait à proximité attaque le premier, visant mon abdomen. Du sang jaillit aussitôt par flots.

Je hurle...

Je me réveillais en sursaut, essoufflée, comme si je venais de courir un marathon.

Mes cauchemars recommençaient.

Je pris un moment avant de me calmer.

Je me levais finalement et partis rapidement en direction de la douche.

Sous le jet d'eau chaude je me passais tranquillement le savon sur tout le corps en évitant soigneusement le bas de mon ventre.

Après cinq ans, cette attaque m'avait tout de même laissé quelques marques. Qu'elles soient physiques ou même psychologiques. Quand je vis le reflet de mon corps sur le miroir, je ne pus m'empêcher de détourner le regard.

Plusieurs cicatrices roses, irrégulières, ornaient le côté gauche de mon ventre. On pourrait presque croire qu'il s'agissait de vergetures du à une grossesse mais lorsque qu'on regardait de plus près on discernait la trace d'une mâchoire animale. La peau entre chaque marque était flétrie et retombait comme si cette partie de mon corps était morte ce jour-là avec mon père. Une série de cicatrices, plus petites, mais plus profondes sillonnaient ma cuisse. Ces marques détonnaient sur ma peau si blanche et me dégoûtaient chaque fois que je les voyais.

Je les effleurais du bout des doigts, sentant leurs boursouflures. Les loups garous ont une capacité de guérison beaucoup plus rapide que les humains, ça n'empêchait pas d'avoir quelques séquelles lorsque la blessure était grave, comme ces cicatrices. En réalité, il fallait même oublier cette légende urbaine qui disait que chaque blessure infligé à un loup-garou disparaissait aussitôt. Une plaie bénigne pouvait disparaître en un instant oui, mais lorsque la plaie entaillait profondément un muscle, la marque restait. Comme pour tout le monde. Seuls les vampires pouvaient guérir en quelques secondes et n'en porter aucune séquelles. On disait qu'ils faisaient "peau neuve" lorsqu'ils étaient transformés car alors aucune anomalie de leur corps vivant ne subsistait. Personnellement, je pensais que c'était dû au fait qu'ils étaient déjà morts et que mère nature a décidé qu'il ne servait à rien de les marquer en plus de ça. Quitte à me faire transformer, j'aurais préféré que ce soit en vampire, au moins pour éviter ces putains de cicatrices.

Mes poings se serrèrent sous ma colère naissante.

Je n'avais rien fait pour mériter ça. NOUS n'avions rien fait, mon père et moi pour mériter ça !

Les Loups de Portland { TERMINER }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant