Chapitre 19

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Je sortais du travail quand je repensais aux paroles de Sanaret. Je frissonnais aussitôt sous ma veste. Pourtant, il ne faisait pas froid. En cette saison, le soleil se couchait beaucoup plus tôt et même si il faisait déjà nuit quand je sortais, il faisait relativement bon. Je traversai la route, en direction de ma voiture.

Oui, si je frissonnais c'est parce que les paroles de Sanaret m'avaient effrayée. Il n'était pas censé savoir que mon sang pouvait être mêlé à celui d'un Ange. Personne à part la meute ne le savait. Il le sentait m'avait-il dit. Est-ce qu'il le sentait comme je pouvais sentir la magie qui s'échappait de lui ? Ou alors le sentait-il comme l'odeur propre à une personne ? Car c'était deux choses bien distinctes. Lorsque le pouvoir d'un être nous parvient, on le ressent comme une force s'échappant de cette personne, comme avec les Faes par exemple. Les humains appellent ça plus couramment l'aura. Pourtant, lorsque l'on sent littéralement le pouvoir d'un être, c'est que ce pouvoir est ancré en lui, il fait partie de lui. On ressent ce genre de pouvoir chez les lycanthropes car ils sont directement liés à leurs loups. Edwin avait parlé de mécanisme de défense. Donc, quand je me sens attaquée, ce pouvoir se déclencherait ? Si c'était bien ça, Sanaret avait du le sentir quand j'ai revu les Faes des Bois pour la deuxième fois. Et si il l'avait littéralement sentie, ça n'annonçait rien de bon.

Zut, à partir du moment où je me posais ce genre de questions c'est que j'admettais qu'il y avait bien du sang angélique en moi. Non, c'était impossible...Non ?

Un groupe de jeunes s'était installé juste à côté de ma voiture. On était vendredi soir alors ça ne m'étonnait pas de sentir une légère odeur d'alcool quand je passais à côté d'eux. Rien de bien méchant, ils ne faisaient que prendre un peu de bon temps. En me voyant approcher, ils s'enfoncèrent au fond d'une ruelle en cachant quelques bouteilles sous leur veste, de peur que je ne les juge sûrement.

— Merde mec, c'est quoi ça, entendis-je alors derrière moi.

La voix du garçon était légèrement éméchée. Ah, il avait plus bu que je ne le pensais. J'allais entrer dans ma voiture, pourtant, mes sens se mirent en alerte. J'écoutais la suite de la conversation.

La voix d'un autre garçon me parvint. Sa voix était nettement plus claire. Ça devait être le Sam de l'équipe.

— Mais c'est un chien. Oh le pauvre, il doit avoir été abandonné...C'est un gros chien quand même.

Un gros chien ? En pleine ville ? Oh, oh. Rapidement je fourrais ma main dans mon sac à la recherche de mon mini GAP, je l'effleurais du bout des doigts...

— C'est un loup ! Putain, cours !

Quelques secondes plus tard, le groupe détala en hurlant de peur. Celui qui avait le plus bu trébucha sur une poubelle avant de disparaître. Je m'enfonçais à mon tour dans la ruelle arme à la main. Je savais pourquoi mes sens m'avaient mises en garde. Ma louve avait flairé un cabot. La ruelle était sombre et plutôt étroite. Deux bennes à ordure, mises l'une en face de l'autre, limitaient mes mouvements. Dès que le loup me vit approcher, il me fit voir ses canines. Son pelage était blond, presque blanc. Ses yeux chocolatés me fixèrent comme si j'étais une proie et ses oreilles étaient plaquées contre sa tête. Ce regard...Je ne savais pas quoi faire. Nous étions en pleine ville et le soleil venait à peine de se coucher. Si quelqu'un voyait le loup, le secteur entier serait alerté par les autorités. Et les Archanges l'apprendraient forcément. Je devais m'occuper de lui le plus discrètement possible. Dans le cas où je serais amené à tirer sur le loup, les coups de feux retentiraient et les passants plus curieux viendraient voir ce qu'il s'était passé. De plus, avec cette arme je n'avais le droit qu'à 6 coups. J'étais coincée. A cette pensée, je baissais légèrement mon arme et le loup se braqua aussitôt. Ses grondements résonnèrent comme le tonnerre. J'étais coincée et j'avais peur. Ce fichu loup était la réponse à toutes mes questions certes, mais il projetait sûrement de me dévorer. Je lui présentais alors mon arme, les mains en coupe pour qu'il comprenne que je n'étais pas une menace. J'évitais de croiser ses yeux pour qu'il ne s'imagine pas non plus que je cherchais à le dominer. Merde mais qu'est-ce que je faisais ? Un bond en avant et il pouvait faire de moi son encas. Il n'aurait pas même de difficulté à le faire parce que j'étais complètement à sa merci ! J'entendis plus que ne sentis ses pattes s'approcher de moi.

Les Loups de Portland { TERMINER }حيث تعيش القصص. اكتشف الآن