Chapitre 2

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L'odeur embaumait tellement l'espace que je n'avais pas remarqué la présence de la meute. L'air était assez électrique pour me prouver qu'ils étaient nombreux. Quelques meubles avaient été déplacés pour que les quinze hommes présents puissent se réunir en cercle au milieu du salon. En leur centre, un loup d'une fourrure blonde rendu rosé par le sang. Une de ses oreilles et patte manquaient, sûrement arrachés. Son abdomen était largement ouvert et laissait une espèce de corde gluante dépasser de la plaie.

Je détournais le regard.

Aux côtés du loup, un garçon gravement blessé. Sa nudité démontrait qu'il s'était transformé pour qu'on l'épargne. Vu l'état de son corps cela n'avait servi à rien. L'un des deux était mort mais je ne savais pas lequel. Même si j'avais ma petite idée.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Demandais-je, inquiète.

Ce fût l'Alpha lui-même qui me répondit. Edwin Prescott s'avança vers moi et ses yeux sombres me transpercèrent quand il me vit. Il ne s'était pas préparer à me voir si soudainement après quatre ans d'absence. Ce que je comprenais. Contrairement à moi, Edwin était né loup-garou. A la mort de son père, John, il y a quelques années, il avait pris la place de ce dernier en tant qu'Alpha. Malgré son jeune âge, il a su se faire respecter des plus vieux loups. Il avait autant d'autorité que le plus ancien des chefs de meute et inspirais le respect comme la crainte.

— Florian les a retrouvés au bout de la rue il y a une heure. L'un est mort, l'autre est inconscient. Nous t'avons appelée pour connaître les souvenirs de celui-ci quand il se réveillera, dit-il entre ses dents serrées.

 Je tins compte de deux choses. La première chose était que le loup était bel et bien mort. La deuxième, Edwin était salement en pétard de me revoir dans de telles conditions.

— Pourquoi ne pas l'avoir simplement interrogé au lieu de faire appel à moi ?

— Il est en état de choc, il peut à peine parler.

Je m'adossais contre le mur afin de n'avoir personne derrière moi et demandais :

— Vous avez des hypothèses, en attendant ?

Je m'attirais le regard assassin de certaines personnes. Je savais exactement ce qu'ils pensaient. Pourquoi a-t-on demandé mon aide ? Qu'est-ce qu'un cabot fichait ici ? Pourquoi revenais-je après tant d'années...Eh oui, quand on est un loup solitaire on nous ne porte pas forcément dans les cœurs. C'est pour cette raison que je m'étais adossé contre le mur. Et que j'avais une arme sur moi.

Florian, qui m'avait toujours appris à prendre soin de mes arrières, esquissa un sourire quand il nota ma position. Je le menaçais du regard, le défiant de faire le moindre commentaire.

— Un avertissement peut-être, répondit-il. De quoi, on ne sait pas, pour l'instant on divague c'est pour ça que nous t'avons appelé. On voudrait avoir plus de renseignements.

— Si c'est un avertissement pourquoi ne pas les avoir envoyés chez Edwin ? Ça aurait été plus explicite, pensais-je à voix haute.

Le silence fût ma seule réponse.

Pourquoi j'étais venue déjà ?

— Ne vous bousculez pas pour me répondre surtout, c'est trop.

— Qu'est-ce que tu attends pour agir au lieu de parler ? Siffla furieusement un membre de la meute.

Je parcourus du regard les loups. Bien sûr, il n'y avait que des hommes, les femmes étant exclues dans ce genre de cas. Ça tenait presque du miracle que j'ai pu entrer. Je repérais rapidement celui qui m'avait interpellé mais ne le reconnu pas. Il devait être nouveau. Il n'était pas très grand ni très large, et son visage bourru contrastait avec son cou aussi immense que celui d'un taureau. Malgré ça, il faisait tâche dans le décor, lui, ayant des airs de chien battu alors que tous ses confrères arboraient des airs fiers et arrogant.

Les Loups de Portland { TERMINER }Where stories live. Discover now